Une légende vivante qui atteint son dixième album, voila qui se fête ! Nous sommes en 1986 et Billy JOEL jouit désormais d’une enviable place de superstar Internationale. Ses nombreux succès sont autant de classiques, la voie est toute pavée devant lui. Malgré cela, les turpitudes continuent de s’accumuler sur l’artiste, difficultés à gérer ses diverses dépendances à la drogue et à l’alcool, accidents divers et variés souvent dus à ces même consommations, rapports complexes avec les femmes…Il ne suffit visiblement pas de savoir écrire « Just the way you are » pour être heureux…

A notre habitude nous allons découvrir cet album par le biais de ses singles dans un premier temps. Au nombre de trois, le plus célèbre étant sans doute « A matter of trust » : sur une rythmique calibrée bien grasse, Billy renoue une fois de plus avec sa passion pour le gros rock. On le voit d’ailleurs dans la vidéo arborer une splendide Les Paul gold, une infidélité à son cher piano, comme à son personnage de « Piano man ». Finalement cela n’étonne personne étant donné la versatilité de notre homme, et l’image est bien sympa. Un joli refrain à signaler, et nous voila avec un succès de plus. Le hit atteindra la dixième place du billboard. « Modern woman » atteindra la même place, dans un style que l’on rapprochera des hits de Huey LEWIS à la même époque soit le summum de la superficialité des eighties. S'il prend son pied à la chanter, il ne la reprendra que rarement en concert. Nous retrouvons ce même son plus loin sur « Big man on mulberry street » assez convaincante.
Le troisième single « this is the time » aura moins de succès ; un slow ou l’on retrouve pourtant tous les ingrédients de la réussite du lutin New yorkais. A titre personnel, je l’aime bien car Billyjo y fait preuve de sa sensibilité habituelle, elle est fréquemment dans ses setlists.

Puis nous avons un assemblage original de compositions toujours aussi affutées. Le titre introductif « Running on ice » est un vrai sprint ou l’on ressent l’influence claire de POLICE, jusqu’au chant de Billy qui imite STING à la perfection, ce petit rythme ska polisson est tout simplement savoureux. Quel talent ! Puis nous entendons un autre pianiste de génie sur la bluesy « Baby grand », ce timbre si particulier, c’est bien l’immense Ray CHARLES qui s’est invité sur l’album. Un sacré joli morceau, nanti d’une classe spectaculaire, assurément le sommet de l’album. Autre invité de marque, Cyndi LAUPER cosigne avec lui – et c’est rare - le dernier titre « Code of silence », on y entend aisément Cyndi aux backing, et nous y retrouvons l’harmonica chère à Billy, sur les thèmes country and western qu’il aime à dispenser régulièrement. La mélodie est originale et intéressante, l’intervention du hammond la rend d’autant plus attachante. Dernier invité, Stevie WINWOOD est aux claviers sur « Getting closer », une mélodie Joelienne classique mais le titre me semble un rien balourd et pêche par manque de subtilité… C’était peut-être le but recherché, quelque chose de très direct, mais en l’occurrence cela ne fonctionne pas pour moi, même si le solo de Stevie est brillant. Enfin le dramatique slow « Temptation » clôture cette kro, une jolie chanson de plus à mettre à son crédit.

Cet album sera le dernier produit par le légendaire Phil RAMONE, marquant la fin d’une collaboration fructueuse. L’album, malgré d’évidentes qualités, sera le moins vendu des eighties pour BillyJo. Sans doute manque-t-il d’un classique ou deux pour atteindre la division supérieure. C’est pour moi un 3,5/5.