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ORBITAL - Orbital 2 (1993)
Par SASKATCHEWAN le 2 Juillet 2009          Consultée 4997 fois

Il était une fois l’electronica. L’electronica, c’est une vaste fumisterie, une sorte d’opération Fortitude des années 90, avec l’Intelligent Techno en guise de char gonflable et quelques journalistes dans le rôle des agents doubles. En effet, l’electronica est avant tout une création de la presse spécialisée des années 90. Ce dénominateur commun bien pratique permet de regrouper le Big Beat, l’IDM et l’Ambient Techno sous une même appellation ; on flaire déjà l’arnaque, et on a le nez creux. L’electronica devient bientôt un terme politiquement correct qui dit clairement aux auditeurs et à leur famille apeurée : « Attention ! L’electronica, c’est de la musique sérieuse, ça ne se danse pas, ok, rien à voir avec la Techno, les raves, la drogue et les bolchéviques ! ». L’electronica, prise dans ce sens assez vague, est bientôt assimilé au terme électro, histoire d’ajouter encore un peu plus à la confusion. Je ne parle même pas des pays francophones, où l’on utilise « électro » pour dire « musique électronique » (et surtout, surtout, surtout pas : « Techno » !).

C’était la minute : « Gnagnagna ! y comprennent rien ! Gnagnagna ! moi je sais et pas vous ! Gnagnagna ! mais où va la République ? ». Et pour faire s’écrouler ce magnifique château de carte, il y a le groupe anglais ORBITAL, formé des frères HARTNOLL : Paul et Phil (j’ai cherché un jeu de mot, en vain). Car ORBITAL a ceci de particulier que c’est sans doute LE groupe qualifié d’electronica, mais aussi celui qui montre le mieux le lien très fort qui existe entre les premier temps de la Techno et les expérimentations du début des années 90. Et alors ! sur leur deuxième album, on atteint des sommets ! Ne vous laissez pas berner par les multiples effets sonores empruntés à la Trance (« Lush 3-2 », « Remind »), ORBITAL est résolument Techno et ne s’en cache absolument pas. J’en veux pour preuve l’avant dernier titre de l’album (sans compter l’outro), un remix de « Strings of Life » de Derrick MAY qui ne dit pas son nom.*¹
Orbital 2 nous offre donc une musique répétitive, basée sur un équilibre subtil entre mélodie aquatique et une rythmique assez « tranquille ». L’album, sous son apparente simplicité, cache un travail sur le rythme très léché, comme sur « Lush 3-1 », qui, s’il ne met pas en œuvre des tourbillons de beats délirants, témoigne d’un agencement très bien pensé des différentes boîtes à rythmes.

Cependant, ORBITAL ne se limite pas aux seules influences Techno. J’ai déjà évoqué la Trance, et plus particulièrement la Trance Psychédélique, en gestation à l’époque, à laquelle ORBITAL emprunte de nombreux effets : chœurs féminins éthérés, boucles synthétiques suraiguës, influence de l’Inde… Quitte à froisser certains puristes, il faut aussi noter l’utilisation récurrente par le groupe des sonorités alors « à la mode » : certains passages au synthé sont typiques du début des années 90 (cf. « Planet of Shapes »). Cette diversité des influences ne produit pourtant pas un album sans queue ni tête, loin de là ! ORBITAL, en soignant les breaks et les transitions, en supprimant les blancs entre les morceaux, fait de son second album un ensemble compact, qui s’écoute presque comme un seul long titre de plus d’une heure. Ainsi, un morceau comme « Impact (earth is burning) », malgré ses 10 minutes et l’utilisation des sonorités les plus clichées possibles, est absolument captivant, avec un jeu entre le titre apocalyptique et l’atmosphère (trop ?) joyeuse que dégagent les synthés et le pseudo-xylophone.

ORBITAL, malgré une discographie d’une excellente qualité (je pense en particulier à l’album éponyme, à celui-ci et à In Sides), semble un peu éclipsé ces dernières années par l’admiration portée aux prodiges du label Warp qui se sont signalés à la même époque. Reste que le groupe est sans doute l’un des seuls à avoir réussi là où tant d’autres formations de l’autoproclamée Intelligent Techno ont échoué : ils ont trouvé, au moins sur Orbital 2, un équilibre presque parfait entre la « complexité » des morceaux et leur aspect plus « dansant ». Alors oubliez les sonorités un peu datées et penchez-vous sur la discographie de ce duo hors du commun.


*¹ Note « il était une fois la Techno » : « Strings of Life », de Derrick MAY, sorti en 1987, est sans doute l’un des « hymnes » du genre, c’est LE titre Techno par excellence, remixé régulièrement par tous les DJ du monde. Derrick MAY lui-même est considéré comme l’un des fondateurs de la Techno et comme l’un des premiers DJ à avoir poussé le genre sur la voie de l’expérimentation.

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   SASKATCHEWAN

 
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- Paul Hartnoll (arrangements électroniques)
- Phil Hartnoll (arrangements électroniques)
- Kirsty Hawkshaw (invitée, chant)
- Paul Helliwell (invité, guitare)
- Kevin Metcalfe (invité, cut)
- Chris Daly (invité, lignes de basse)


1. Time Becomes
2. Planet Of Shapes
3. Lush 3-1
4. Lush 3-2
5. Impact (the Earth Is Burning)
6. Remind
7. Walk Now...
8. Monday
9. Halcyon + On + On
10. Input Out



             



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