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ROCK  |  COMPILATION

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- Style : Mgmt, Jellyfish, The Lickerish Quartet
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The BEACH BOYS - Endless Summer (1974)
Par BAAZBAAZ le 29 Août 2020          Consultée 2411 fois

L’album le plus vendu des BEACH BOYS est une compilation, et cette compilation pose une question très intéressante : à partir de quand un groupe devient-il prisonnier de son répertoire passé ? Quel est le moment au-delà duquel les fans opèrent un virage conservateur, s’en vont réclamer en concert les sempiternelles vieilles chansons et ne prêtent plus aucune attention au contenu des nouveaux albums ? C’est une fatalité qui guette tous les artistes au long cours : tout le monde se contrefiche aujourd’hui des nouveaux disques des ROLLING STONES, de DEEP PURPLE, des WHO ou de TRUST. Tout ce que veulent les gens, c’est que les groupes en question ne fassent pas trop de caprices en live, ne leur infligent pas trop leurs nouvelles chansons et jouent un maximum de vieux tubes. Soyons francs : on ne va quand même pas se taper une place à 300 $ pour entendre "Hello Sunshine" et "Tucson Train" quand on peut avoir "Thunder Road" ou "The River"… C’est un pacte secret entre les groupes et leurs fans : les uns se font plaisir en sortant des albums qui leur donnent l’impression d’être encore artistiquement vivants, les autres crachent au bassinet pour venir en concert écouter une compilation live. Le monde est bien fait.

A quel moment, donc, un répertoire subit-il cette fascinante malédiction, qui peut d’ailleurs être perçue comme une bénédiction, ou au moins un pis-aller dans la mesure où l’on parle ici d’artistes qui ont effectivement des fans fidèles au pouvoir d’achat raisonnable ? Pour les gros poissons, les gros vendeurs (laissons de côté les petits groupes de niche qui peuvent de toutes façons connaitre, à leur modeste échelle, la même évolution), c’est assez facile en général : c’est lorsque le temps de tubes est révolu, lorsqu’on a beau racler minutieusement au fond du tiroir ou retourner toutes les poches du pantalon, et qu’on ne peut décidément plus remettre la main sur la recette miracle qui permettait autrefois d’envoyer quelques accords et mélodies au sommet des charts et de les graver dans l’esprit des fans. Mais ce n’est pas toujours aussi simple : il y a comme une zone insaisissable, aux frontières mouvantes, au sein de laquelle des albums qui peuvent être honorables, ou même très bons, se voient refuser le statut de classiques et dont le contenu – qui enthousiasme éventuellement les critiques – est presque instantanément oublié au profit de chansons archi-rabâchés écrites parfois un demi-siècle plus tôt.

L’album le plus vendu des BEACH BOYS est une compilation, et cette compilation s'appelle "Endless Summer". Sortie en 1974, elle marque le moment où les membres les plus lucides du groupe (aka Mike Love et Al Jardine) se sont aperçus que leurs fans préféraient écouter "Surfer Girl" ou "I Get Around" plutôt que les excellentes chansons disséminées dans leurs albums – devenus cultes aujourd’hui – de la fin des années 1960 et du début des années 1970, albums difficiles à départager tant ils regorgent de choses magnifiques : si la période qui suit le désastre "Smile" est chaotique, avec des hauts et des bas assez radicaux, le groupe fait quasiment un sans-faute entre 1970 et 1973. Même le mésestimé "Carl and the Passions" est une œuvre splendide, aux ballades inouïes et à la production dantesque. Mais à l’époque, tout le monde s’en fiche. Surtout les fans, qui n’en sont plus vraiment, d’ailleurs. Les BEACH BOYS sont rentrés dans cette terrible zone d’indifférence qui terrorise tant les artistes, et dans laquelle les meilleures chansons sont inéluctablement frappées du sceau du dédain, de la ringardise et de l’échec commercial.

Pendant ce temps chez Capitol Records, l'ancien label du groupe, on garde son sang-froid, on exploite le filon : on sort une compilation. Love, qui en a marre des chansons à tiroir, des rêveries symphoniques de Brian Wilson et des ambitions artistiques démesurées, met la main à la pâte et suggère le titre. Lui, ce qu’il aime le plus, c’est le répertoire primitif du groupe, entre 1962 et 1965, avant "Pet Sounds", quand tout allait bien, qu’il était encore jeune, que le soleil brillait et que les filles venaient hurler aux concerts. Surtout, c’est le répertoire qu’il sait chanter et qui (croit-il) le met en valeur sur scène. Ce sera donc "Endless Summer", double vinyle (46 minutes…) qui sort en juin. Le timing est parfait : les fans 60’s du groupe ont dix ans de plus, ils se sont mariés, ils ont arrêté le surf, ils ont des gosses. Ils repensent à leur jeunesse, lorsque le monde était plus simple, et ils partent en vacances en famille au son de "Surfin’ USA", "Be True to Your School" ou "Fun, Fun, Fun". Ce sont ces BEACH BOYS-là qu’ils aiment. Ils s’arrachent la compilation. Fait notable, celle-ci est numéro 1 au Billboard…. début octobre. Deux mois plus tard, la semaine de Noël, elle s’accroche et résiste encore dans le bas du classement. C’est donc au son mélancolique de "The Warmth of the Sun" que l’on entre dans l’hiver. Nostalgie des 60’s au cœur des 70’s, nostalgie de l’été au cœur de l’automne. L’album porte décidément bien son nom. Ceux qui l’écoutent se sont tournés vers le passé, vers leurs années dorées.

Ce succès est l’un des plus embarrassants de l’histoire du Rock. La compilation est parfaite ou presque (il ne manque finalement que "Barbara Ann") mais là n’est pas l’important. Elle incarne surtout l’instant précis où le groupe s’est retrouvé piégé par son propre répertoire. Les BEACH BOYS, soudain catapultés hors de la zone d’indifférence, se découvrent des fans passéistes. Ces mêmes fans qui n’ont pas daigné acheter le superbe "Sunflower" sont tout à fait disposés à taper des mains sur "Little Deuce Coupe" (excellente au demeurant). Les frères Wilson sont stoppés nets dans leurs élans créatifs et Love décide qu’il faut dorénavant satisfaire le public : tourner inlassablement, devenir un grand cirque nostalgique itinérant et jouer sans fin les mêmes chansons (parmi lesquelles, il est vrai, quelques pépites issues de "Pet Sounds"). Deux ans plus tard, le controversé "15 Big Ones", album symbole de ce rétropédalage artistique, enfonce le clou. Désormais, les BEACH BOYS assument d’être avant tout l’éternelle bande-son des 60’s californienne. Brian Wilson – qui n’est pas très en forme, mais qui continue à composer et reste inspiré contrairement à ce qu’un mythe tenace a laissé croire – aura bien encore quelques fulgurances ("Love You" en 1976) mais la seule chanson à s’installer durablement dans la setlist sera… "Kokomo". Tout est dit.

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- Mike Love (chant)
- Brian Wilson (chant, piano, guitare)
- Carl Wilson (chant, guitare, basse)
- Al Jardine (chant, guitare)
- Dennis Wilson (chant, batterie)


1. Surfin' Safari
2. Surfer Girl
3. Catch A Wave
4. The Warmth Of The Sun
5. Surfin' U.s.a.
6. Be True To Your School
7. Little Deuce Coupe
8. In My Room
9. Shut Down
10. Fun, Fun, Fun
11. I Get Around
12. The Girls On The Beach
13. Wendy
14. Let Him Run Wild
15. Don't Worry Baby
16. California Girls
17. Girl Don't Tell Me
18. Help Me, Rhonda
19. You're So Good To Me
20. All Summer Long



             



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