Déjà quatre années se sont écoulées depuis le premier album si réussi et prometteur des islandais de OF MONSTERS AND MEN. C'est un délai très long pour un groupe si jeune. Pourtant, l'inquiétude ne semble gagner en aucune mesure les cinq membres du groupe. On se souvient du flambard que la sortie de l'opus avait provoqué sur les terres de l'oncle Sam lors de sa sortie. Dites-vous que dès sa sortie ce disque à l'étrange couverture alphabétisée s'est retrouvé de suite à la troisième place du Billboard US, rien que ça ! C'est suffisamment rare pour être annonciateur de bonnes nouvelles !

On retrouve la principale chanteuse Nanna sur trois des quatre premiers titres chargés d'officialiser leur retour. "Crystal", le premier single, reprend la formule magique auparavant développée sur "My head is an animal". L'approche si spécifique de nos artistes tend toujours vers une forme d'indie pop saturée d'éléments propres à leur nation si particulière. Puis "I of the storm", avec son rythme lancinant et martial, reste dans cette même optique, nanti de quelques éléments plus mainstream sur le refrain facile à retenir.

Ragnar ne prend le relais que sur "Empire" avec sa voix nasillarde si étonnante. Une chanson qui rappelle certains moments de gloire des eighties, on se croirait en pleine époque héroïque dans les années 85, et c'est vrai que BIG COUNTRY me vient encore à l'esprit à cet instant. Nanna revient sur le dernier single "Hunger", un titre où la quiétude de l'intro laisse place à une belle mélodie simpliste qui fait la part belle à la chanteuse, sans doute le plus réussi. Comme souvent, Ragnar la rejoint sur les refrains et la mixité de leurs deux voix si originales sonne toujours de manière aussi magnifique. Les guitares limpides sonnent aussi belles et cristallines que la chute d'eau de Selljalandfoss, pour établir une comparaison digne de ce nom !

"Wolves without teeth" est l'exemple même du genre de compos agréables que le groupe compose à l'envi. On y retrouve tous les ingrédients de OF MONSTERS AND MEN, le chant lyrique de Nanna, celui léger de Ragnar, les grattes aériennes, les ambiances désertiques. très sympa, le meilleur morceau de cette livraison à mon sens avec l'atmosphérique "We sink". La belle guitare ciselée, doublée du Hammond sur "Slow life" est aussi un des moments-clé de l'album. Alors certes, le chant monocorde de Ragnar pourra sur le long terme, un peu vous sembler irritant, de même que les vocalises si Bjorkienne - en fin de compte islandaises - de Nanna. Mais les mélodies sont toujours belles et originales. Et si vous ne pensez pas à BJORK sur 'Organs" c'est que vous êtes de bien mauvaise foi.

Le titre bonus "Backyard" sent d'ailleurs la BJORK époque Homogenic à plein nez, étonnant comme tous les Islandais ont des points communs quelque soit leur style de musique. Car oui, je vois aussi des similitudes avec les ambiances désertiques et assoiffées des metalleux de SOLSTAFIR, dans une veine plus méchante mais tout aussi contemplative, voyez donc sur "Thousand eyes".

J'avoue moins d'enthousiasme qu'à l'écoute du premier album. Ce second méfait est une quasi copie carbone du premier en terme d'approche. Les compos oeuvrent dans leur style si spécifique, c'est sûr, et nul doute que tous ceux qui ont aimé My head is an animal vont adorer ce Beneath the skin. Mais il me faudra quant à moi plus qu'une simple redite, même de bonne qualité, pour mettre une très bonne note à ces grands espoirs de la musique du 21eme siècle, tout en sachant qu'ils ont clairement les moyens d'atteindre l'excellence. Qui aime bien châtie bien !