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PUNK ROCK  |  STUDIO

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The RAMONES - Leave Home (1977)
Par THESHAMAN le 1er Janvier 2010          Consultée 5990 fois

C’est quoi, au juste, une bonne chanson ?

La chanson, en tant que forme musicale, est à la base d’à peu près toute la musique populaire de notre époque. Qu’il s’agisse de rock, de pop, de folk, de blues, de country, de metal, toutes ce musiques qui nous donnent tant de plaisir, nous émeuvent, nous donnent envie de fredonner, nous donnent envie de pleurer ou de danser, nous relaxent ou nous énergisent, cherchent à nous faire réfléchir ou au contraire à nous vider l’esprit. Les chansons nous accompagnent au quotidien, à chaque instant de la vie, dans chaque situation, pour chaque état d’esprit, pour chaque émotion, nous parlent d’amour, de joie, de haine, de tristesse, de nostalgie, d’espoir… Sans ces petites choses futiles et superficielles, le monde serait tellement plus gris, plus terne, et la vie aurait tellement moins de saveur.

Pourtant, quand on y réfléchit deux minutes, la chanson, c’est quand même le degré zéro de l’art musical : 3 accords, une mélodie, un texte et c’est marre. Pas besoin de sortir de Berkeley, de connaître le solfège, d’avoir l’oreille absolue ni de maîtriser l’histoire de la Musique de l’Antiquité à nos jours pour faire une chanson : il suffit d’être capable de gratter trois accords et d’avoir un peu de temps à perdre. Maintenant, il est toujours possible d’enrichir le truc : casser le schéma couplet-refrain, rajouter des breaks, des solos, changer de rythme, d’ambiance au sein du morceau, foutre des mesures composées, des instruments exotiques, rajouter un 4e accord voire un 5e ou un 6e… Tout ça, c’est bien beau, ça peut même donner de très belles choses, mais est-ce vraiment l’essentiel ? Beaucoup de groupes de progressif, tout obnubilés qu’ils sont par la complexité, la virtuosité, la technicité de leur musique, ont une fâcheuse tendance à oublier qu’ils composent avant tout des chansons, et produisent de longs morceaux vains aux mélodies médiocres, qui se résument à des successions de breaks surmontés de couches d’arrangements (attention, je ne dis pas que tous les groupes prog font de la merde, loin de là, juste que c’est un travers dans lequel les groupes du genre sombrent assez souvent). Accumuler les ingrédients ne rend pas la chanson meilleure : une chanson doit pouvoir se suffire à elle-même. Elle n’a pas besoin d’artifices pour être bonne.

Les vieux albums des RAMONES, et notamment Leave Home, en sont une parfaite illustration. Ici, rien que l’essentiel. Pas d’artifices, pas d’arrangements, rien que le quatuor chant/guitare/basse/batterie, pas de solos, pas de breaks, les chansons sont ici réduites à leur plus simple expression : 3 accords, une rythmique et une mélodie. Leave Home est rempli à ras bord de putains de vraies BONNES CHANSONS. Ce deuxième album du groupe est semblable en tous points au premier album éponyme (hormis peut-être une production un chouïa plus travaillée). Les RAMONES enfilent à toute berzingue et sans temps mort (pas plus de 2 minutes 50 par chanson) les petites perles aux mélodies inoubliables, les petites mélopées toutes simples, mais tellement belles, tellement accrocheuses, qu’on a instantanément envie de chanter et qu’on a l’impression de connaître depuis toujours tant elles sont évidentes. Citons entre autres l’émouvante "I Remember You", "Pinhead" et son célébrissime gimmick « Gabba Gabba Hey » (à l’instar de « Hey Ho Let’s Go », le genre de gimmick que tout le monde connaît sans même connaître le reste de la chanson), "Commando" et sa rythmique imparable, "Oh Oh I Love Her So" et ses chœurs, "Sheena Is a Punk Rocker" et son refrain qui tue… Derrière la production minimaliste, crue et rêche, les RAMONES ont trouvé une sorte d’idéal, un équilibre parfait entre rock et pop, où le rock se fait mélodique, où les riffs tronçonneuse cotoient les refrains charmeurs, où la voix sucrée de Joey nous envoûte par-dessus les rythmiques punk rentre-dedans.

Et c’est là qu’on se demande « mais comment font-ils ? ». Il n’existe pas grand-chose de plus simple, pauvre et dépouillé que cette musique. Plus « pauvre » que ça et on sort du domaine de la musique pour basculer dans celui de l’art abstrait (musique atonale, musique minimaliste, black metal…). Les New-Yorkais sont en permanence sur le fil, sur cette frontière entre la musique et le néant absolu, le « presque rien » pouvant à tout moment basculer dans le « rien ». Et pourtant, ce « presque rien » parvient à nous toucher, nous faire sourire, chanter, vibrer, à nous amener très haut. Les RAMONES ont atteint une forme de pureté, de quintessence musicale, une sorte de minimalisme grandiose où la moindre note compte, où le moindre riff de deux accords est addictif au possible, où la moindre mélodie vous rentre dans le cerveau pour ne plus en sortir. Comment expliquer que ce « presque rien » soit aussi grand, que ce groupe ait produit quelque chose d’aussi fort avec aussi peu de matière première ? Simplement parce que, dans ce « presque rien », dans cet ascétisme musical, ils ont su conserver l’essentiel : les bonnes chansons. Un truc que beaucoup de groupes ont oublié, qu’ils soient aussi minimalistes (GOOD CHARLOTTE, SUM 41 et tous les guignols pop/punk) ou plus complexes/raffinés/progressifs (DREAM THEATER et autres tâcherons du prog). Et c’est là que la critique musicale atteint ses limites. Car la qualité d’une chanson n’a jamais été une question de technique, de méthode ou d’ingrédients utilisés. Aucun manuel, aucun traité de musicologie ne nous dira jamais comment s’y prendre pour composer une bonne chanson, aucune machine ne sera jamais capable d‘évaluer la qualité d’une chanson. On ne peut que faire appel aux notions de talent, inspiration, sens mélodique, génie, notions somme toutes abstraites et très subjectives. Il restera toujours quelque chose d’inexplicable, de « magique ».

Tout ça pour dire que je suis bien incapable de vous expliquer ce qu’est fondamentalement une bonne chanson. Mais les RAMONES, visiblement, avaient leur idée sur la question. Et là, il n’y a qu’une chose à faire : les écouter, et laisser faire la magie.

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   THESHAMAN

 
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- Joey Ramone (chant)
- Johnny Ramone (guitare)
- Dee Dee Ramone (basse)
- Tommy Ramone (batterie)


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