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Emilie SIMON - Franky Knight (2011)
Par MARCO STIVELL le 19 Décembre 2011          Consultée 4475 fois

La perte d'un être aimé. Qui ne la vit pas ? Mais les artistes ont le pouvoir de mettre des mots ou des notes dessus, et à procurer du plaisir à ceux qui les écoutent. Certains crieront cette souffrance, d'autres seront plus pudiques, en tout cas c'est un propos qui ne laissera personne indifférent et qui nous concernera plus facilement (après tout, nous ne sommes que des fans). Dans la vraie vie, on peut prendre la mort de manière positive en repensant aux bons moments de la vie du défunt, en se disant qu'il a vécu heureux... Mais cela peut être difficile car il y a toujours la réalité de la mort, le fait qu'il ou elle ne soit plus là. Emilie SIMON est une artiste, une artiste ô combien étonnante et qui a su nous donner du plaisir, à nous qui comprenons ses choix, quels que puissent être ces derniers. La personne qu'a perdu Emilie, c'est François, son François, son amoureux, l'élu de son coeur... Et elle a tenu à le dire en musique, d'une manière aussi personnelle que la photo de la pochette, où on la voit en robe de deuil, est élégante.

Avant de décrire ce propos, il convient de rappeler que l'histoire de ce disque est étroitement liée à celle d'un film. Le réalisateur David Foenkinos voulait proposer à Emilie d'écrire la musique de son long-métrage La Délicatesse, adapation de son propre livre devenu best-seller. En la contactant, il ne savait pas encore qu'elle avait écrit quelques chansons sur le "départ" de son François causé par la grippe A, quelques jours après la sortie de The Big Machine en septembre 2009. Elle accepte de collaborer avec le réalisateur, mais doit ainsi se plier aux exigeances du film. En fait, elle ne se doute pas que ce qu'elle a écrit correspond à merveille à l'esprit de ce dernier, et que le reste des chansons à écrire le sera aussi... Ce que Emilie a écrit pour elle, c'est ce qui accompagnera la trame visuelle pour le film, on reste saisi par le naturel d'une telle entreprise. Franky Knight sera donc autant un journal intime sous forme d'album qu'une bande sonore.

Les premiers mots du disque sont "I wrote some songs, they're all for you, there's nothing else that I can do (...) My sweet Franky." L'artiste se met à nu, et elle nous plonge dans cette intimité à l'aide d'un accompagnement musical qui ne détonne nullement par rapport à ce qu'on connaît d'elle. Bien loin de l'austérité malsaine d'un The Final Cut (l'album de Roger Wat... pardon Pink Floyd de 1983) sans pour autant être joyeuse, la belle use de son génie et décore cette lettre de boucles percussives, précisément d'instruments à lamelles comme le marimba, le vibraphone et le glockenspiel. On n'est plus très loin de certains travaux de Mike Oldfield pendant les années 70, sauf qu'ici bien sûr l'empreinte électronique est aisément perceptible. "Mon Chevalier", aussi garni de cuivres et d'une teneur épique, est le premier élément nous faisant prendre contact avec la tristesse d'Emilie, le plus "fantastiquement" possible. Si vous ne ressentez rien à l'écoute du pont, où la voix déchirante survole la grosse batterie, je ne peux plus rien pour vous...

Et cela continue pendant tout le reste du temps qui nous imparti. Les mots d'amour et moments magiques qui ont découlé de cette période heureuse, tout comme la tristesse de cette rupture brutale nous sont racontés avec des tonalités musicales qui leur sont propres ou non. Sur "I Call It Love", Emilie nous fait remonter le temps d'un slow bluesy dans les années 50-60, le charme rétro de la pièce faisant la part belle à l'orgue Hammond entre autres, et la voix (pétillante) étant volontairement mixée un peu lointaine. Beaucoup plus actuel, "Franky's Princess" ne dépareille nullement avec le restant du disque, bien que sa légèreté, et surtout sa réalisation directement inspirée de la période The Big Machine puissent surprendre. On ressentira vite comme dans le restant du disque la personnalité et la sensibilité (exacerbées) de la jeune femme, en particulier dans ce qui semble être un solo de saxo modifié, assez alarmant. Le synthé-xylophone prouvera à lui tout seul combien Emilie sait magnifiquement bien habiller ses chansons.

"Something More" fait ressortir de plus belle l'importance des cuivres dans cette musique, langoureux sur un discours musical jazzy et feutré. On y retrouve également l'excentricité vocale héritée de Kate Bush (comme dans le disque précédent, en moins léger), et la montée de cuivres finale reste un très beau moment. Toujours dans les nouveautés, Emilie emploie un registre aux frontières du tango pour "Jetaimejetaimejetaime". Elle a aussi tenu à laisser un peu de place à des moments instrumentaux, comme pour "prendre son temps", ne pas dévoiler toute sa tristesse dans l'urgence (et aussi parce qu'il y a un film à côté bien sûr). "Mon Chevalier" est ainsi introduit pendant plus d'une minute avant que le chant n'apparaisse, et il y a cette plage entièrement orchestrale, "Les Amants du Même Jour", où le piano revient, porté par le glockenspiel et le violoncelle. Pour nous auditeurs, c'est un rêve qui mérite toute notre considération en tant qu'amateurs de grand frisson.

Car au-delà de ces arrangements solides, ce qui retiendra le plus notre attention, c'est bien l'épopée que nous vivons à travers pratiquement chacune de ces chansons. Cela se ressent sur l'instrumental, aussi bien que par la densité des chansons et particulièrement lorsque Emilie chante d'une voix éperdue, qu'il y ait des paroles ou non (c'est-à-dire tout le temps en fait). "Bel Amour", "Jetaimejetaimejetaime", "Mon Chevalier", "Walking With You", certaines étant de réelles chansons d'évasion, possèdent en plus d'être déjà passionnantes, leur fin déchirante et qui nous laisse sans voix, en parallèle avec la simplicité du discours. On la retrouvera plus concrètement dans l'harmonium de "Sous les Etoiles" ainsi que la fin au piano "Holy Pool of Memories", deux autres chansons que l'on arrive vainement à citer comme les meilleures, tant l'ensemble du disque déborde d'excellence et de justesse.

Il n'est d'ailleurs pas le premier, et tout fait penser qu'il ne sera pas le dernier, loin de là. En plus de prouver à quel point ses idées, y compris dans la souffrance, savent nous toucher, Emilie nous rappelle toujours un peu plus qu'elle est décidément l'une des artistes francophones (au féminin) les plus précieuses que l'on possède.

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   MARCO STIVELL

 
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1. Mon Chevalier
2. I Call It Love
3. Holy Pool Of Memories
4. Something More
5. Bel Amour
6. Franky's Princess
7. Sous Les Etoiles
8. Les Amants Du Même Jour
9. Walking With You
10. Jetaimejetaimejetaime



             



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