Aujourd’hui, on répare une injustice, une aberration, un scandale. Regardez les chroniques disponibles de LED ZEPPELIN. Rien ne vous choque ? Ben oui, à part Celebration Day, le live de la reformation de 2012, il n'y figure AUCUN enregistrement live. On parle ici d’un groupe qui a écumé les scènes pendant douze ans de 1968 à 1980, donnant des concerts historiques et fabuleux qui sont maintenant entrés dans la légende du rock.

Certes, le groupe est un peu responsable. Un seul live pendant leur carrière, The Song Remains the Same, sorti en octobre 1976, qui documente les concerts au Madison Square Garden de New York les 27, 28 et 29 juillet 1973. Pas vraiment réussi, le groupe termine sa neuvième tournée américaine, les shows sont filmés, ce qui oblige les musiciens à garder les mêmes vêtements les trois soirs. Rien à voir avec ces live historiques de la concurrence comme Live at Leeds des WHO, Made in Japan de DEEP PURPLE ou Get Yer Ya-Ya's Out! des STONES.

Si on en reste à la tournée US 1973 du dirigeable, dans la mesure où Peter Grant enregistrait tout, on peut considérer que les concerts de Dallas des 18 et 19 mai, celui de Los Angeles le 31 mai, jour de l’anniversaire de Bonzo, ou encore celui donné en plein air à San Francisco au Kezar Stadium sont d’un niveau musical nettement supérieur, sans parler de celui de Tampa du 05 mai qui avec 56.000 personnes payantes battait le record de spectateurs pour un concert de rock.

Jimmy Page toutefois est un businessman très avisé. Aussi, en novembre 1997, il sort un double album de concerts diffusés par la BBC en 1969 et 1971. Certes, des enregistrements pirates de ces bandes circulent depuis longtemps, mais le petit rusé bidouille en studio et fait de l’editing de ses solos. Il a récupéré les bandes avec difficulté. Sans épiloguer sur ces enregistrements qui sont connus depuis presque vingt ans, on remarque que le CD2 est une vraie tuerie car il s’agit d’un concert complet donné le 01/04/1971 avec un "Black Dog" fulgurant introduit par le riff de "Out On The Tiles », une des premières versions live de Stairway to Heaven", les versions acoustiques de "Going to California" et "That's The Way" et le toujours intense "Since I've Been Loving You". Trois versions différentes de "Communication Breakdown" y figurent, démontrant que le groupe à l’époque modifie constamment ses interprétations. Et bien sûr les grands morceaux “You Shook Me”, “Dazed And Confused” et “Whole Lotta Love”.

Retour dans le présent avec la sortie de The Complete BBC Sessions, soit les deux mêmes CD qu’en 1997 remasterisés par Jimmy himself, plus (tout est dans le plus) un troisième CD de neuf titres jamais publiés (en officiel) dont un totalement inédit “Sunshine Woman”. Le premier réflexe est de penser que Page devait avoir des frais d’entretien à payer pour son château et qu'alors il s’est enfermé dans son studio, a réussi à récupérer les titres du dernier CD (plusieurs versions de cette récupération circulent, mais on s’en fout un peu) et hop, il nous ressert la même chose qu’en 1997. On connaît l’habileté de notre homme pour refourguer des éditions de luxe des remasters, des definitive editions depuis 1980 !

Et puis merde, c’est LED ZEPPELIN, alors on écoute ! Et la magie opère à fond avec “White Summer” et une courte version de “Dazed And Confused”. Certes, il nous fourgue encore deux versions de “Communication Breakdown”(cinq au total sur les trois CD), mais le Robert déboule avec sa voix charmeuse dans “What Is And What Should Never Be”, le gars Bonham caresse les cymbales et puis boum on envoie la sauce. Comment résister à la magie, comment résister à ces trucs ultra connus ? On plonge, on remonte le volume, vu que le Zep, même les voisins ont le droit d’en profiter.

Eclairs de guitares, Bonham est parti, on ferme les yeux… LED ZEPPELIN. Sortie tout droit de l’enfer, la voix de Plant attaque “I Can’t Quit You Baby” et le lutin noir de Jimmy tricote ses riffs malfaisants, ses chorus tranchants. Le groupe est resté dans les gênes : il suffit de “You Shook Me” et tout recommence, encore et encore, presque cinquante ans que cela dure ! Et « Sunshine Woman” alors ? Un morceau punchy avec l’harmonica très présent et les tambours qui battent avant un solo final de Jimmy.

C’est pas le tout, mais il reste du boulot avec les autres live à chroniquer !