Dans la catégorie coffrets, Crosby a son « Voyage », Graham Nash « Reflections », Neil Young « Archives (Volume 1) », Stephen Stills est donc le dernier des Fab Four américain à sortir le sien. Le grand problème de Stills est et a toujours été… Stills. C’est un des plus talentueux musiciens, un compositeur doué, mais avec son caractère de cochon et il a déployé une énergie folle à se bourrer le nez de coke pendant des années, sortant des albums solos bâclés, organisant à la hussarde des reformations de C S& N, dévoyant sa voix et son talent dans des plans douteux, se fâchant puis se réconciliant avec la Terre entière.
Pourtant cette rétrospective permet de mesurer la qualité du bonhomme, d’autant que le coffret comporte presque 20 titres inédits.

Une grande partie du premier CD est composée de chansons de Buffalo Springfield, première rencontre et collaboration avec Neil Young, et dès 1966 l’essentiel était là. « Bluebird », « Rock and Roll Woman », For What It’s » sont restés frais, inventifs, et superbes.
La seconde partie est consacrée à CSN&Y avec des enregistrements connus de la première période mais comment résister à “Suite: Judy Blue Eyes” ou “Woodstock” ?
Le deuxième CD contient deux morceaux enregistrés avec Jimi Hendrix dont l’inédit « No-Name Jam” qui présente surtout une valeur historique, d’autres enregistrements sont extraits de l’excellent album solo Stephen Stills dont “Go Back Home” avec Eric Clapton et tout doucement on arrive à la période Manassas. Pour moi, le grand album, et le meilleur groupe de Stills. A la façon de The Band il aborde différents genres de la musique blanche américaine, servi par un sacré combo (Chris Hillman, Al Perkins, Dallas Taylor, Joe Lala…) et si vous ne connaissez pas ce groupe, terminez vite de lire cette chronique et courez l’acheter!
Un autre inédit intéressant “Change Partners » avec Nils Lofgren et Paul Harris au piano, Jerry Garcia à la pedal steel guitar, Dallas Taylor aux drums et Joe Lala aux percussions.
Ce CD est particulièrement excitant et s’écoute encore et encore.
Le troisième CD contient du bon mais aussi du moins bon. La “Spanish Suite” de plus de onze minutes avec Herbie Hancock qui figure sur « Man Alive » s’étire en longueur et le magnifique “Dear Mr. Fantasy” de Traffic souffre d’être coincé entre elle et “Cuba Al Fin”.
Et si “Turn Back The Pages” des Byrds est une réussite, ce disque montre un Stills qui se cherche, qui explore des genres musicaux où il n’excelle pas, même les chansons avec CSN&Y sont d’un niveau inférieur.

Le dernier CD remet les pendules à l’heure. Fans de Dylan, écoutez à la suite “Ballad Of Hollis Brown” avec juste Stills puis “Girl From The North Country”enregistré live par CS&N en octobre 2012 au Beacon Theatre de New York. L’émotion, même si sur cette dernière la voix de Stills a vieilii est toujours là. Et cette version live inédite de “No Tears Left” de 1997 absolument fabuleuse, suivie par “Ole Man Trouble” d’Otis Redding du 22/02/2002 avec CSN&Y et Booker T. Jones Donald Duck bass et Steve Potts!
Et pour en terminer, j’avais complètement zappé « 50/50 »sorti sur Right by You avec Jimmy Page à la guitare, ce qui démontre, si besoin l’étendue du carnet de (bonnes) adresses de Stills.

Un coffret réussi qui comblera les fans avec de nombreux inédits et qui peut faire découvrir les multiples facettes de Stills à ceux qui ne connaissent que sa participation à CSN&Y.