Le Vaisseau Blanc est le dernier album de FONDATION. Enregistré sur près de deux ans et demi, c’est l’évolution naturelle du groupe après deux albums formellement assez différents.

Le Vaisseau Blanc est un album-concept qui a pour sujet la nouvelle éponyme de H. P. Lovecraft. Chacun des douze morceaux est introduit par un passage du texte adapté et narré par Patricia Coaquette. Je n’ai pas lu la nouvelle originale, mais il s’agit selon cette adaptation de l’histoire d’un gardien de phare embarquant sur une mystérieuse embarcation blanche et amené à prendre connaissance de lieux légendaires et surnaturels aussi fascinants que terribles. La musique illustre donc les textes. Ou les textes font la liaison entre les morceaux. Les deux points de vue me semblent aussi valables l’un que l’autre, bien que l’analyse musicale favorise grandement le second.

Des trois albums de FONDATION, Le Vaisseau Blanc est le plus homogène. Les guitares, rythmiques et claviers sont mieux harmonisés que jamais. Les mélodies, bien que toujours partiellement improvisées, se combinent mieux entre elles. La plupart des thèmes sont des mélodies contemplatives aux guitares et aux claviers. "Dérive" est d’une beauté presque déchirante, "Spirale" est digne du meilleur des deux premiers albums, avec la guitare apportant une touche prog supplémentaire, "Effervescence" est une inventive mixture de guitares. On trouve également l’oppressante pièce à l’orgue "Pénombre" et la tournerie "Impressions" qui n’est pas sans évoquer Bernard SZAJNER. Enfin, trois morceaux exclusivement rythmiques faisant montre d’un usage original de la boîte à rythmes: "Magic Box" mettant à l’honneur le kalimba, "Macumba" et "Pulsions", uniques morceaux vocaux de l’album.

Ce n’est pas tout à fait l’ultime création musicale d’Ivan et Patricia Coaquette, qui vont publier six morceaux supplémentaires sur l’album collectif Signal 1 (1984) aux côtés des formations LEGENDARY PINK DOTS et SECTION 25. On découvre alors que sur Le Vaisseau Blanc, le morceau de transition entre "Macumba" et "Souviens-Toi" n’est autre qu’un extrait du superbe "Matières 2" sur Signal 1. On peut encore citer "Contact", pièce incluse dans l’autre album collaboratif Paris - Tokyo (1983) et qui, des morceaux de FONDATION, est celui qui correspond le mieux au style synth-pop qui leur est parfois attribuée.