This is moon music. Chaque fois que je vois la pochette de cet album, j’entends John Balance me susurrer ces mots à l’oreille. Dès le premier morceau, il donne probablement la meilleure définition possible de son album.
Ce disque est probablement l’aboutissement du passage de COIL à un style plus mélodique. Pas hyper mélodique, mais plus. Les côtés noise et indus du début ont quasiment disparu, laissant leur place à une musique clairement plus onirique.

Musick to Play in The Dark est un album qui porte très bien son nom. Regardez la pochette, les tons noirs, bleus. La brume. La lune. Eteignez les lumières, allongez-vous et lancez la musique sans faire d’activité parasite. Ecoutez.
La première piste "Are You Shivering ?" met immédiatement dans l’ambiance. Sorties de synthétiseurs grinçants en alternance avec des parties calmes et de boucles de vocaux étrangement découpés. Mi-oppressant, mi-planant.
Il s’agit là du seul titre pouvant rappeler la première époque de COIL. Le reste poursuit de manière plus douce l’immense rêve qu’est ce disque. Une première étape de tension et d’angoisse teintée de mélancolie avant de partir pour un monde vaporeux, douillet et résolument nocturne.
Un voyage souvent basé sur des rythmiques répétitives par dessus lesquelles s'ajoutent divers éléments (piano, synthé, samples) et la voix de John Balance qui, s’il n’est probablement pas un grand chanteur, est un conteur absolument fantastique, tout ceci formant un trip musical immense. Hallucinogène. De la deuxième piste dont les boucles de synthé évoquent celles de TANGERINE DREAM à "Strange Birds" aux samples de cris d’oiseaux en passant par "Red Queen" dont le piano envoûtant aboutit à la plus belle conclusion qui puisse être, on ne retouche pas le sol. Impossible à mettre en mots, et puis, je ne voudrais pas trop vous gâcher le plaisir de la découverte en vous faisant une description plus détaillée. De plus, et c’est là le signe des grandes œuvres, on met même un moment à retoucher terre une fois le disque terminé.
Alors certes, le duo anglais formé par John Balance et Christopher Peterson ne propose toujours pas une musique facile. Elle est cependant beaucoup plus accessible qu'autrefois, tout en conservant la même force et la même profondeur.

Si vous êtes prêts à faire un effort et que ce genre de musique vous touche un peu, il y a de bonnes chances que vous ne le regrettiez pas. Probablement la meilleure porte d’entrée pour découvrir l’univers si particulier de COIL, et un de ses meilleurs disques.
Jamais la lune et les étoiles n’ont été si belles ni si proches. Le rêveur plane parmi elles et souhaite ne jamais avoir à se réveiller. Alors, une dernière fois, savourons la beauté et la justesse des mots de Balance Hush, may I ask you for silence ?

Un grand, un très très grand album.