AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Une vaste prairie d'herbes folles, une légère brise qui les remue sous un ciel bleu azur, et un arbre solitaire contre lequel se repose une étrange créature. Des petits yeux noirs et brillants, des grandes oreilles de lièvre et un museau de renard, qui ronronne comme un chat. Le mystérieux animal, sac en bandoulière, est heureux de vivre dans cet espace bucolique.
Mais soudain, le temps se couvre à l'horizon, de lourds nuages noirs de pollution avancent inexorablement, et entraînent avec eux l'édification de gigantesques buildings, tout aussi noirs et froids. Une vague de béton recouvre toute la verdure et le petit animal terrorisé a juste le temps de couper une branche de son arbre avant que celui-ci ne soit à son tour recouvert de béton.
Coincé dans cette gigantesque cité sinistre et pluvieuse où les habitants errent comme des fantômes équipés de masques à gaz, notre petit héros se rattache à son rameau d'arbre, seul vestige de végétation dans un univers minéralisé. Il en prend un grand soin, dans l'espoir de faire renaître un jour la nature...

Voici l'intrigue de Varmints, court-métrage d'animation de Marc Craste, des studios AKA (qui a été nominé aux Oscars 2009). Cette petite fable écologiste (basée sur un livre du même nom, écrit par Helen Ward et illustré par le même Marc Craste) est une vraie réussite, autant du point de vue graphique que musical. En effet, c'est Johann JOHANNSSON qui se charge de la bande son du film. Mais plus qu'une simple BO, c'est un vrai album que nous propose le compositeur islandais. And In the Endless Pause There Came the Sound of Bees ("Et dans le silence infini survint le bourdonnement des abeilles") était déjà paru un an plus tôt sous la forme d'un mini album uniquement disponible lors de la dernière tournée de JOHANNSSON en Amérique. L'album ici présent est la version commercialisée, rallongée de quelques morceaux et dotée d'une pochette différente.

Une fois de plus, JOHANNSSON nous livre des ambiances atmosphériques partagées entre frissons et rêves. Les cordes du fidèle Philharmonique de Prague, les chants féminins quasi religieux, et les développements de claviers atmosphériques font de cet album assez court (tout juste 40 minutes) un superbe concentré d'émotions.
Sérénité sur « Theme », angoisse sur « City Building », sensation de froid sur « The Flat » ou « Escape » et son violoncelle grave et inquiétant. Larmes montantes sur « Rainwater » (court mais renversant) ou « Pods », et espoirs ressuscités sur « Inside the Pods » et le grand final « End Theme ».

La musique de JOHANNSSON tangue encore une fois entre passages intimistes et grandes envolées symphoniques qui ne virent jamais à la grandiloquence. And in the Endless Pause (...) est moins conceptuel que ses deux illustres prédécesseurs (IBM 1401 et Fordlandia) et donc plus accessible pour qui veut découvrir la musique de ce compositeur éclectique et génial, que l'on peut aisément ranger aux côtés de Craig ARMSTRONG.

Un album magique et poignant, à découvrir absolument.
En guise de conclusion, voici un lien vers la bande-annonce de Varmints, sur laquelle on retrouve les morceaux « Theme » et « Pods ».
http://www.youtube.com/watch?v=RJQ4RTo6hRg