L’Analogue Bubblebath troisième du nom a une histoire tourmentée, jugez plutôt (pas de fioritures en introduction, on commence à connaître la série) :

1993 : sortie du mini album Analogue Bubblebath 3 en vinyle.
1997 : sortie de l’EP Analogue Bubblebath 3.1, qui contient quelques titres inédits destinés à accompagner le premier vinyle. Seulement la même année, une édition CD de l’Analogue Bubblebath 3 sort, contenant le vinyle original dans son intégralité, la plupart des morceaux du 3.1 et deux titres inédits.
2002 : sortie d’une version double-vinyle de l’Analogue Bubblebath Vol. 3, qui possède les mêmes titres que l’édition CD dans un ordre différent, à l’exception des deux inédits.

On se retrouve donc avec trois versions différentes de la même œuvre, plus ou moins complètes. On retiendra la version CD, la plus complète, à laquelle il ne manque que le deuxième titre de la Face B de l’Analogue Bubblebath 3.1, un dialogue un peu crétin, pour être vraiment exhaustive.

Dans sa version CD donc, l’Analogue Bubblebath 3 est le seul véritable album sorti sous le pseudo d’AFX. Fidèle à la ligne directrice de la série, il développe une Acid House/Techno épurée, mécanique, jetant les bases du son de l’album …I Care Because You Do (cf. APHEX TWIN). Comme sur Surfing On Sine Waves de POLYGON WINDOW, un morceau Ambient, « (CD Only Track #1) », fait le lien avec le Selected Ambient Works Volume 2 (cf. APHEX TWIN encore une fois).

Avouons-le tout de suite, l’Analogue Bubblebath 3 est loin d’être le meilleur album de Richard D. JAMES, pour ma part, je le considère comme le plus faible avec Expert Knob Twiddlers (cf. MIKE & RICH cette fois), malgré ses quelques titres sympathiques. En effet, l’album est dominé par des compositions à l’ambiance froide et mécanique qui ne sont pas sans rappeler les premières œuvres d’APHEX TWIN. « .1993841 », « .942937 », « .55278037732581 » et « (CAT 00987-A1) », sont de ceux là, trop longs, trop lourds pour la plupart, à l’exception peut-être des deux derniers cités. Tout se passe comme si après un Selected Ambient Works 85-92 (cf. APHEX TWIN) haut en couleur, Richard D. JAMES avait décidé de vider sa musique de toute sa substance pour atteindre une austérité mécanique, occultant les mélodies pour laisser place aux rythmes. A cette liste de morceaux austères on peut ajouter sans hésiter « .0180871a » et « .0180871b », deux titres anodins quand ils sont séparés comme sur la version CD, nettement plus intéressants quand ils sont fondus ensemble comme sur la première version vinyle.

Cependant, Analogue Bubblebath 3 est « sauvé » par trois titres d’excellentes factures, qui font de lui un bon album, sans toutefois le hisser au niveau des longs formats d’APHEX TWIN et POLYGON WINDOW. « .215061 » tout d’abord, qui ouvre l’album, bénéficie d’une mélodie accrocheuse qui n’est pas sans rappeler l’Acid House grésillante du titre éponyme de l’Analogue Bubblebath premier du nom. « .000890569 » ensuite, introduite par le souffle d’un aspirateur, est un excellent titre dansant qui rappelle les meilleurs moments de la Face B de l’Analog Bubblebath Vol. 2 (cf. APHEX TWIN). Enfin, « (CAT 00897-AA1) » combine des nappes de synthé avec une Acid House apaisante, et semble signer ainsi un retour vers une musique plus douce, moins rythmée, inspirée des compositions du premier Selected Ambient Works.

Reste que l’Analogue Bubblebath 3, malgré ses handicaps, possède un certain charme. Ainsi le CD se retrouve souvent dans la platine, bien plus souvent en tout cas que certains œuvres plus mélodiques mais moins personnelles d’autres artistes IDM.