Après la baisse de popularité constituée par Careful What You Wish For en 2003 qui a nécessité un retour direct aux studios, et malgré le succès franc en revanche que constitue Red Book en 2005, notre cher groupe effectue sa tournée règlementaire, mais le nom de TEXAS va ensuite disparaître pendant quelques temps, offrant de nouveaux horizons comme une carrière solo pour Sharleen Spiteri qui se sentait peut-être un peu à l'étroit. C'est encore elle seule qui apparaît sur la pochette du nouvel album, dont le titre est inspiré par le petit carnet rouge dans lequel elle note les paroles des chansons.

Red Book est produit par Johnny McElhone, mais aussi Brian Higgins, spécialiste de la pop féminine à succès (BANANARAMA, GIRLS ALOUD, Sophie ELLIS BEXTOR, Kylie & Dannii MINOGUE) de même que Rick Nowels (Belinda CARLISLE, Céline DION, DIDO, Dua LIPA) et Dallas Austin (PINK, Gwen STEFANI). Comme souvent, certains de ces noms (en l'occurrence les deux derniers) se rapportent plutôt au titre auquel ils sont chacun conviés, alors que Higgins, lui, s'inscrit dans la composition de plusieurs titres même. Mix géré par Mike Hedges (déjà croisé pour le brillant White on Blonde) ainsi que Mark 'Spike' Stent (U2, DEPECHE MODE etc), voilà une belle promesse sonore.

Après un début aux cordes en instrumental, "036" qui, tenez-vous bien, ne dure que trente-six secondes (vrai de vrai), répétant le procédé de White on Blonde - mais sur un seul album encore, ça passait -, enchaîné à lui, "Getaway" nous fait rentrer dans le vif du sujet. Les rappeurs vous ont gonflés aussi dans l'opus précédent ? Il n'y en a point ici (merci). En revanche, des sons et rythmes électroniques, vous allez en manger ! TEXAS toujours sans batteur veut reprendre les éléments de The Hush, en y arrivant mieux. "Getaway", avec sa mélodie soul entêtante, son groove branché mais beau même si repoussoir à rockeurs, nous laisse croire au plus avenant pour la suite. Nouveau tube pour le groupe, numéro 2 en Ecosse, top 10 en Angleterre, en Belgique et au Danemark.

Il est étonnant qu'ensuite, "Sleep", duo Sharleen-Paul Buchanan (The BLUE NILE) n'ait été proposé qu'en troisième single, tant le moment est fort en distinction. Une ballade avec un peu d'allant, une mélodie épique, et une alliance parfaite de ces deux vocalistes si touchants dans leurs domaines respectifs. Très très réussie, davantage que les deuxième et quatrième single, l'entêtante "Can't Resist" au gros son électro-pop avec un peu plus de guitares que "Getaway" et des effets de Sharleen fort réussis ; ensuite "What About Us", avec ses nappes emphatiques et ses choeurs masculins doux, le titre produit justement par Dallas Austin. De bonnes chansons, au demeurant !

Si "Nevermind", ballade sombre ponctuée de vocalises étranges, se montre un peu plus routinière, difficile de passer à côté de l'acoustique "Red Book" (au début du moins) ainsi que de toute cette pop finement écrite et goulument habillée, si plaisante voire entraînante et ou épique, allant de "Cry" puis "Get Down Tonight" à "Just Hold On" incluse. On a beaucoup moins cette sensation forcée que donnaient la plupart des titres de The Hush. Sharleen acidulée reste vraiment délicieuse sur "Bad Weather", tandis que "Cry" se rapproche également plutôt du TEXAS de 1997 que de 99. Beaux atours que ce piano électrique au milieu des synthétiseurs, ces guitares ressortant enfin comme il se doit même si ni McErlaine, ni McGovern ne participent à celle-ci !

"Just Hold On", le titre avec Rick Nowels, est porté par un falsetto et un clavier tout aussi cosmique, voilà un single manqué pour le coup ! Cela ne fait rien car Red Book est un bon élément rentable, numéro 16 en Grande Bretagne (disque d'or), faisant encore mieux en Suisse et surtout en France qui défend toujours le groupe à la petite chanteuse brune, contrairement à nombre de pays continentaux. Il y a eu mieux, et peut-être TEXAS sent-il le vent tourner pour de bon. Néanmoins, on garde cet album en place de choix niveau appréciation. Hors des débuts et de la période la plus faste il reste un de ceux à écouter.

Note réelle : 3,5