Dans le monde de la musique, on trouve un peu de tout : des disques qui ont marqué les époques ou même des albums qui ont changé le monde, et puis il y a les autres, ceux qui devraient être accompagnés d’un avertissement pour manque criant de subtilité musicale. Takin’ It Back de Meghan TRAINOR fait partie de ce ce lot en particulier. Entre chansons pour enfants, tubes pop feel-good ou musique de supermarchés, Meghan n’a toujours pas fait son choix en 2022 alors elle revient à ses premiers amours : un mix plutôt grotesque de tout cela !

Dans « Sensitive », le premier titre de l’album, Meghan ouvre les festivités a capella sur des harmonies doo-wop aux inflexions 50’s et 60’s qu’on a l’impression d’avoir déjà entendu trois cent fois. Ouais, ça commence mal, je confirme et c’est loin d’être mieux sur le single "Made You Look". La chanteuse se la pète sur un refrain aussi accrocheur que répétitif et qui semble avoir été écrit en deux minutes (I could have my Gucci on/I could wear my Louis Vuitton/But Even with nothing on/Bet I made you look), bref Meghan a vraiment du mal à changer son fusil d’épaule.

TRAINOR se tourne vers une ballade piano-guitare R&B aux influences gospel douteuses pour le single "Bad For Me" en duo avec le chanteur Teddy SIMS, peut-être la plus inspirée des chialantes de l’album, car quand on se penche sur "Remind Me", "Superwoman" et "Rainbow", on est pas mieux servi malgré le fait que cette dernière prenne une direction plus rythmée de fil en aiguille.

Au cœur de la musique de Meghan se trouve toujours le thème de l’acceptation de soi et de son propre corps comme dans le morceau "Don’t I Make It Look Easy" (You think I live that lavis life, happy life/But you don’t know I’m up all night/Worry about my body type) sur lequel elle reste dans sa zone de confort doo-wop où la basse et la batterie nous servent une version réchauffée de son hit "All About That Bass".

Je ne remets pas en cause l’importance de ce genre de message bien sûr mais quand on s’adonne à des tentatives d’empowerment en boucle, à en faire rougir Narcisse lui-même, ça va cinq minutes. Dans le genre lourdingue, Meghan sait faire, alors on se coltine douloureusement des titres comme "Drama Queen" et "Shook" (Don’t be basic ‘cause I don’t wanna fake it/Get down on your knees and worship me like a goddess) où même la trompette a l’air de s’ennuyer autant que nous…

Qu’on écoute des chansons comme "While You’re Young" avec sa guitare ensoleillée ou la pop ambiance disco de "Dance About It", TRAINOR est encore et toujours obsédée par cette formule qui a peut-être fonctionné il y a presque une décennie mais les productions saturées d’effets grandiloquents en tout genre nous font vraiment penser à une caricature de mauvais goût.

Dans "Breezy", Meghan a troqué ses petites habitudes pour s’aventurer sur une chanson à la basse et aux percussions reggae et même si elle est encore loin de s’allumer un spliff, l’ambiance change un peu et ça c’est plutôt cool. Elle s’inspire largement du tube 50’s "Papa Loves Mambo" de de Perry COMO pour son titre "Mama Wanna Mambo" et là encore, certains y trouveront une forme de caricature d’un style latin qu’elle ne maîtrise pas, mais moi je dois avouer qu’avec un verre de rhum à la main, je pourrais presque me laisser porter.

TRAINOR essaie d’insuffler une ambiance funk sur le morceau-titre "Takin’ It Back" mais soyons sincère, l’ambiance tombe un peu à plat. L’ode au bonheur "Lucky" mise sur des arrangements pop mais les paroles quant à elles méritent une mention spéciale pour leur absence totale de profondeur… On termine sur une note plus atmosphérique avec la chanson d’amour "Final Breath", pas mémorable pour un sous et qui ne tire pas du tout profit de la voix de Meghan pourtant puissante.

Sur Takin’ It Back, peu de chansons fonctionnent et la grande majorité se reposent sur la recette des tubes commerciaux concoctés par Meghan TRAINOR, qui peine toujours à nous proposer quelque chose d’original, à tel point que cela en devient étouffant. C’est un album qui semble avoir peur d’oser, préférant régurgiter tout ce qui a un jour marché plutôt que d’innover un tant soit peu. Si vous cherchez une découverte musicale stimulante, passez votre chemin car Takin’ It Back ne fait même pas deux pas en avant et un en arrière, mais plutôt du sur place.