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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Style : Léo Ferre , Sanseverino, Claude Nougaro
 

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Bernard LAVILLIERS - Le Stephanois (1975)
Par BAYOU le 3 Avril 2014          Consultée 6666 fois

Le Stéphanois peut être considéré comme le véritable premier album de LAVILLIERS. Chanson pour ma mie de 1968 et Les Poètes de 1972 avaient connu une carrière plus que confidentielle. C’est vraiment en 1975 que la France giscardienne entend parler de l’homme du Forez.
La pochette aux couleurs criardes n’est pas vraiment vendeuse. Heureusement, le ramage vaut mieux que le plumage.

Parmi les onze chansons assez courtes de l'album, on trouve les futurs grands thèmes de LAVILLIERS : le voyage, si possible exotique ("San Salvador"), l’amour du pays ("Saint-Etienne"), la prophétie futuriste ("La grande marée"), l’engagement contre l’argent roi ("Les aventures extraordinaires d'un billet de Banque"), le citoyen engagé ("La vérité", "L’Espagne","CIA"), l’amour des musiques du monde ("La Samba").
Nanard est encore inspiré par les textes de FERRE, voire de MOUSTAKI : on trouve une ressemblance dans la construction de "La vérité" avec "Sans la nommer" du pâtre grec.
"Les Aventures extraordinaires d'un billet de banque" entretient également des similitudes avec, dans le même genre, "Je suis Amoureux d’une cigarette" de Jacques HIGELIN, quand LAVILLIERS fait raconter son histoire par un billet de banque.
Mais on retient surtout des chansons qui sont devenues des classiques : dans "La Grande Marée" à la guitare acoustique, la voix de LAVILLIERS est douce, sereine au début, mais ce qu’il raconte est terrible. Ensuite, la voix s’accélère, se durcit, c’est quasiment 1984 d’Orwell, avec les derniers mots qui tombent comme le couperet tranchant la tête du condamné : Nous ne faisons plus jamais l´amour, sauf de temps en temps/Avec les gardiens qui nous surveillent/Le mien est frigide.
Succède à ce monument, "San Salvador", une série de mini-portraits, comme celui du légionnaire loin de la France (le même que celui qui boit sa bière en chialant chez HIGELIN dans "La Rousse au Chocolat"?). Le texte est superbe, certainement un des meilleurs de LAVILLIERS, avec son refrain obsédant : Si tu vas à San Salvador/Va voir la femme/Qui sait lire dans les yeux du sort/Aussi dans les flammes/Elle te dira des mots très forts/Comme les tambours/Qui dansent sur la terre des morts/Juste avant le jour.
On n'est pas d'un pays mais on est d'une ville/Où la rue artérielle limite le décor/Les cheminées d'usine hululent à la mort/La lampe du gardien rigole de mon style.. C’est le début de cette chanson où LAVILLIERS raconte sa ville, "St Etienne", à l’époque des hauts fourneaux, de l’industrie lourde, quand le nom travailleur avait un sens humain profond et n’était pas qu’une variable d’ajustement pour les multinationales avides de profits. LAVILLIERS est un des rares chanteurs français à évoquer le travail des ouvriers, comme il le fera aussi plus tard avec le superbe "Les Mains d’Or" en hommage à son père.
"La Samba" est un hommage caché à Victor Jara (Z´ont tué le guitariste /lui ont brisé les doigts/Interdit sa musique / surveillé quelques mois /Mais au fond des mémoires / sur des marteaux-pilons/Les compagnons d´usine ont gravé la chanson.../) hommage au musicien honteusement torturé et tué par la junte de Pinochet au Chili.
Et on termine par l’évocation d’une autre dictature, qui vient juste de se terminer, proche, toute proche de chez nous, "L’Espagne" là aussi, les mots claquent comme des coups de fouet sur les touristes qui partent en vacances en fermant les yeux sur le régime franquiste. Et le Français moyen/Se sentant enfin riche/
Achève son décor/Rustique et ses galops/Sur la desserte horrible/Il cloue entre ses biches/Un vilain Christ noir/A tête de taureau
.
C’est aussi sur ce disque, malgré le faible budget, ce qui se ressent d’ailleurs sur certains titres, que le futur groupe de scène prend forme avec Mahut (percussions)/François Bréant (claviers)/Pascal Arroyo (basse) et Emmanuel Lacordaire (batterie).
Les mots de LAVILLIERS ont gardé leur force, leur puissance. D’ailleurs, rien, hélas, n’a vraiment changé depuis 1975.

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   BAYOU

 
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- Bernard Lavilliers (guitares, chant)
- Mahut (percussions)
- François Bréant (claviers)
- Pascal Arroyo (basse)
- Emmanuel Lacordaire (batterie)


1. Les Aventures Extraordinaires D'un Billet De Banqu
2. Le Buffet De La Gare De Metz
3. C.i.a.
4. La Vérité
5. Balthazar
6. La Grande Marée
7. San Salvador
8. Les Antimémoires
9. Saint-etienne
10. La Samba
11. L'Espagne



             



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