AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Cinq années sans Emilie SIMON, cela ressemble à l'éternité pour le public, dans le sens cauchemardesque ! Voilà que, sans crier gare, elle nous revient avec une bande originale de film et pas n'importe lequel ! L'attendu (pour l'heure) The Jesus Rolls de et avec John Turturro, qui a voulu reprendre son personnage de Jesus Quintana dans le classique The Big Leboswki (1998) des frères Coen et en faire une histoire indépendante. À ses côtés figurent Bobby Cannavale (une pensée pour la géniale série Vinyl avortée, snif !), Christopher Walken et notre Audrey Tautou nationale, dont la ressemblance des traits avec ceux d'Emilie SIMON donne à sourire, en l'occurrence surtout.

L'avantage dans les circonstances actuelles, c'est que faute de voir le film qui devait sortir en mars aux U.S.A., on a au moins droit à la BO et le plus légalement du monde. Et puisqu'on parlait de sourire, il faut le dire sans plus attendre : Emilie SIMON nous a gâtés.

Ce sont 30 minutes en tout, "seulement" 30 minutes oui, mais "déjà" 30 minutes. Impossible de connaître au préalable son utilisation dans le film, mis à part pour les quelques privilégiés qui ont eu la chance de le visionner dans le cadre du festival international de Rome en octobre dernier. On sait au moins que les origines hispaniques/latino-américaines du personnage de Jesus Quintana ainsi que le développement de son histoire ont grandement influencé l'artiste ex-Montpellieraine, devenue parisiano-newyorkaise.

Après plusieurs autres BO dont La Marche de l'Empereur (2005) et La Délicatesse (2011, et déjà avec Audrey Tautou !), voilà un nouveau projet qui a de quoi non seulement nous faire aimer davantage Emilie SIMON, mais aussi ajouter une nouvelle corde à son arc. Si pour les concerts de la période Mue (2014-2015, pour ma part à la Paloma, excellente salle de Nîmes) on pouvait l'admirer, au sens le plus physique du terme, dans une robe de gala dorée et pailletée, elle a troqué celle-ci pour un ensemble traditionnel de sévillane.

Emilie SIMON nous apparaît ainsi dans son propre clip de "Always Now", sur scène, quand elle ne discute pas avec John Turturro/Jesus Quintana déguisé en barman. Ce titre connait trois versions dont celle-ci, plutôt flamenco "simple" au départ. Le chant de la belle dame se retrouve au milieu de guitares classiques gitanes, de claps de mains et de castagnettes, éléments fondamentaux pour la suite de la BO.

Le charme opère immédiatement, il ne faut guère attendre avant de penser combien ce nouveau costume sied à Emilie SIMON. Même si ensuite, son chant se fait plus rare, même s'il y a des instrumentaux. On part de l'Espagne et on traverse l'Atlantique. Direction Cuba, vivier principal de la culture musicale latino en Amérique avec du mambo, de la salsa, du cha-cha et de quoi enrichir le thème et variation de "Always Now" rythmiquement parlant ou en ce qui concerne l'orchestre.

Des cuivres mariachis et des cordes, piano et harpe compris, sont ajoutées sur la deuxième (instrumentale) et la troisième version (à nouveau chantée), de manière massive ou alors discrète, en sus des guitares et des percussions. L'occasion pour Emilie SIMON de démontrer à nouveau son habileté d'arrangeuse, sans parler des prestations vocales qu'elle varie à loisir. Forte de tout ceci, la troisième version de "Always Now" n'en est que plus réussie ! De même, afin de ne pas perdre totalement la main "jeune", quelques rares orgues, synthétiseurs, même guitare électrique pour une reprise absolument bienvenue de son titre phare, "Fleur de Saison" (album Végétal, 2006).

Autant de charmes distillés en si peu de temps et au bout d'une telle attente ! On reconnaît la sensualité et la classe toutes françaises de la dame – car le film de Turturro rend également hommage à Bertrand Blier et ses Valseuses (1974) –, ainsi qu'on la connait depuis une dizaine d'années sur "Mélancolie", romance nostalgique également déclinée en version pour piano seul. Autres thèmes de choix : le jazz de "Joie de vivre" pour marimba et guitares à la Marcel DADI, le nocturne "Seven Six Seven" avec son tapis orchestral superbe et son solo de flûte traversière.

Welcome back, Emilie SIMON!