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ROCK PROGRESSIF  |  B.O FILM/SERIE

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1976 Roller
1978 Il Fantastico Viaggio Del

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1975 Profondo Rosso
1977 Suspiria
1978 Patrick

GOBLIN - Profondo Rosso (1975)
Par AIGLE BLANC le 12 Janvier 2015          Consultée 2387 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Profondo Rosso marque une étape décisive dans la filmographie de Dario Argento. Après avoir popularisé le thriller (alias le 'giallo' du nom de la couleur jaune d'une célèbre collection italienne de romans noirs) avec sa fameuse trilogie animale L'Oiseau au Plumage de Cristal (1970), Le Chat à Neuf Queues (1971) et Quatre Mouches de Velours Gris (1971), le voilà qui signe avec Profondo Rosso ("Les Frissons de l'Angoisse" en France) le chef-d’œuvre définitif du genre. Il ne se contente pas d'y pousser à leur degré de perfection les éléments caractéristiques du Giallo (-meurtres sadiques à l'arme blanche -meurtrier ganté de cuir -trauma initial remontant à l'enfance), mais il fait dériver le genre vers une zone inédite que vient contaminer le Fantastique. De sorte que son cinquième film prépare la métamorphose originale du Giallo, dont il sera l'unique représentant, vers sa version surnaturelle que magnifieront, les années suivantes, Suspiria (1977) et Inferno (1980), sans conteste les deux sommets artistiques de son œuvre.

Ce désir de repousser les limites d'un genre sclérosé (on ne compte plus le nombre de pellicules se réclamant du Giallo sur les écrans européens durant la première moitié des 70') est marqué de même par l'arrivée des GOBLIN dans l'univers argento-esque. Exit donc Ennio MORRICONE qui avait signé pourtant les B.O remarquables de ses trois premiers thrillers, fortement imprégnées de Jazz fusion. Les GOBLIN transportent le Rock, de manière inédite, dans les Gialli et les films fantastiques, et de façon plus générale dans les musiques de films. Certes, le Rock existait dans les films des 50' et 60', ne serait-ce qu'à travers les nombreux nanars musicaux dont la seule raison d'être consistait à mettre en valeur la plastique avantageuse d'Elvis PRESLEY ainsi que son talent d'interprète. Mais dans ces films prétextes à numéros musicaux, la musique restait intra-diégétique : les chansons étant intégrées à l'histoire, par exemple quand le film se déroulait dans le monde du spectacle et que l'artiste chantait au cours d'une répétition filmée à la manière d'un proto-clip. Or, avec les GOBLIN, pour la première fois, le Rock intègre l'espace extra-diégétique du film et lui inocule son énergie, magnifie ses ambiances inquiétantes ou exacerbe les scènes de crime à l'arme blanche. Voilà, le mot est lâché : Dario Argento a trouvé dans le Rock du groupe italien la musique idéale à son univers de folie baroque. L'osmose entre les images et la Bande Originale est si probante qu'on ne sait plus qui d'Argento ou de GOBLIN inspire l'autre.

La musique de GOBLIN s'inscrit alors dans le Rock Progressif très en vogue dans l'Italie des 70' (Rappelez-vous LE ORME et PREMIATA FORNERIA MARCONI parmi les groupes les plus influents du genre). Mais ce qui fait la très forte singularité du groupe, c'est qu'il doit sa renommée à ses seules B.O. C'est du Rock Progressif certes, mais superbement angoissant voire terrifiant. Aucun autre groupe du genre ne peut se targuer d'avoir exploré avec autant de fougue les liens inédits entre le Rock et le cinéma d'Horreur. On me rétorquera que j'oublie Alice COOPER. C'est exact, à la seule différence qu'Alice COOPER n'a jamais signé de B.O pour le cinéma d'Epouvante. Au contraire, le 7ème art l'a réduit à sa seule silhouette légendaire en guise d'hommage. Ainsi, John Carpenter lui a offert quelques apparitions terrifiantes dans la dégaine d'un clochard maléfique dans le très angoissant Prince of Darkness (1988).

Au risque de décevoir les aficionados, je dois préciser que Profondo Rosso n'est qu'à demi une B.O de GOBLIN. Initialement, Dario Argento avait confié la tâche à Giorgio GASLINI qui avait signé une musique fortement teintée de Jazz et dont certains titres bénéficiaient même d'un traitement orchestral. Le cinéaste, déçu par une partie du travail de GASLINI qu'il jugeait sans-doute trop classique, trop proche du style morriconien, s'est tourné vers les musiciens de GOBLIN qu'il venait de découvrir en Concert, leur demandant d'enrichir le matériau de leur homologue musicien. C'est ainsi qu'ont vu le jour trois compositions parmi les plus mémorables de la B.O : le bien nommé "Profondo Rosso", l'haletant "Death Dies" et le climatique "Mad Puppet".

Dans "Profondo Rosso", éclate déjà le génie de GOBLIN : sur une séquence répétitive lancinante exécutée par la basse de Fabio Pignatelli, Claudio Simonetti lance des assauts d'orgue absolument démentiels, tandis qu'aux fûts Walter Martino soutient l'édifice avec autant de discrétion que d'efficacité. Voici un titre emblématique du style de GOBLIN.
"Death Dies" voit les claviers épidermiques de Simonetti entrer en transe, soutenus par la batterie très jazzy. Au coeur de cette dynamique haletante, la guitare électrique saturée de Massimo Morante vient hachurer l'espace à coups de riffs bien sentis. Jamais auparavant une scène de meurtre n'avait subi un traitement aussi graphique par son montage syncopé et sur-amplifié par une telle musique qui dépasse en violence les plans jazzy urbains de l'inspecteur Harry chers au pourtant génial Lalo SCHIFRIN.
"Mad Puppet" est une autre réussite indéniable où la basse très mise en avant se jette à corps perdu dans une rythmique répétée à l'infini instaurant un faux climat d'attente jamais assouvie. Les claviers y greffent ensuite leurs loops hypnotiques qu'accentuent des battements cardiaques en ouverture et conclusion de la composition. Cet excellent titre d'ambiance me pose pourtant un problème. En effet, la ritournelle assénée par la basse rappelle étrangement certains plans du Tubular Bells de Mike OLDFIELD sorti deux ans auparavant. On s'attendrait presque à accueillir la liste d'instruments phénoménale qui se superposent en crescendo à cette basse dans le dernier mouvement du premier titre de T.B. S'agit-il d'un plagiat éhonté que les membres du groupe n'ont pas cru bon de mentionner dans le livret ou bien d'une influence inévitable quand on sait l'impact qu'eut l'album inaugural de Mike OLDFIELD dans la sphère du Rock Progressif ? Je ne trancherai pas la question et vous laisse juger par vous-mêmes.
La face 2 du vinyle originel rassemble quant à elle les morceaux composés par Giorgio GASLINI : "Wild Session", "Deep Shadows", "School at Night" et "Gianna". Le changement de compositeur ne porte heureusement aucun préjudice à l'album. Si le style de GASLINI penche davantage vers le Jazz-Rock, la continuité avec la face A est assurée par la performance des GOBLIN qui interprètent eux-mêmes les compositions. C'est même à GASLINI que revient l'honneur ici de signer la comptine célèbre "School at Night" que l'on entend dans le film juste avant les meurtres dont elle sert de déclencheur. En fait, elle renvoie au traumatisme lié à l'enfance du psychopathe et intervient à ce titre lors des flash-back au début et à la fin du film. L'utilisation pervertie d'une comptine pour planter une atmosphère morbide ne date pas de Profondo Rosso. Le cinéma fantastique ne s'en est jamais privé depuis le superbe Les Innocents de Jack Clayton et l'angoissante Maison du Diable de Robert Wise. En 1979, Lalo SCHIFRIN reprend ce motif pour le générique d'[i)Amityville(fi] en enrichissant le choeur de plusieurs voix enfantines. Il existe plusieurs versions de "School at Night". Une version orchestrale, une pour célesta (vibraphone), une pour voix d'enfant déclinée avec ou sans écho. Il est dommage que la version retenue pour l'album soit celle pour orchestre car ce n'est pas la plus perverse. Je lui préfère largement la version pour voix d'enfant avec écho, vraiment glaçante, que l'on peut entendre comme Bonus Track dans une édition plus récente du disque. Avec Suspiria, Goblin se fera une spécialité des comptines ténébreuses.

Profondo Rosso est devenu une référence en matière de B.O. Aujourd'hui un grand classique.

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   AIGLE BLANC

 
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- Massimo Morante (guitare électrique)
- Fabio Pignatelli (basse)
- Claudio Simonetti (claviers)
- Walter Martino (batteries)


1. Profondo Rosso
2. Death Dies
3. Mad Puppet
4. Wild Session
5. Deep Shadows
6. School At Night
7. Gianna



             



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