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Johann JOHANNSSON - Ibm 1401, A User's Manual (2006)
Par SUNTORY TIME le 11 Avril 2010          Consultée 4011 fois

Plaçons le CD dans le lecteur, appuyons sur « Play », installons-nous confortablement, fermons les yeux, et ouvrons bien les oreilles. Il ne se passe rien? Patience, patience... Ah, quelques notes mystérieuses et répétitives commencent à se faire entendre. Une ambiance étrange vient accompagner cette mélodie venue de nulle part. Puis arrivent délicatement une flopée de violons, lancinants et larmoyants. Et alors, nous disparaissons, nous nous évadons du monde réel, planant dans des brumes épaisses et froides. Nous sommes légers, un peu mélancoliques mais pourtant nous nous sentons bien. Ca y est, nous sommes en train de rêver, mais la musique ne nous quitte pas. Légers, légers...

Bienvenue dans l’univers étrange et poétique de Johann JOHANNSSON, compositeur islandais touche-à-tout. Connu d’abord pour ses expériences électro et ambient - l’album Englabörn (2002) est une référence du genre - JOHANNSSON se lance dans une trilogie symphonique dont IBM 1401, A User’s Manual est la première pierre.

IBM 1401, A User’s Manual ! Voilà un titre aussi énigmatique que barbare. L’IBM 1401 est l’ancêtre de nos machines à calculer, datant des années 50-60. Un trésor de modernité à l’époque. Le père de Johann JOHANNSSON était chargé de l’entretien du premier modèle d’IBM arrivé en Islande. Le petit Johann a vécu entouré de ces grosses machines aux bruits parasites intrigants. L’album ici présent est donc un hommage en forme de symphonie ou de requiem (les spécialistes aviseront …) à cette technologie d’hier, devenue dérisoire avec le temps. Un « mode d’emploi » de ces anciennes machines.

L’album est composé de cinq longs mouvements, chacun portant le nom d’un type d’IBM, sauf le dernier mouvement. J’y reviendrai. On est donc en présence d’une musique dite classique (ou contemporaine) saupoudrée de bribes électroniques qui donnent un homogénéité et une atmosphère particulière à l’ensemble. Cette symphonie est jouée par le Philarmonic Orchestra de Prague, rien que ça! Johann JOHANNSSON s’est donné les moyens de son ambition, mais rien de pompeux ni de grandiloquent ici, tout est paisible et riche, à l’image du premier mouvement, « IBM 1401 – Processing Unit ». Ce premier morceau pose l’ambiance, faite d'une mélodie répétitive baignée d’arrangements de cordes qui vous prennent aux tripes. De la beauté, rien que de la beauté.

Le deuxième mouvement est le plus étrange du disque; une voix désincarnée lit le manuel d’utilisation de l’IBM. Chaque phrase est ponctuée d’un son de cloche et l’orchestre symphonique n’apparaît qu’à la moitié du morceau, pour laisser de nouveau la voix inhumaine continuer ses explications qui s’estompent petit à petit.
Les troisième et quatrième mouvements s’enchaînent parfaitement. Après une lente montée en puissance dans la partie 3, la partie 4 reprend le thème du premier mouvement, dans un accent plus mélancolique, avec ce chant fantomatique qui fera frissonner les plus endurcis, comme un chant de baleine. Ici plus qu’ailleurs, on a l’impression de flotter dans un brouillard épais, sur un rivage froid et humide d’Ecosse ou d’Islande plus logiquement. Un moment d’émotion pur, et je vous assure que l’on a la chair de poule à ce passage.

Le cinquième mouvement s’inscrit dans la continuité des précédents, mais se distingue par son titre « The Sun’s Gone Dim and the Sky’s Turned Black ». JOHANNSSON pose sa voix déformée par de multiples effets électroniques pour répéter un texte de la poétesse et scénariste américaine Dorothy PARKER (Ce poème très court s’intitule « Two Volume Novel »). Une cantatrice lance quelques notes haut-perchées avant le final un tantinet joyeux de l’album.
Trois quarts d’heure viennent de s’écouler, nous ouvrons les yeux, nous nous levons et essayons de retrouver tous nos esprits : « Mais où étais-je passé ces dernières minutes ? ».

Si le concept d’hommage à la technologie d’hier peut paraître un poil abstrait, on ne peut que se laisser bercer par la musique si finement composée. On est davantage proche d’un disque d’ambient, rappelant les paysages froids et brumeux d’Islande.
Un album original, loin des symphonies exubérantes et des bruitages électro inaudibles. Ici, la musique est reine et invite au voyage, un voyage de rêve et d’émotion. Ce voyage vient de s’achever pour moi à l’instant où je finis ces lignes. La musique n’est jamais aussi touchante que quand elle cherche juste à être belle. En espérant avoir donné envie de se laisser tenter par cette expérience.

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   SUNTORY TIME

 
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- Johann Johannsson (arrangements électroniques, orgue hammond, piano,)
- The City Of Prague Philarmonic Orchestra (orchestre philarmonique)


1. Part 1 Ibm 1401 – Processing Unit
2. Part 2 Ibm 1403 – Printer
3. Part 3 Ibm 1402 – Card Read-punch
4. Part 4 Ibm 729 Ii – Magnetic Tape Unit
5. Part 5 The Sun’s Gone Dim And The Sky Turned Black



             



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