Le troisième album de KONGAS n’en est pas vraiment un. Anikana-O n’est ni plus ni moins qu’une collection de versions longues de cinq morceaux du premier album, sur des durées bien plus longues, avec un remixage aux bons soins de Tom Moulton, mythique producteur américain de Disco. D’où la parution de cet album chez le label Barclay, ce dernier ayant publié l’album et en détenant manifestement les droits. Trois studios parisiens sont cités, dont un certain 'Herouville Studios', ce qui est complètement contradictoire. On pourrait croire à un studio parisien ayant usurpé le nom du château d’Hérouville, mais étant donné que certaines pistes du premier album ont été reprises pour être remixées, ce n’est pas le cas. Il s’agit donc d’une énorme boulette dans les crédits, le label n’ayant manifestement même pas pris le temps de correctement superviser cette sortie (alors que mince quoi, le château d’Hérouville se situe à Hérouville, quoi). Cerise sur le gâteau: le producteur est non CERRONE mais un certain Jean Claudel. Un constat s’impose: CERRONE n’a pas participé à cet album, et n’en était peut-être même pas au courant.

Quoi qu’il en soit, bien que ces réenregistrements soient honnêtement exécutés et puissent entraîner l’auditeur, on perd beaucoup la fraîcheur de l’album liminaire. Pourtant, bien plus encore que Africanism, Anikana-O sonne comme un retour en arrière, sans aucune trace des synthétiseurs qui s’étaient imposés depuis Supernature un an auparavant. "Anikana-O", "Jungle", "What Ever Happened", "Bungos Go" et "Kongas Fun" ont été récupérés pour être remixés et artificiellement rallongés, ce qui se traduit par une accentuation des beats, un ralentissement pour "What Ever Happened" et "Bongos Go" qui y perdent beaucoup au change, et des inserts de cris d’animaux parfaitement inutiles sur "Jungle". Quantité n’étant pas qualité, je préfère largement les versions originales de "Kongas Fun", "What Ever Happened" et "Jungle". L’avantage de ce genre de traitements est de conférer à certaines pistes un caractère hypnotique. Ça fonctionne plutôt bien pour "Anikana-O" et "Bungos Go", qui se voient augmentés de sympathiques tourneries de percussions.

Anikana-O n’est pas un cas isolé. Space Music, l’album de reprises de Roland ROMANELLI paru sous le pseudonyme Mc Lane Explosion sur le label Delphine en 1977, a également été remixé par Tom Moulton en 1978 sous le titre Pulstar, pour un résultat supérieur à l’original (enfin, façon de parler, Space Music étant pour moitié un album de reprises, et seules ces dernières ayant été remixées – avec le recul, il est assez cocasse que le projet alimentaire d’un musicien de studio ait eu les honneurs d’un remix par l’un des producteurs les plus prestigieux de son milieu, au détriment de SPACE, sans même parler des autres poids lourds français du Disco). Ce n’est pas le cas de ce Anikana-O dont trois des morceaux sont plombés par des retraitements hasardeux. Il reste tout de même une bonne moitié d’album recommandable. Et ce n’est pas fini: il reste un dernier album signé KONGAS, qui lui aussi est un cas d’espèce.