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CHICAGO - Chicago Vi (1973)
Par ARCHANGEL le 14 Mai 2025          Consultée 36 fois

À peine un an après avoir dégainé l'excellent Chicago V, la bande de la Windy City remet le couvert en enregistrant Chicago VI en 73 au sein de leur studio au Caribou Ranch perché dans les montagnes du Colorado. Le groupe continue son envoûtante ascension et reprend les recettes qui ont fonctionné sur le dernier opus : chansons plus courtes, productions léchées, format simple et resserré mais surtout cette incroyable alchimie entre jazz somptueux et rock bien dosé.

Tout n’est évidemment pas du niveau de Transit Authority mais le disque s’ouvre sur une défense plutôt honorable avec des morceaux tels que "Critic’s Choice" et "Just You ’N’ Me". Robert LAMM revient à un songwriting introspectif sur la ballade "Critic’s Choice", un titre centré sur un piano électrique propre et minimaliste, en contraste total avec l’ampleur orchestrale qui caractérise habituellement le groupe. Ça fonctionne grâce au côté sincère mais on reste en deçà du lyrisme dont CHICAGO est capable. Le second morceau de l’album remet les cuivres dans le jeu : écrit par James PANKOW, le single "Just You ’N’ Me" embrasse à nouveau l’identité jazzy du groupe et est enrichi d’un superbe solo de trombone par Walter PARAZAIDER.

CHICAGO poursuit avec le tempo lent de "Something In This City Changes People" où les harmonies vocales de KATH, CETERA, LAMM et LOUGHNANE se prêtent joliment à la vibe atmosphérique du saxophone distingué et de la batterie jouée avec finesse. C’est une pièce mineure mais typique du CHICAGO du milieu des années 70, tout comme le titre "Jenny", chanté par Terry KATH, qui est aussi très doux. Le groove est léger mais instantané et nonchalant grâce à cette section rythmique délicatement funky. Le chant de KATH est sobre et incroyablement humain, donnant ainsi énormément de relief à la mélodie simple de la chanson. Il y a une forme de modestie dans l’arrangement et même s’il manque probablement un petit quelque chose pour marquer durablement l’écoute, le refus de surjouer en fait un agréable moment sans prétention.

Les interventions des cuivres sont plus nombreuses dans "Hollywood" bien qu’elles restent mesurées, comme si le groupe voulait éviter d’en faire trop tout en soulignant discrètement le sarcasme du texte. LAMM y chante son cynisme face au grand cirque du show-business avec une voix lasse mais précise. Pas trop d’effets spectaculaires, CHICAGO appuie son propos en laissant le groove s’installer entre claviers et guitare tempérés pendant que les cuivres interjectent sèchement. Plus loin, CETERA prend le micro pour l’esprit soft rock de "In Terms Of Two" et il s’autorise même à dégainer quelques notes d’harmonica totalement imprévues mais tout à fait charmantes, dont le swing presque country apporte une touche vraiment chaleureuse à l’ensemble.

Évidemment, CHICAGO sait encore mieux briller dans la richesse des arrangements et dans l’énergie folle de leurs titres musicalement plus ambitieux. Le côté funky de "Darlin’ Dear" rappelle un peu les débuts du groupe, avec une section de cuivres plus frontale, des claviers martelés et cette guitare solide, rendue explosive dans les mains de KATH. La vibe est nerveuse et enjouée et le jeu de guitare claque sans fioritures, lui insufflant une intensité fiévreuse qui nous prouve qu’entre deux ballades plus mainstream, CHICAGO peut encore rugir. On a droit à un trio vocal du tonnerre sur "What’s This World Comin’ To", un titre signé PANKOW : LAMM, CETERA et KATH se donnent la réplique avec une vitalité merveilleuse à entendre. C’est très funky alors bien sûr ça me plaît mais au-delà du groove, c’est l’énergie collective qui m’impressionne le plus ici, comme si on était plongé dans une jam furieuse.

Des pépites, il y en a : la sucrerie soulful qu’est le morceau "Rediscovery" ou encore l’hymne "Feelin’ Stronger Everyday". Chanté par CETERA, le single "Feelin’ Stronger Everyday" est une jolie montée en puissance soft-rock qui démarre doucement mais qui s’étoffe progressivement jusqu’à clôturer l’album dans une dernière section triomphale où les cuivres, la batterie et les choeurs se déchaînent avec panache. À l’opposé, "Rediscovery" est un bijou de douceur signé LAMM. La ligne de basse de CETERA et la guitare wah-wah de KATH se baladent avec un groove terriblement langoureux pendant que la section de cuivre vient caresser sans jamais écraser. La sensualité discrète de "Rediscovery" en fait clairement une perle cachée impeccablement jouée.

Le bon air des montagnes semble plutôt avoir profité à nos sept musicos (dans "Rediscovery", LAMM chante bien Life/Please be good to me/Last chance to be free/This mountain majesty is rediscovery) et même si certaines chansons sont certainement secondaires par rapport aux standards de CHICAGO, le groupe parvient toujours aussi bien à conjuguer ambition musicale et exigence technique. Un peu fatigués mais boostés par le succès commercial, on sent que le groupe est en pleine confiance et qu’ils savent exactement comment étirer la formule CHICAGO sans la diluer. Si l’altitude ne donne pas des ailes à chaque morceau, elle inspire un album cool, débordant d’idées mélodiques et remarquable dans son exécution. Les mecs jouent comme des dieux et ils savent aussi qu’ils n’ont plus besoin de se saigner pour le prouver. Bref, Chicago VI s’écoute avec plaisir et une légère impression de confort. Pas d’inquiétude à ce stade, c’est toujours du haut niveau et CHICAGO reste définitivement dans la cour des grands, avec un 4 tout à fait respectable.

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   ARCHANGEL

 
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- Robert Lamm (chant, piano, orgue, claviers)
- Peter Cetera (chant, basse, harmonica)
- Terry Kath (chant, guitares)
- Lee Loughnane (chant, trompette, percussions)
- Walter Parazaider (saxophone, flûte)
- James Pankow (trombone)
- Danny Seraphine (batterie, percussions)
- J. G. O'reafferty (pedal steel guitare)
- Joe Lala (conga)
- Laudir De Oliveira (conga)


1. Critic’s Choice
2. Just You ’n’ Me
3. Darlin’ Dear
4. Jenny
5. What’s This World Comin’ To
6. Something In This City Changes People
7. Hollywood
8. In Terms Of Two
9. Rediscovery
10. Feelin’ Stronger Every Day



             



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