Recherche avancée       Liste groupes



      
POP  |  STUDIO

Commentaires (3)
L' auteur
Acheter Cet Album
 

 

- Membre : Helena

KATERINE - Philippe Katerine (2010)
Par STREETCLEANER le 5 Novembre 2010          Consultée 6127 fois

Je fus récemment intrigué par une interview récente de Katerine par Philippe Manœuvre dans laquelle un lien de complicité semblait ressortir et les unir, celui de l’esprit du rock, ce « spirit of rock » revendiqué par Katerine himself. Et moi quand on me parle de rock j’accourre… Si un grand prêtre du rock donnait lui-même sa bénédiction et adoubait Katerine, qu’aurions nous à y redire ? A priori rien… Mais l’esprit du rock souffle-t-il réellement sur ce skeud ou a-t-on affaire là à une vaste escroquerie savamment orchestrée, à une fumisterie de premier ordre génialement pensée, à un de ce disques pour bobos soi-disant anti-conformistes mais on ne plus conformistes, un disque affligeant de banalité et de lieux communs ? Vous savez, ces bobos qui ont le cœur à gauche mais le portefeuille bien à droite… Vous me rétorquerez que la révolution commence dans les cœurs, soit… le problème avec eux c’est qu’elle n’arrive jamais dans leur portefeuille… Katerine donc, voilà un gars qui revendique porter haut l’étendard du rock, qui veut s’en faire le héraut. Attention donc je dis. Ce disque risque fort de repousser les limites du bon goût. Toujours plus fort, toujours plus remuant, plus provocant, voilà un de ces disques qui risque d’effrayer tout parent qui veille un tant soit peu sur sa progéniture, ainsi que les vieilles dames riches du 16ème arrondissement. Remisez au placard vos disques de Presley, des Stooges et de Bowie ! Et place à Philippe Katerine ! C’est parti…

L’introduction « Je M’éloigne d’Autant Que Je M’approche » est particulièrement audacieuse. Rappelez-vous… Précédemment Katerine coupait et remettait le son. Eh bien ici il s’éloigne et se rapproche successivement du micro. Franchement, vous auriez pensé à faire ça vous, un jour ? Non, c’est particulièrement osé hein, vraiment peu commercial, c’est donc bien la preuve de l’audace affirmée par Katerine ! Bon, vous n’êtes pas (encore) convaincu, vous semblez perplexe… Alors attendez un peu la suite… Dans « Bla Bla Bla » Katerine pousse la provocation jusqu’à nous concocter une petite chanson sans paroles, à base de bla bla justement… culotté là encore direz-vous. Et vous avez raison. Mais dommage cela a été fait avant par d’autres, donc ici ça tombe un peu à l’eau. Mais avouez que c’est particulièrement anti-conformiste, comme un gros fuck balancé à MTV, à tous ces médias et autres artistes trop policés. Tout comme le fait de réciter l’alphabet en guise de paroles sur « Les Derniers Seront Toujours Les Premiers ». C’est bien ça qu’on appelle art-rock non ? Vous oseriez, vous, acheter le coffret « devenez sculpteur en travaillant votre propre merde » ? Je suis sûr encore une fois que non… eh bien c’est ce qui vous différencie de Katerine, car lui, il a franchi le pas. Katerine est un pionnier et un poète (rabelaisien)… On repousse encore les limites quand, dans « Bien Mal », Katerine joue sur la dualité de ces deux mots, et voilà Gainsbourg relégué en catégorie « amateur » question jonglage sur les textes et les sens. Décidemment ce type est trop fort. Mais attendez, attendez, ne partez pas, vous n’avez encore rien vu, c’était là juste une mise en bouche… (je reviendrai après sur les fesses de Jeanne Balibar, soyez juste un peu patients c’est tout).

Là où Katerine passe vraiment à la vitesse supérieure c’est sur « Liberté ». Quand il chante « liberté… mon cul, égalité… mon cul, fraternité… mon cul… » il réussit en une chanson à déposséder tout le mouvement punk de ses revendications et de son pouvoir de contestation. Katerine est un génie, maintenant vous en êtes à peu près convaincu, car aucun groupe punk n’osera désormais passer après lui. En une chanson tout a été fait, tout a été dit. Un peu comme la fin de l’Histoire que croyait voir arriver un philosophe… Du génie donc, mais Katerine joue un peu trop perso quand même diront certains… Dans « La Banane », belle diatribe contre la société de consommation et du travail, Katerine revendique revenir aux plaisirs simples, comme manger une banane nu sur la plage. L’image est un brin violente (il est prêt à crever pour finir sa banane, et quelques enfants passent alors qu’il s’apprête à l'engloutir) mais le message devrait passer… Il sait aussi nous faire partager ses rêves, tout empreints de poésie. On retiendra notamment « La Reine d’Angleterre » qui met en scène la reine en train de nous chier à la raie -et au visage, avec un superbe jeu de mots sur « face/fesses », du génie je vous dis- (les Sex Pistols sont enterrés, tout comme Renaud), ou « Il veut Faire un Film », délire chanté avec la participation de ses parents et dans lequel il veut mettre sur pellicule une femme nue et des handicapés, fantasme qui fait peut-être suite à quelques visionnages de films pornos un peu tordus. On imagine parfaitement cette pauvre fille toute nue offerte à une meute d’handicapés en rut n’ayant pas baisé depuis des lustres : choquant ! Encore une belle provocation dans cet album « J’aime Tes Fesses » (avec Jeanne Balibar) : Katerine y déclame son amour dans ce morceau pseudo gainsbourien pour les fesses de Jeanne et fait monter en nous jalousie et frustration. On s’imagine ce chanceux de Philippe caresser les fesses de Jeanne après les avoir martyrisées, [passage interdit au moins de 18 ans à partir de cet instant et jusqu’à la fin du paragraphe, Ndlr] les lécher, s’attarder le temps d’un délicieux anulingus, ou même s’y perdre (d’où mon avertissement précédent, ce disque devrait comporter un stick de mise en garde) c’est à cet instant que… ouf c’est chaud chaud chaud, pour preuve les pupilles du chroniqueur se dilatent, son rythme cardiaque s’emballe, sa température monte, une lame de fond de testostérone s’empare irrésistiblement de lui… bon j’arrête là mais je ne vous cacherai pas que j’aimerais moi aussi goûter les fesses de Jeanne qui doivent être bien bonnes (l’objectif de Philippe est atteint au passage, salaud va… tu nous mets dans de beaux draps). C’est juste un peu plus ragoûtant quand Jeanne, sa compagne, déclare sa passion pour les fesses (probablement flasques et pleines de poils) de Philippe…

Pour rester au niveau des fesses, on rappellera que certains artistes revendiquent « faire de la merde », je pense par exemple à notre compatriote Didier Super. Didier Super est un artiste de merde et il s’assume tel quel. Katerine fait de même avec ce disque. Ce nouveau Philippe Katerine, volontairement et profondément débile, ne prétend véhiculer aucun message, aucune idée, il n’est rien d’autre qu’une bonne grosse diarrhée du moment, vite sortie des intestins, vite chiée. Le piège consisterait à intellectualiser la chose, à vouloir discerner de l’art-rock et de la poésie là où Katerine ne fait que jouer avec sa merde tel un gamin tout content de mettre les doigts dedans. Philippe Katerine est un album de branleur, un disque pour rire, le problème c’est juste qu’en 2010 il n’y a plus grand-chose de vraiment risible là-dedans. Ce n’est donc ni de l’art, ni de la poésie, ni du rock, ni bien entendu de l’art-rock. Ou alors tout est poésie, comme péter dans un micro par exemple… Vous trouverez toujours une personne capable de disserter pendant des heures sur cette nouvelle avancée de l’art soyez-en certains… Que ce soit musicalement bâclé (on sauvera toutefois « Sac en Plastique » ou « Des Bisoux » dans lequel on sent un effort certain d’écriture) pourrait tout à fait être pardonné si pendant ces 24 titres on se payait une bonne tranche de fou rire. Mais non, même pas. C’est consternant de bêtise et de déjà-vu, un skeud aussi élevé et raffiné que Bigard, avec un « humour » trop souvent pour bons gros beaufs ou gamins (rappelez-vous quand vous étiez gosses vous aussi vous aimiez rire du pipi et du caca). Philippe Katerine pourrait toutefois bien fonctionner. Je pense notamment à deux publics qui sont ici essentiellement ciblés : certains journaleux ayant peur de ne pas saisir le "génie" de cette œuvre formidable et qui vont de ce fait l’encenser, et surtout les bobos parisiens tout contents de découvrir qu’on peut jouer avec sa merde en mettant les mains dedans. Et en rire…

A lire aussi en POP par STREETCLEANER :


OTHER LIVES
Rituals (2015)
Un des albums de l'année 2015




Nick CAVE & THE BAD SEEDS
Ghosteen (2019)
Partir vers la lune à bord d'un bateau


Marquez et partagez





 
   STREETCLEANER

 
   MONSIEUR N

 
   (2 chroniques)



Non disponible


1. Je M'éloigne D'autant Que Je M'approche
2. Bla Bla Bla
3. La Reine D'angleterre
4. Les Derniers Seront Toujours Les Premiers
5. Des Bisoux
6. Bien Mal
7. Liberté
8. La Banane
9. J'aime Tes Fesses (avec Jeanne Balibar)
10. Philippe
11. Il Veut Faire Un Film
12. Moustach
13. Sac En Plastique
14. Té-lé-phone
15. A Toi - à Toi
16. Parivélib'
17. La Musique
18. Vieille Chaîne
19. Morts - Vivants
20. Cette Mélodie
21. Le Rêve
22. Juifs Arabes
23. Musique D'ordinateur
24. Le Champ De Blé



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod