Plus mauvais disque du monde et de tous les temps.

C'est en ces termes peu chaleureux que l'omniscient Télérama qualifia Vaut mieux en rire que s'en foutre, premier disque de Didier SUPER, ce qui en soi assure à l'album un certain intérêt.

Pour les quelques lecteurs qui n'auraient jamais entendu un titre de Didier SUPER (et il y en a! Peut-être même vous! Honte!), imaginez-vous un type qui essaie de vous faire oublier ce qu'est le bon goût, en un quart d'heure seulement. En 18 minutes et 10 titres plus exactement (vendu à sa sortie au prix d'un album normal, faut-il le préciser), il nous livre titre débile sur titre débile, avec un chant qui rejette avec sincérité le concept de chanter juste, Didier SUPER ne devant d'ailleurs, à l'époque, pas savoir mieux chanter que ce qu'il nous offre ici. Mais, a priori, il s'en cognait et s'en cogne encore, et cette impression d'amateurisme qui jaillit de chaque seconde de Vaut mieux en rire que s'en foutre, qu'il s'agisse du chant ou de la partie instrumentale (du synthé bas de gamme), participe grandement à la qualité de l'album. Enfin, qualité, pas sûre que le mot soit approprié ici, mais difficile de résister aux textes stupides et absurdes de chaque titre, parfois teintés d'une provocation pas bien fine (y'en a marre, marre des pauvres, ils font chier, ils font chier, ils sont maigres !), parfois juste simplement idiots (petit caniche, peluche pour vieux, la perruque à ta mémé c'est tout ce qu'il reste de ta mère), et jamais bien prétentieux.

On pourrait relever que l'on devine ici un Didier SUPER militant, qui dénonce les travers de notre société derrière des paroles ironiques et provocatrices, mais ça serait aller bien au-delà de l'ambition de l'album, qui est plus simplement de vous faire marrer. Cela n'a d'ailleurs pas fait rire tout le monde (à commencer par Télérama donc, mais ce fait est déjà amusant en lui-même), mais pour peu que vous accrochiez à cet humour, les 10 titres qu'offre Vaut mieux en rire que de s'en foutre vous accompagneront un bon moment, seul ou à partager avec les copains. Ils vous emmèneront dans les sillons de la connerie décomplexée pendant un court mais suffisant quart d'heure.

Bon, voilà, la chronique est finie. Je ne vois pas pourquoi je me fatiguerais plus que ça pour un artiste qui de toute manière se moquerait bien que l'on prenne la peine de chroniquer un de ses albums. Pour la note, va pour un 3/5 bien neutre, noter un album de Didier SUPER étant un acte un peu absurde.

Finissons sur un mot empli de sagesse de l'artiste lui-même et qui résume bien l'album, prononcé lors d'une interview à propos de ce disque :

Certains appellent ça de la provocation, d’autres de la merde… Tout le monde a raison !

(il est à noter que l'album s'est vu ajouté jusqu'à 4 titres au fil des rééditions, et que le second album, Vaut mieux en rire que s'en foutre 2, n'est autre qu'une version orchestrale de celui-ci avec une mention ajoutée derrière chaque titre, "version pour les vieux". Bien vu, Didier.)