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KARNATAKA - Karnataka (1998)
Par MARCO STIVELL le 15 Juillet 2010          Consultée 3509 fois

KARNATAKA est un nom qui évoque une région de l'Inde, mais les cinq membres qui le composent sont tous bel et bien britanniques, gallois pour être exact (de Swansea, deuxième plus grande ville du pays après Cardiff). En cette fin d'années 90, les groupes de rock progressif qui possèdent une chanteuse, quelque soit leur style (métal, symphonique, mélodique...), sont de plus en plus courants. Pour ce premier album, le line-up que l'on retrouvera durant les années suivantes (malgré le fait qu'il ne "tiendra" que pour trois albums), à savoir Rachel Jones au chant, son compagnon Ian aux basses et guitares acoustiques, Jonathan Edwards aux claviers, Paul Davies aux guitares électriques et Gavin John Griffiths à la batterie est déjà bien en place et bien assuré. C'est amusant de remarquer que ce disque est placé sous le signe de la "maquette de pros", parce que ça sonne comme un album bien mixé et masterisé, mais il ne faut pas oublier qu'il a été enregistré "à la fraîche", dans un petit home-studio, celui de Ian.

Rares sont les premiers albums d'une telle qualité, d'une telle maturité. On "aborde" le tout avec trois titres qui feront partie de leurs classiques. Le fait qu'il n'y ait que huit morceaux pourrait rebuter, mais n'oublions pas que nous sommes en présence d'un groupe qui s'inscrit dans la lignée de la grande famillle progressive, en quelque sorte la relève, tout comme les Spock's Beard, The Flower Kings - même si là on reste dans le cadre britannique, soit le plus généralement apprécié -, et l'on doit s'attendre à retrouver des pièces plutôt longues. Avec raison, car au moins trois des morceaux de ce premier album atteignent les sept minutes (ce qui reste tout de même sage), mais on trouve aussi du nettement plus court. En fait, KARNATAKA est un de ces groupes qui "trichent" un peu, s'incrivant dans la lignée des Genesis et Camel ou même plus récemment Marillion sans pour autant faire la même musique, mais pour ce qui est d'incorporer des morceaux plus accessibles à leur domaine de composition. Cela donne un très bel ensemble, le groupe démontrant son efficacité à écrire de jolies mélodies ainsi qu'à les mettre en avant (d'où ma qualification de rock progressif mélodique), et pourtant l'on peut parfois sentir que KARNATAKA tâtonne, se cherche encore. Pas sur tous les morceaux, loin de là, mais c'est avec amusement que l'on constate quelques essais comme "There Must Be a Way", sorte de prog-jazz avec solo de sax soprano (et même plus que cela, il est présent tout le long !). On sent qu'ils se lachent un peu et même si le morceau en question est celui que j'apprécie le moins de leur carrière, ça reste bien plaisant à entendre. Le saxophone est le seul élément extérieur à leur formation, Steve Simmons, même en les suivant en tournée, ne sera jamais cité comme membre officiel. L'instrument en question n'est pas présent partout, mais c'est le seul album du groupe à ce jour où il a autant laissé son empreinte, et cela marche à chaque fois.

En dehors de "There Must Be a Way", il y a le reste. Et le reste, c'est quasiment déjà de l'ordre du bon, du très bon, voire de l'excellent... Que dire de ce "Must Be the Devil" d'anthologie, qui alterne des couplets délicieusement "diaboliques" et rougeoyants avec des refrains d'une douceur posée, le tout très mélodique, mettant bien en valeur chaque instrument et porté par la voix de Rachel, aux limites évidentes, mais au timbre si séduisant ? Que dire de ces "Tell me Why" et "The Woman in me" (auquel il ne manque qu'un bon saxophone), déjà tellement efficaces dans leur style pop-rock avec gros riffs et claviers en avant, qu'on se dit à leur écoute "Mais pourquoi ça n'a pas marché pour eux ?" dans le sens d'être reconnu par le grand public (et ce ne sera pas la dernière fois...). Que dire de ce "Until Next Time" si joliment torturé ? (et où là pour le coup, le saxophone ne manque pas, oh que non !) Que dire de ce "Crazy" magique, si proche d'un bon slow ? Et enfin, last but not least (c'est même le meilleur du disque pour moi), que dire de ce "Run to You" aux relents celtiques si forts et si enivrants ? Il ne faut pas oublier que le Pays de Galles compte parmi les contrées celtiques, et un peu comme U2 pour l'Irlande, même si KARNATAKA le voulait, il ne pourraient que très difficilement cacher cette influence qui est comme une nature chez eux. Prenez un titre comme "Run to You", la mélodie seulement, imaginez une cornemuse ou un tin whistle par dessus ces nappes envoûtantes, vous saurez de quoi je parle. C'est à mes yeux la perle cachée de l'album (le solo de Paul est magnifique, comme ce sera toujours le cas), le meilleur morceau dans un ensemble qui en compte déjà 75% d'excellents.

En fait, le seul inconvénient avec cet album, et le fait qu'il soit passé plutôt inaperçu n'y a pas franchement aidé, c'est qu'il est devenu complètement introuvable. La maison de disques du groupe était (et est toujours) Immramma, mais apparemment aucun projet de réédition, voire de remasterisation n'est prévu pour le moment (alors que KARNATAKA vient de publier un album sous une toute nouvelle formation). Ce qui est fort dommage, car certaines de ces chansons méritent autre chose que de n'être connues que par les prestations live du groupe, pas toujours représentatives (surtout d'un point de vue vocal...) Quant aux autres, qui constituent presque la moitié du disque non concernée par ces témoignages live, elles sont à découvrir, soit par curiosité ("There Must Be a Way"), soit en tant que passage obligé autant pour l'amateur que pour le fan ("Run to You" en particulier).

Note réelle : 3,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Rachel Jones (chant)
- Jonathan Edwards (claviers)
- Ian Jones (basse, guitare acoustique)
- Paul Davies (guitares électriques)
- Gavin John Griffiths (batterie, percussions)
- Steve Simmons (saxophones alto, ténor et soprano)


1. Must Be The Devil
2. Tell Me Why
3. Crazy
4. Until Next Time
5. The Woman In Me
6. There Must Be A Way
7. Closer
8. Run To You



             



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