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- Style : Generation X
- Membre : Paul Weller

The JAM - The Gift (1982)
Par BAAZBAAZ le 19 Octobre 2012          Consultée 5418 fois

The Gift est le grand disque mod de THE JAM. Étincelant et passionné, il révèle la persistance chez Paul Weller de l’influence de la soul des années 60. Des racines profondes mais restées jusque-là discrètes, qui affleurent à peine dans les albums précédents où la priorité est donnée au punk, à la pop kinksienne ou aux expérimentations new-wave. Mais n’était-ce pas cela, avant tout, l’état d’esprit des mods originels ? L’innovation, l’audace, la volonté de ne pas regarder en arrière afin de rester ouvert aux évolutions de son temps… En 1980, Sound Affects avait ainsi fait taire ceux qui pensaient que Weller était exclusivement tourné vers le passé.

Mais à l’heure d’entrer à nouveau en studio, cela ne lui suffit plus. Le génial songwriter, en effet, est fatigué. La gloire inattendue, l’hystérie des fans et la pression continuelle – il a écrit pas moins de cinq albums en quatre ans – le mènent au bord de la dépression. La thérapie passe par la rupture : il décide de faire évoluer de façon radicale le son de THE JAM et d’y incorporer les styles qu’il aime tant, la soul, le funk et le R&B. Ce retour aux sources le fait entrer sur le territoire de ses idoles d’autrefois – THE SMALL FACES ou THE ACTION –, lui permet de débrider sa créativité et d’étancher sa soif d’évolution artistique.

Nous sommes en novembre 1981, et c’est un coup de tonnerre en Angleterre : pour la première fois depuis des années, les bacs à disques ne proposent pas le nouveau THE JAM pour Noël. Le groupe s’est accordé une pause et son leader vacillant en a profité pour composer l’album le plus fascinant et le plus controversé de sa jeune carrière. Une œuvre incroyablement ambitieuse, à la fois flamboyante et déroutante, destinée autant à déstabiliser son public qu’à prendre le contre-pied de l’évolution commerciale qui lui tendait les bras. Plutôt que de devenir le roi de la pop, Weller a embarqué Foxton et Buckler pour un dernier coup d’éclat.

Un disque de musique noire, donc, joué par des rockers blancs. Une démarche typique des mods, bien sûr. Mais pas si éloignée non plus de ce que font alors les bataillons post-punks fascinés par le funk, ou plus simplement les DEXYS MIDNIGHT RUNNERS qui pavent la voie pour une conversion à la soul la plus bouillante. Après l’efficacité froide de Setting Sons et les élans rythmiques très cliniques de Sound Affect, Weller trouve là le moyen de revenir à des sonorités plus chaudes et charnelles qu’il ne cessera de développer ensuite, par-delà la mort de THE JAM, avec THE STYLE COUNCIL et dans ses albums solos.

Alors quoi ? Faut-il vraiment défendre ce disque ? Faut-il s’armer de patience et argumenter face à une poignée de sourds et malentendants qui n’ont toujours pas compris qu’il s’agissait de l’un des meilleurs du groupe ? La musique parle d’elle-même et le public anglais, lui, n’a pas hésité une seule seconde. Envoyé en éclaireur, un premier single rencontre un succès foudroyant : « A Town Called Malice » est une tempête Northern soul incontrôlable, un up-tempo furieux et impérieux qui tient aisément son rang parmi les meilleures compositions de Weller. Elle permet aux JAM d’atteindre pour la troisième fois la plus haute marche des charts, dans un style pourtant très éloigné du punk-rock qui leur avait si bien réussi par le passé.

Loin d’être un cache-misère, le single est représentatif de la qualité de The Gift, qui contient des chansons largement à la hauteur de ce coup de semonce initial. Que ce soit à la croisée du rock et du R&B (le tonitruant « Happy Together » qui ouvre l’album en trombe, ou « The Gift » qui le clôt de manière jubilatoire), ou dans un esprit très funk (« Precious »), THE JAM s’embarque dans une longue fête enfiévrée et trépidante. Les cuivres sont omniprésents (« Ghosts », « Just Who Is the 5 O’ Clock Hero ») et l’ombre de Stax et de la Motown plane sur tout le disque.

Sûr de lui, le groupe se permet même d’inclure « Carnation » une superbe chanson pop à la fois triste et entraînante, qui égale le chef d’œuvre « Man in the Corner Shop ». The Gift est ainsi un concentré de passion, porté par une section rythmique déchaînée aux côtés d’un Weller lumineux qui n’a jamais aussi bien chanté. Grâce à ces qualités, le pari est gagné et l’album est en tête des ventes pendant plusieurs semaines : THE JAM est devenu énorme. Quelques mois plus tard, c’est pourtant la fin. En octobre 1982, son leader stoppe tout en pleine gloire et s’en va fonder THE STYLE COUNCIL, encore plus expérimental. Courageux ou suicidaire, peu importe. Ce geste fou, d’un culot monstre, le fait entrer à vingt-quatre ans dans la légende.

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   BAAZBAAZ

 
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- Paul Weller (chant, guitare)
- Bruce Foxton (basse)
- Rick Buckler (batterie)


1. Happy Together
2. Ghosts
3. Precious
4. Just Who Is The 5 O'clock Hero?
5. Trans-global Express
6. Running On The Spot
7. Circus
8. The Planner's Dream Goes Wrong
9. Carnation
10. Town Called Malice
11. The Gift



             



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