En décembre 1999, George Michael se fend d’un album de reprises. Un véritable foutrac, bordélique à souhait et dans lequel le mignonnet George souhaite rentre hommage au XXème siècle musical, dont nous vivons alors les derniers instants. C’est tout à fait étonnant, et je ne saurai que trop vous conseiller l’écoute de ce skeud aussi rouge que la tof de « Octobre Rouge ». N’allez pas croire que notre angliche soit devenu un révolutionnaire pour autant, non non non, George demeure une sympathique tantouze s’assumant à grands coups de scandales pseudo sexuels dans les journaux pour grand-mères ou midinettes, c'est selon.

Alors, cette improbable version de « Brother Can You Spare A Dime » dont nous devons l’originale au grand Bing CROSBY et qui ouvre le bal, est remarquable, toute de douceur et de lymphatisme. La voix de l’ex-égérie de WHAM y trouve un environnement phénoménal. C’est absolument divin à écouter. Je ne m’en lasse pas.
Continuons avec la super classique « You’ve Changed » qui fut reprise en son -vieux !- temps par les plus grandes voix de la musique populaire, de Nat King COLE à Billie HOLIDAY en passant par Sarah VAUGHAN ou Marvin GAYE, c’est ce qui s’appelle un standard interplanétaire. Là encore, George le mignonnet se tire les doigts avec une aisance remarquable.

Avec « I Remember You », le souvenir d’Ella FITZGERALD renaît avec pureté, car cette version est désarmante de sincérité. On ne peut vraiment pas accuser le noble descendant d’Achille de foirer ces exercices de style. Se frotter à un tel répertoire n’est pas chose aisée et le plantage pourrait être énorme. La titounette harpe plante d’ailleurs une ambiance très fifties d’excellent aloi. La jazzy « Secret Love » rappelle au bon souvenir de la grande Connie FRANCIS, les cuivres y mettent une superbe ambiance… Décidément on aura fait le tour des plus grandes voix du XXème. C’est désormais le tour de Nina SIMONE avec « My Baby Just Cares For Me ». Une orchestration de qualité, pour une performance bien agréable. Il faut dire que le choix des chansons s’avère judicieux, ces classiques sont connus de tous. « The First Time I Ever Saw Your Face » de Roberta FLACK, onirique et belle comme une aube de printemps, faut dire que c’est total romantique les gars, tentez le coup une fois avec votre nana avant de lui demander diplomatiquement une gâterie… Ca peut marcher, si si… Peut pas faire de mal en tout cas.

« Wild is the Wind », classique de Dimitri TIOMKIN popularisé par Nina SIMONE, puis repris en son temps par David BOWIE, trouve en Georgina un interprète de choix. La chanson est cependant moins sublime que ses coreligionnaires, telle « Where or When » fut-elle chantée par Dion and the Belmonts, des icônes doowap des fifties.

Deux chansons sont un poil plus modernes, la dénommée « Roxanne » -plus connue tu meurs- des POLICE et « Miss Sarajevo » des U2. Toujours judicieux dans ses choix, même si la première n’atteint pas le sublime de l’originale et que la seconde est bien molassonne.

George est beaucoup plus à son aise avec le vieux matos finalement. Sans doute eut-il mieux valu se cantonner aux premiers deux tiers du 20ème siècle. Toujours est-il que ce skeud est hautement recommandable. Un exercice de style remarquable à bien des égards, personnellement mon favori de George Michael, dont j’ai pourtant toutes les peines du monde à ne pas moquer les mœurs dépravées. Certaines versions sont dantesques telles « Brother Can You Spare A Dime » ou « You’ve Changed ». Tentez le coup !