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ROCK PROGRESSIF  |  B.O FILM/SERIE

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GOBLIN - Suspiria (1977)
Par STREETCLEANER le 5 Février 2010          Consultée 5261 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Suspiria est une œuvre magique (introduction bien adaptée s'agissant d'un film qui traite de la sorcellerie non ? haha) à plusieurs titres. Tout d'abord, c'est le chef-d'œuvre de son réalisateur, Dario ARGENTO, avec son autre long métrage, Profondo Rosso. Ensuite, je n'hésite pas à dire qu'il s'agit également de la meilleure B.O. du groupe italien de rock progressif et d'électronique GOBLIN (et là, je ne prends pas beaucoup de risques avec cette affirmation). Suspiria dépasse, même de loin, la musique pourtant marquante du Zombi (Dawn Of The Dead) de George ROMERO, cette autre B.O. de GOBLIN étant évidemment bien plus connue, le film de ROMERO faisant figure de classique incontournable (et mondial !) de l'horreur.

Nous sommes en 1977. Et dans le genre du film d'horreur, Dario ARGENTO est le digne héritier d'un autre Italien qui s'est fait remarquer dès les années 60 : Mario BAVA. Suspiria s'inscrit donc dans cette lignée du 'giallo' dont il utilise en partie les ficelles. Mais c'est aussi un représentant emblématique du trop, de l'excès. Suspiria, premier volet de la trilogie des mères maudites, s'inscrit dans la démesure malgré son huis-clos presque anodin (ayant pour décor une école de danse). Et en cela, le film est mortellement jouissif. Suspiria, c'est la volonté de faire profiter le spectateur, qui se retrouve aux premières loges, de meurtres les plus horribles et impossibles les uns que les autres, la volonté également de pousser les couleurs dans leur saturation la plus extrême, de mettre en scène le contraste entre une école de danse dans un monde on ne peut plus classique et routinier, et un univers irrationnel qui est son pendant opposé, un autre monde caché derrière le décor où se dissimulent la folie et le mal les plus vicieux. Suspiria, c'est la lutte d'une jeune fille américaine, Susie Banner, issue d'un monde moderne et rationnel, contre les forces occultes et ancestrales de la vieille Europe.

Et la musique, c'est avec évidence qu'elle se cale sur cette ligne directrice jusqu'au-boutiste, plongeant elle aussi dans la démesure et la folie, suivant en cela un réalisateur cocaïné jusqu'aux yeux. Dès le départ, dès l'introduction du thème de Suspiria, on se doute bien que ce monde qu'on nous présente ne peut être que tromperie. Avant même que Susie Banner n'arrive à l'école, les esprits du mal sont là et l'épient. Car ils observent, sentent et voient tout. Et la folie vicieuse est déjà là, planante, avec ses lalalala pervers et ses chuchotements en arrière plan qu'on imagine volontiers psalmodier d'effroyables litanies ou prédictions en guise de bienvenue. Le décor qu'on sent artificiel ne demande qu'à tomber pour laisser place à la vraie nature de celui du dessous qui prend le pouvoir la nuit. Puis le message se fait plus clair : Witch ! ... Witch ! * sur fond de claviers imitant les orgues, de riffs de guitares et d'effets hypnotiques. L'ennemi est bel et bien là, il rôde en permanence, nulle part et partout à la fois.

Puis, c'est la descente dans la folie la plus ténébreuse avec ses voix, ses cris effrayants, sur fond de bruits divers et de percussions oppressantes (merci à la fin de "Aumgn" sur l'album Tago Mago de CAN pour l'inspiration). La possession s'empare du peu qui restait de notre assurance cartésienne alors que la théâtralité des cloches annonce le malheur et la mort qui arrivent par celles (les sorcières) qui se repaissent de la souffrance de leurs victimes. Tout simplement intense et démoniaque. Le sang gicle, la prédatrice entre en jouissance alors qu'elle donne la mort ; la folie se conjugue au plaisir extrême du mal et du meurtre : la démence meurtrière à son apogée. "Sighs" approfondit quant à lui l'exploration du décor et on sent un lourd secret planer dans ses riffs de guitares (le souffle de l'ennemi est là, partout, derrière les murs) et ses voix quasi religieuses en guise d'appel à une prière infernale. Une nouvelle victime sera offerte en sacrifice et les rires et râles maudits qu'on entend se réjouissent déjà à l'idée de cette prochaine cérémonie, et même les orgues jouent déjà par anticipation. Ce ne sont pour eux qu'un rituel et un plaisir maintes et maintes fois renouvelés : la terreur de la victime, sa souffrance, son sang, la mise à mort, puis l'orgasme.

Même lorsque la musique se fait plus calme sur "Black Forest", qui se pare ensuite d'atours rock progressif (vive les ambiances des 70s’), la quiétude ne peut que nous gagner. Seul moment de vrai repos de cette B.O., "Blind Concert" se veut jazzy, à la basse funky, et aux ambiances psychédéliques et hallucinées (tout comme les couleurs saturées du film), mais pas serein pour autant. A côté de ce morceau, le court "Death Valzer" porte bien son nom, car derrière cette valse au piano légèrement grotesque, cette épreuve pénible, c'est bien la mort qui rôde et qui attend son heure.

Suspiria serait-il un film aussi abouti sans sa bande son ? Certainement pas. Loin de se contenter d'accompagner le film, la musique contribue très largement à son identité, à sa folie, à la délivrance de ses atmosphères et de son intensité. Suspiria, ce sont des scènes choc, des couleurs extrêmes, un suspens ultime. Certes. Mais c'est tout de même la musique qui lui confère pour beaucoup sa démence. Il faut le dire, la musique de GOBLIN est ici particulièrement jouissive et elle se suffirait à elle-seule. Même si la musique nous remémore les scènes outrancières du film, ce n'est pas rien. C'est la marque des grandes bandes originales de film.


* Sorcière ! ... Sorcière !

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1. Suspiria
2. Witch
3. Opening To The Sighs
4. Sighs
5. Markos
6. Black Forest
7. Blind Concert
8. Death Valzer
9. Suspiria (celesta And Bells)
10. Suspiria (narration)
11. Suspiria (intro)
12. Markos (alternate Version)



             



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