Marc CERRONE est né le 24 mai 1952 à Vitry-sur-Seine. Débrouillard, issu d’un milieu modeste, il apprit la batterie en autodidacte et joua dès l’adolescence dans des groupes de rock, écumant les clubs d’Île-de-France. L’un de ces groupes était sous la houlette du guitariste Marcel DADI (1951-1996), qui allait devenir une star internationale jusqu’à être sacré au Country Music Hall of Fame.

En 1969, Marc CERRONE s’engagea dans le Club Med. Il convainquit le patron Gilbert Trigano de le laisser engager des musiciens locaux pour jouer dans les différents villages du Club. Après des séjours à Saint-Tropez et aux Baléares, il convoqua au printemps 1972 quelques-unes des recrues musiciens du Club Med pour former un groupe : KONGAS. La formation faisait ses premières armes dans de petits clubs. Le patron de l’un d’eux les présenta au chef-d’orchestre cubain Roberto Seto qui leur fit un pont en or pour le Papayago, la plus prestigieuse salle de concerts tropézienne. Ayant emporté l’adhésion du personnel et du public, KONGAS put s’y établir pour une nouvelle série de concerts, jusqu’au soir où Eddie Barclay, présent dans la salle, vint à leur rencontre et leur fit signer un contrat. S’ensuivit une tournée internationale de près de deux ans, ponctuée par des sessions d’enregistrement au Château d’Hérouville, résidence où le compositeur français de musiques de film Michel MAGNE avait établi des studios et une résidence artistique, sessions desquelles surgirent deux singles puis un premier album*.

Présents au château d’Hérouville lors des sessions de KONGAS, Alec R. COSTANDINOS, parolier renommé officiant entre autres pour Demis ROUSSOS, ainsi que Boris Bergman, écrivirent des textes pour le groupe.

Kongas est de l’afro-rock dans la lignée de OSIBISA et Michael VINER’S INCREDIBLE BONGO BAND (Bongo Rock, 1973). Sans atteindre le grain de folie de ses modèles, le groupe s’en sort honorablement et propose des compositions entraînantes et variées, mettant évidemment les percussions en valeur. Lesdites percussions sont bien soutenues à la batterie par Marc CERRONE qui déjà met un point d’honneur à marquer le temps en profondeur. "Anikana-O", "Right On Baby" "Kongas Fun", "Jungle" et "Bongos Go" sont les up-tempos de service, tous très efficaces. Les autres morceaux varient les plaisirs : l’interlude "Ring On The Bell" avec une rythmique ternaire amorcée par les timbales et conclue par une sublime fanfare faisant transition vers le morceau suivant – on eût aimé que ce passage dure plus longtemps –, la ballade "Sea Wards I", l’improvisation lunaire à l’orgue de "Stop Fooling", le solo de batterie "Sweet Drums" que CERRONE reprendra plus tard en concert, et "Pastel" et "What Ever Happened", avec un lourd rythme martial et des accords d’orgue électrique presque baroques. "Right On Baby" balance entre un refrain bien rock et des couplets choraux. Les chœurs de "Jungle" lorgnent ostensiblement sur OSIBISA.

Pour conclure, on peut mentionner "Les Dieux En Colère", chanson publiée en face B du single "Jungle" en 1972 (sur la pochette duquel on voit déjà cette figure de crocodile qui sera l’une des signatures de CERRONE) qui a la particularité d’être chantée en Français. Vu la gueule des paroles, on peut s’estimer heureux que cette chanson n’ait pas été retenue pour figurer sur l’album. Dommage car l’instrumentation est de qualité. L’autre face B "Give Me A Woman" est bien meilleure (nonobstant les paroles pas très finaudes), distillant une énergie furieuse, jusqu’à cruellement faire défaut à l’album. Kongas n’en reste pas moins une fracassante entrée en matière pour CERRONE. Si le nom KONGAS sera réutilisé pour des albums ultérieurs, la formation originale est définitivement dissoute.

* Informations issues de Paradise, l’autobiographie de CERRONE. Dans les prochaines chroniques, la quasi-totalité des éléments biographiques seront tirés de ce même ouvrage.