Originaire du Massachusetts, Meghan TRAINOR fait sa place dès 2015 avec son premier album, Title . Avec sa pop doo-wop, elle essaie de s’imposer comme une originale dans le paysage de la pop, celle qui va remettre au goût du jour les sonorités d’hier. Pourtant, à l’écoute de ce projet, on ne peut s’empêcher de remarquer que la jeune chanteuse a peut-être appuyé un peu trop fort sur les boutons du rétro et du kitsch, créant un ensemble qui frise presque la parodie.

En guise d’introduction, "The Best Part (Interlude)" présente l’album comme une sorte d’hommage à la musique. Pièce maîtresse de l’opus, le single "All About That Bass" nous plonge dans un Hairspray revisité mais pas vraiment réinventé. Un message positif d’empowerment aussi louable soit-il, mais enveloppé dans une production doo-wop pop affreusement collante et répétitive qu’il en perd toute sa gravité. Alors bien sûr, TRAINOR n’est pas obligée de faire pleurer dans les chaumières pour transmettre son propos cependant, "All About That Bass" semble plutôt avoir été conçu pour implanter l’idée dans nos têtes comme on enseigne l’alphabet à des enfants en maternelle.

Dans le même délire, "Lips Are Movin" et son rythme rapide voit Meghan s’essayer au rap avec des paroles creuses qui pourraient être tirées d’un guide de rimes pour débutants. Et puis que dire du single "Dear Future Husband" ? Même si elle joue avec les stéréotypes, la chanson pourrait sortir tout droit d’un manuel des années 50 sur comment être une bonne épouse ( Cause if you’ll treat me right, I’ll be the perfect wife ). Elle joue le second degré mais n’assume jamais vraiment l’ironie d’être attachée à des idéaux amoureux qui ont mal vieilli. Bof, bof…

Pour couronner le tout, trois ballades bien chiantes : "What If I" avec son ensemble de cordes romantico-rococo, le single "Like I’m Gonna Lose You" en duo avec John LEGEND ou encore "Close Your Eyes" sur laquelle la chanteuse de 22 ans tente de montrer l’étendue de sa sagesse alors qu’elle enfonce des portes ouvertes ( Everybody’s born to be different/That’s the one thing that makes us the same ).

La formule de TRAINOR est simple, qu’elle soit dans son univers doo-wop ou sur la production R&B vaguement plus aérienne de "3am", on retrouve toujours des mélodies catchy à outrance, des arrangements lourdingues et nostalgiques tout en surjouant la carte de la pseudo-légèreté. Meghan est pleine de bonne volonté mais elle tombe trop souvent dans la caricature en voulant à tout prix devenir la reine de la pop sucrée, comme sur les instrus de "Title" et de "Walkashame" qui semblent avoir été empruntées aussi bien aux années 50 et 60 qu’à la cour de récréation.

Heureusement pour Meghan, je reste toujours aussi bon public face à une ambiance extravagante de marching band, alors "Bang Dem Sticks" fonctionne assez bien sur moi grâce à ses percussions et ses cuivres prononcées même si TRAINOR se livre dans un rap plein de sous-entendus grivois ( I got a thing for drummer/How the beat shakes up my heart/I got a thing for drummers/So baby, show off all dem tricks and bang dem sticks ), moyennement convaincant.

Malgré ça et à la manière d’Hairspray, Title a comme un air de pastiche mais pour moi, ça manque d’esprit. Pourtant, le résultat fait fureur dans les charts mais n’arrive pas à se hisser à la moyenne selon moi. Si l’approche du doo-wop aurait pu se contenter de briller avec simplicité, Title choisit plutôt de nous aveugler par sa propre surenchère. C’est comme si Meghan TRAINOR avait voulu prendre tous les clichés les plus éculés, les agiter vigoureusement et voir ce qui en sort. Peut-être nous invite-t-elle à rire avec elle, ou peut-être rit-elle de nous ?