Je ne suis pas un grand fan de la formule "Big Band" qui, bien trop souvent, dilue un peu le propos des artistes et rend leur musique plus boursouflée et linéaire. Ainsi, à titre d’exemple, j’avais été très déçu par l’album Big Band d’Eddy MITCHEL qui était pourtant dans une bonne période créatrice. C’est pourquoi, j’ai accueilli la sortie de ce dixième album studio des WASHINGTON DEAD CATS avec un peu de craintes. Mais celles-ci se sont vite dissipées tant la formule utilisée ici s’avère moins pompeuse que ce que je redoutais. On retrouve bien le côté nerveux et sec des CATS, même si l’orchestration arrondit quelques angles et modifie légèrement l’identité du groupe.

Le projet est lié aux quarante ans du groupe que celui-ci a souhaité célébrer en reprenant certains des titres qu’il a enregistrés durant ces quatre dernière décennies pour les reproposer en s’accompagnant d’une troupe de treize cuivres supplémentaires. Parfois la sauce peine à prendre comme cela peut-être le cas avec le poussif "Ghost Can Talk" qui bénéficie pourtant de nombreux changements d’ambiance, de rythme et d’orchestration. Mais la plupart du temps, l’esprit festif et Rock du groupe parvient à nous entraîner dans leurs délires. C’est ainsi le cas avec "Pizza Attack" qui est porté par un groove du meilleur effet, notamment grâce à une section de cuivre très efficace. Dans un esprit plus Rockabilly, "I’m a Dead Cat", est également un bon moment, avec cette basse vrombissante et claquante que n’aurait pas renié Lee Rocker, le contrebassiste des STRAY CATS, dont l’influence est plus que palpable sur ce morceau.

Avec "Voodoo Island" se sont vers des ambiances un peu plus Ska, puis Rock, que le groupe nous convie, avant de déboucher sur un final furieux. Alors que "Monkey Brain" lorgne plus du côté d’un Bop énergique. On le voit, les WASHINGTON DEAD CATS varient les plaisirs, même s’ils restent dans un créneau musical assez pointu et étroit, le revival Punk Rockabilly.

Il reste toujours ce chant assez particulier avec cet accent anglais que l’on pourrait pudiquement qualifier de perfectible. Certains y verront une des marques de fabrique du groupe, une des particularités qui font des WASHINGTON DEAD CATS un groupe à part. D’autres considéreront qu’il y a là matière à progresser. Après quarante années de carrières, ce vœux me semble assez illusoire.

S’il est peut-être un peu moins tendu et direct qu’un album "classique" du groupe, ce Big Band n’en reste pas moins un disque bien agréable et l’apport d’une section de cuivres XXL est du meilleur effet. Cela est notamment sensible sur des titres de la trempe de "Give me the Fire" et "Monkey Brain".

Le hit ultime du groupe, "Crazy Voodoo Woman", se voit ici dynamisé par une contrebasse survoltée et par un collectif ultra remonté. Mention spéciale à Ad Mallamaire qui nous pond un joli solo qui nous fait regretter qu’il ne s’embarque pas plus souvent dans des digressions un peu psyché. Dommage que l’album ne s’achève pas sur ce feu d’artifice jouissif, plutôt que sur le plus anecdotique "Oumamamama", qui parait bien plus fade en comparaison. Mais qui il est vrai, bénéficie d’un final explosif. Cet album est un cadeau sympathique, qui évite les écueils du genre et qui nous permet de nous reconnecter avec ce groupe si atypique et passionné.