Un petit conte de Troll, ça vous tente ? Il n’y a pas de fées en Islande ! Cette fabuleuse île de glace et de feu, patrie de quelques 300 000 habitants – l’agglomération de Montpellier –, a déjà fait ses preuves en matière de musique : les SUGARCUBES, dont la chanteuse BJORK fait ensuite la carrière Internationale qu’on connaît, en métal FALKENBACH… Une scène Rock ultra développée pour un si petit pays. Et nous voici avec la dernière sensation du moment, un sextette plutôt intello, fan de STEINBECK dont il plagie le roman « Of mice and men » - Des souris et des hommes –. Cela promet d’être une vraie découverte. Le groupe est l’émanation du projet solo de la chanteuse Hanna Hilmarsdottir.

D’ailleurs, lorsque sort le single « Little talks », titre écrit par Ragnar et Nanna, les deux co-vocalistes, les ricains ne s’y trompent pas et un million d’exemplaire s’écoule rapidement sur le continent américain. Le rythme chaud, merveilleusement positif, les chœurs folk à la POGUES emportent l’auditeur vers des contrées vertes et douces, les voix des deux chanteurs s’entremêlent au grès de couplets rehaussés par des cuivres joyeux. Tout pour faire un standard, c’est simple direct et facile à retenir. Une chanson pour la génération 2012, un hymne dédié à la bonne humeur. Le deuxième titre lancé sur le marché des singles est « Mountain sound », chanson au titre typique des lieux et qui rappelle la montagne des dieux l’« Herdubreid ». On y retrouve les ingrédients développés dans le premier single. Beaucoup d’allant et de dynamisme, mais sans doute aussi moins d’originalité. Nous trouvons ensuite un très beau rythme sur « Your bones », une des réussites de l’album, agrémentée comme à l’accoutumée de chœurs aériens et de cuivres denses. Puis nous embrayons avec « six weeks » sur un titre plus pêchu et agressif, les islandais font donc preuve d’une belle diversité dans leurs choix de composition.

Et de l'originalité nous avons donc un peu partout. Je pense notamment au titre introductif, petite comptine qui se transforme en Rock alternatif de haute volée. Ce « Dirty Paws » est un superbe exemple du style des islandais, tout comme la surprenante « Lake house ». La fusion des voix, ces chœurs simplistes… Par moment je pense à BIG COUNTRY voire même à LLOYD COLE, les influences celtiques sont patentes, mais à la mode viking. Cela sonne pas mal rétro malgré tout, comme une petite resucée des années 80, avec une dynamique supplémentaire. Et nous retrouvons ces intonations traditionnelles islandaises, que nous avions découvertes dans la bouche de leur prestigieuse ainée BJORK. Cette manière d’appuyer sur certaines syllabes ou de détacher certains sons comme dans le ciselé « Slow and steady » à l’atmosphère irréelle, sur « King and lionheart » ou encore sur la jolie « Yellow light », des éléments que nous retrouvons essentiellement dans le chant d’Hanna, le chant de Ragnar étant plus classique. C’est toujours doux et sympa, on se croirait d’ailleurs autour d’un feu de camp à chanter des chansons traditionnelles.

Finalement, cette musique si originale n’est autre qu’une forme d’Indy Folk, que nous pourrions rapprocher des américains de BON IVER ou des anglais de MUMFORD and SONS, avec toutefois une forte influence New Wave des eighties. En tout cas, pour un premier opus, nul doute que nous pouvons affirmer avec conviction qu’il est réussi. Les jeunes islandais semblent avoir la tête sur les épaules, il me semble qu’une carrière de premier plan les attend, pour peu qu’il fasse preuve de bon sens. A découvrir .