Il est naturel qu'après une expérience réussie en studio, tout hommage dont il s'agisse, la chose se poursuive sur scène et le tout vienne à être immortalisé sur disque. Ainsi, peut se clôturer l'HERITAGE GOLDMAN monté par Michael Jones et Erick Benzi, si toutefois leur plan en la matière ne devait point se poursuivre. Pour l'heure, on nous donne à savourer ce disque de vingt-deux morceaux enregistrés au cours de la tournée Tout au Bout de Nos Rêves, avec une bonne partie des intervenants vocaux sur les deux CDs studio réunis.

Autant le dire, ceux qui venaient en toute innocence, sans connaître le projet, pour écouter leurs chansons de GOLDMAN favorites ont dû être vraiment secoués, entre la voix très nasale de Cephaz et celle très rauque façon NICKELBACK de Tomislav Matosin. D'ailleurs, les deux semblent avoir un problème de micro, et ce n'est pas fait pour enjoliver le tout, au début de la sélection notamment ! Après un "Prologue du Signe" doux aux violon et flûte baroque, très beau d'ailleurs, nos chers "Il Suffira d'un Signe" (presque 'lounge') et "Encore un Matin" (Jones ouvre avec le riff de... "Rouge" !) ne s'en trouvent pas gagnants. Il y a de la qualité ailleurs : violon riffeur, chorale.

Les chanteuses Anne-Sophie Séba et Jessy Elsa Palma en font bien trop sur "Juste Après" ; on préfère les envolées de la première aux côtés de Lilian RENAUD sur "Là-Bas". Mary Cooper, madame Michael Jones pour rappel, nous offre un "Sache Que Je" à la saveur ouatée, tandis que miss ANGGUN vient se poser en invitée-interprète branchée sur ce qu'il faut pour ce "J'irai Où Tu Iras" endiablé et à la sauce celtique autant que rhythm'n'blues (la direction musicale prend bien celle de L'Héritage Goldman volume 2).

À ce titre, il y a quelques grands moments comme l'intro Benzi/Le Bars, nappes et low whistle donc, au début de "Né en 17 à Leidenstadt", et qui n'aurait point dépareillé sur un album de CLANNAD. Le reste de la chanson, partagé entre Christophe Bosch, Jones himself et Jessy Elsa Palma, demeure fidèle, et la fin, entre le violon et les uilleann pipes, sonne un peu comme du I MUVRINI des années 2010. Il y a toujours ce parfum d'Irlande, y compris sur "Je Te Donne", et d'autres bonnes idées musicales comme le piano Fender Rhodes intervenant sur le deuxième couplet de "Famille".

De façon générale, et même si les prestations chantées sont hétéroclites de style comme de niveau, on est plutôt sur du 'pas mal' : "C'est Ta Chance", "Il y a", le beau duo féminin sensible sur "Comme Toi", Jones qui reprend "Quand la Musique Est Bonne" à son compte et efficacement. La conclusion avec "Puisque Tu Pars" n'est pas ratée, ouf et malgré le fait que les chanteurs s'y succèdent, le son en chorale rock est ample et beau, et l'intro instrumentale n'a jamais aussi bien sonné.

Et puis, il y a ce sacré medley, ouvert par une "Erk Reel" très gaélique pour introduire "Je Marche Seul" dans une excellente version, suivie de "Au Bout de Mes Rêves", puis "La Vie Par Procuration", "Il Changeait la Vie", tout cela bien pensé, sauf qu'on termine, de façon très curieuse et abrupte, avec "Nos Mains" suivie de "Un, Deux, Trois". Il y a donc de l'effort, de la tentative mais aussi du redondant, du bancal et puis une mise en avant des années 80 et du GOLDMAN le plus connu très claire, quand certains albums, y compris de cette période, n'existent que pour une chanson (toujours mieux que Chansons Pour les Pieds, absent du studio déjà).