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Michele TORR - Ce Soir Je T'attendais (1966)
Par MARCO STIVELL le 18 Janvier 2025          Consultée 161 fois

Quelques mois après son deuxième album, Michèle TORR enregistre ce qui constitue son dernier 33 tours régulier avant un bon moment. Ce Soir Je T'Attendais est ainsi nommé parce qu'il met en exergue la chanson du même nom qui a permis à la chanteuse provençale de se faire remarquer au-delà des frontières françaises, mais pas comme il l'aurait fallu (elle a participé à l'Eurovision au profit du Luxembourg). L'année précédente, en 65, le plus petit pays du Benelux avait remporté le concours grâce à France GALL et sa "Poupée de Cire, Poupée de Son" et ici, pour l'édition suivante, il a eu beau vouloir organiser lui-même le spectacle cette fois, Michèle TORR n'a pu le hisser qu'à la 10ème place.

La chanson, écrite par Jean Chaumelle et composée par ce cher compatriote (Pied-Noir devenu) provençal Bernard Kesslair, reste plutôt bien accrocheuse autant qu'aventureuse, avec cette pop enlevée et légère, basse et cuivres en avant, ces sauts de quartes dans les accords du refrain et cette nappe d'orgue Hammond permanente, ces cordes qui virevoltent... TORR commence par un chant grave, traînant, sensuel, avant d'accélérer pour le refrain épique ; il y a un petit côté En attendant Godot version fille amoureuse... Bref, tout cela méritait mieux ! Les Reed, chef d'orchestre réputé à l'époque, arrange également "J'ai Brûlé Ta Lettre", autre compo de Kesslair, et du meilleur effet grâce à cette tristesse mordante de jalousie, face à celui qui a préféré une autre. Un bel arrangement musical dramatique pour un mode mélodique mineur, chose rare sur ce disque.

Le reste du temps, ou pas loin, Michèle TORR ne fait que chanter l'amour adolescent, qu'il soit partagé ou après une rupture, et quasiment tous les textes se ressemblent. Comme pour le disque précédent, c'est sa voix fort belle qui fait la différence, fait preuve d'une chaleur sans égale à l'époque dans la pop féminine, sauf du côté de SHEILA. Les orchestrations de Christian Chevallier sont sympathiques, équilibrant bien rythmique variété rock et d'inspiration Motown, avec cordes et célesta ou glockenspiel. Seuls deux titres, arrangés par Paul Piot, "As-Tu Quelque Fois Pensé ?" (où l'interprète, du haut de ses 18 ans, tient tête à sa mère dans l'éternel choc de générations) ainsi que la plus intéressante "Mais Demain Il Sera Trop Tard" (ah, ce moment que des amoureux ne devraient jamais manquer !), remettent les saxophones à l'avant et dynamisent la fin de l'album.

Comme pour les efforts précédents, il y a quelques moments un peu au-dessus du lot, mais ce type de variété devient vite étouffant, même pour l'artiste elle-même dans certaines montées pas toujours claires. Alors que l'un des meilleurs moments du disque, rare qui plus est, le piano-voix en intro de "Rien Ne Sera Plus Comme Avant", ne dure qu'une poignée de secondes ! Un slow langoureux comme "Notre Amour N'est Pas Mort" ne s'écoute vraiment que grâce aux bonnes intonations de TORR. Le fait de doubler sa voix régulièrement peut aussi entretenir la sensation d'excès, mais curieusement pas sur la reprise assez mignonne de Phil SPECTOR, "To Know Him Is to Love Him", ici "Tout Doucement" adapté par André Salvet, autre compatriote provençal (mais de Draguignan) et grand pourvoyeur des yéyés.

Parmi les autres compositions originales, on note ce "Un Enfant Viendra" pour le moins joli et innocent à l'écoute mais qui, dans ce désir maternel, précède une période quelque peu tragique dans la vie de la chanteuse (une des raisons de son retrait temporaire), la passion non-partagée qu'elle éprouve pour son compagnon, le chanteur CHRISTOPHE et ce qui ne sera hélas pas un si heureux événement. Sa passion justement, elle la déploie avec une certaine roue libre plutôt appréciable sur la délurée "Je T'aime Tant". Il manque un tube, autre que celui de l'Eurovision, et pour ceux qui pensaient que Serge GAINSBOURG, auteur de "Poupée de Cire, Poupée de Son", aurait été l'homme de la situation, il signe pour Michèle TORR ce "Non, À Tous les Garçons" rebelle certes et en marge du disque, mais aussi un peu redondant. L'ensemble est homogène et disparate dans ses défauts, les quelques vraiment bons titres sont un peu noyés. Dernières impressions d'une Michèle TORR encore toute jeunette, étoile montante et pas encore désillusionnée.

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   MARCO STIVELL

 
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- Michèle Torr (chant, choeurs)
- Christian Chevallier (direction d'orchestre)
- Les Reed (direction d'orchestre)
- Paul Piot (direction d'orchestre)


1. Ce Soir Je T'attendais
2. Rien Ne Sera Plus Comme Avant
3. Tout Doucement
4. Notre Amour N'est Pas Mort
5. Tout Le Bonheur De La Terre
6. Non, à Tous Les Garçons
7. J'ai Brûlé Ta Lettre
8. La Grande Chanson
9. Un Enfant Viendra
10. As-tu Quelquefois Pensé ?
11. Je T'aime Tant
12. Mais Demain Il Sera Trop Tard



             



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