Connue pour son tube "All About That Bass", Meghan TRAINOR continue d’avancer ses pions sur le grand échiquier de l’industrie musicale. Treat Myself, son troisième album, a peut-être mis un peu de temps avant de voir le jour mais c’est parce que la jeune femme de 27 ans a travaillé durement pour essayer de coller aux tendances de 2020, voyons voir si le jeu en vaut la chandelle.

Dès la première chanson, la blonde nous rappelle à quel point elle peut être ambitieuse, un trait de caractère forcément apprécié dans le show-biz mais qui peut se traduire aussi bien comme un levier que comme source de sacrifice. Pour Meghan aucun doute, l’ambition est un moteur. Il faut l’entendre sur l’ouverture éthérée du single "Wave", comme une wannabe-BANKS. La voix de la chanteuse s’allie naturellement aux sons lourds des percussions syncopées dance-pop mais au final, son désir de modernité semble un peu forcé.

Malheureusement, Meghan est lancée alors ce n’est en tout cas pas sur le single "Nice To Meet Ya" qu’elle s’arrêtera. Le titre - chanté avec Nicki MINAJ - fait encore pire : mélodie surchargée d’autotune, ligne de basse mécanique, instruments synthétisés… sincèrement il n’en faut pas plus pour sombrer dans le générique et l’excès alors que TRAINOR nous avait tout de même habitués à quelques productions plus organiques.

Ce qui est le plus décevant ici, c’est cette façon dont la voix de la chanteuse a été traitée. Pourtant, Meghan a déjà prouvé ses capacités à manier les nuances vocales plutôt vibrantes, bien que peut-être surjouées. Alors sa voix se noie et se perd totalement dans des productions robotisées, même sur les ballades "After You" et "Here To Stay". Le ton est plus doux mais pas moins travaillé sur "Ashes", "Workin’ On It" ou encore sur "Babygirl", sorte de ballade aérienne soul-électro. Rarement dans la retenue, la musique de Meghan pourrait être mieux appréciée sur des chansons plus épurées mais j’ai une mauvaise nouvelle pour vous, ce n’est pas au programme.

L’influence doucement dancehall de "Lie To Me" ne réussit pas du tout à la chanteuse et il y a encore et toujours ces multiples effets de voix qui tuent toute émotion. Du côté des paroles, Meghan nous rabâche les oreilles avec des idées sympathiques mais vues et revues, comme sur le titre "Evil Twin", tout bonnement redondant. Elle tente le tout pour le tout sur le morceau "Funk" mais le rythme n’est franchement pas très entraînant et on comprend bien que Meghan a voulu apporter une énergie funky à son disque et pour le coup, c’est un vrai raté. Pour sauver ce titre, il aurait peut-être fallu revoir les instruments (même les cuivres sonnent faux) pour donner à ce beat davantage de relief.

L’atmosphère de "Blink" est plus légère mais elle est directement suivie de "Genetics", en featuring avec The PUSSYCAT DOLLS, un titre électro-pop sacrément mauvais où TRAINOR chante de manière tellement tendue que c’en est presque difficile à supporter. Cette dissonance se poursuit sur "Have You Now", une autre chanson qui fait oublier la spontanéité pétillante de la chanteuse, réduisant sa voix à une simple composante parmi tant d’autres.

Le style détaché de "Another Opinion" ne fonctionne pas non plus et si on en avait pas encore marre, là c’est le pompon. Pour couronner le tout, même le dernier single "No Excuses" montre que Meghan ne sait pas ce qu’elle veut : pop, R&B, dance, le mélange fonctionne souvent mais ici c’est un zéro pointé. Ce qui est certain, c’est que le style rétro de son premier album s’estompe rapidement à force d’expérimentations ratées.

A trop vouloir s’adapter aux tendances, Meghan sacrifie la patte musicale qui avait caractérisé ses débuts, nous prouvant que l’exercice est mal maîtrisé. Treat Myself est un album qui échoue à apporter un regard neuf ou original, et ce en tout point. On pouvait retenir quelques chansons sur les précédents albums, mais ici sincèrement, on ne garde rien. D’habitude, Meghan TRAINOR apportait une certaine fraîcheur dans ses morceaux. Son style signature doo-wop qui la démarquait un peu s’est évaporé pour laisser place à des styles auxquels la chanteuse a du mal à rendre justice. Or, dans le cas de Treat Myself, l’impression qui domine est surtout celle d’une tentative de séduction commerciale totalement impersonnelle ; celle d’un album sans éclat.