Malgré sa pochette exhibant le nom KONGAS et une figurine de crocodile, Africanism, enregistré en septembre et octobre 1977 dans la foulée de Supernature, ne marque pas la reformation du groupe afro-rock de CERRONE. Il s’agit concrètement de deux formations homonymes. A priori, peu de choses séparent le KONGAS cru 1977 des premiers albums solo de CERRONE : tous sont enregistrés au studio Trident. On retrouve Alain Wisniak, parolier de CERRONE succédant à Alec R. COSTANDINOS à partir de Cerrone’s Paradise, Raymond Donnez, arrangeur attitré depuis Love In C Minor, et Kay Garner, chanteuse à la voix androgyne ayant déjà participé à Supernature. En lieu et place de l’inspiration Philly Sound des premiers CERRONE, Africanism déroule un afro-rock relativement fidèle à celui de l’album sans titre de 1974, mais adapté au format Disco.

Les cuivres et les percussions sont, comme de bien entendu, à nouveau de la partie. Les refrains sont marqués par un chant soul beaucoup plus présent qu’auparavant. Néanmoins, le format long sied bien au style Afro Rock, lui conférant le caractère à la fois dynamique et hypnotique du Disco, tout en perpétuant l’esprit de KONGAS, malgré la brillante absence des musiciens originels, excepté CERRONE lui-même. Bien que moins abondants que dans Supernature et tous les albums suivants de CERRONE, les synthétiseurs sont encore bien présents. Georges RODI lâche quelques soli, et on trouve d’autres interventions électroniques ne portant pas son empreinte stylistique, notamment les motifs rythmiques complétant l’orgue et les percussions sur "Dr. Doo-Dah" – les parties électroniques étaient déjà partagées entre CERRONE et plusieurs de ses collaborateurs sur Supernature.

Sur Africanism, Marc CERRONE a avant tout retenu l’aspect rythmé et dansant de KONGAS, faisant par la même occasion passer à la trappe la grandiloquence bien dosée qui faisait également la réussite et l’originalité de l’album sans titre, bien que l’on trouve encore des cuivres et de l’orgue en bonnes quantités. Pour autant, cette nouvelle livraison est une réussite. Les compositions sont bonnes et le tout est homogène de bout en bout. Le diptyque "Africanism" / "Gimme Some Lovin’" (ce dernier étant une reprise de The SPENCER DAVIS GROUP – c’est la deuxième reprise de CERRONE après "Black Is Black" sur Love In C Minor) contient de superbes contrastes. Aucune faute de goût qui ne soit à regretter comme en face B de Supernature, aucune ballade qui ne vienne casser le rythme comme sur Cerrone’s Paradise.

1977 est décidément une année extrêmement prolifique pour CERRONE, avec trois albums, sans compter le projet REVELACIÓN (qui est en fait un spin-off de SANTA ESMERALDA) ainsi que l’E.P Phonic / La Nuit Pour Nous sous le nom CRISTAL.