Déjà 8 albums. Le petit prodige de QueensBridge ne chôme pas, ça non. C'est même un des artistes de rap américain les plus présents et réguliers de son époque. Il arrive dans une période où, 12 ans après son arrivée officielle sur la scène avec un Illmatic devenu culte, le rappeur n'a plus trop de soucis à se faire quand à sa réputation et son public, toujours présent. Précédé de 3 albums de très bonne facture, ce Hip Hop Is Dead arrive dans les meilleures conditions pour être adulé et au top des ventes pendant un moment.

Le titre est assez provocateur, NAS explique dans une interview qu'il sous-entendait par « le hip hop est mort » l'absence de pouvoir des artistes, c'est à dire qu'ils ont besoin de producteurs et de maisons de disques s'ils veulent se faire connaître un minimum. Le rappeur va plus loin en disant que les artistes ne pensent plus, ne font plus leur propre musique mais s'adaptent aux merdes que les radios attendent. Le discours de NAS, aussi arrogant et provocateur soit-il, reste malheureusement vrai en grande partie, et pour preuve, les plus grandes nouilles commerciales du rap américain l'ont attaqué en jugeant ses propos dénigrants, alors que des artistes moins médiatisés l'ont soutenu dans sa démarche.
Mais bon, après tout, le but principal est de toucher le public, et ce fût chose faire puisque l'album vendra plus de 350.000 copies la première semaine. Ça paraît plutôt logique, quand on sait que le premier single sorti pour la promotion de l'album n'est autre que le morceau éponyme, « Hip Hop Is Dead ». Sacré choix de single, où NAS reprend l'instru utilisée sur son dernier album avec le morceau « Thief's Theme ». On a la patate d'un morceau rap comme on en veut plus souvent, le refrain est rentre dedans au possible grâce au riff de guitare détonant. Avec un aperçu pareil, on s'attend à un album de la trempe de Stillmatic ou God's Son.

Sauf que quand on découvre l'album en entier, la déception est rapide. Des instrus fades qui n'accrochent pas l'auditeur, je pense notamment à « Money Over Bullshit » ou encore « Who Killed It » pour ne citer qu'eux, des titres qui ne seront pas réécoutés car trop peu originaux. En écoutant l'album très peu de titres se démarqueront si l'on exclut le single de promotion. On retiendra « Black Republican » en duo-réconciliation avec JAY-Z, ce dernier a toujours autant de présence et de classe quand il a le micro entre les mains, c'est indéniable. Le crémeux mais passable « Not Going Back » en duo avec KELIS est sympa a écouter, « Hustlers » bien qu'il soit doté d'une instru clichée et typée rap US à la 50 CENT, passe dans les oreilles sans plus.

Et le constat final est assez amer, bien que certains morceaux se défendent comme dit ci-dessus, l'ensemble reste fade et en dessous de ce à quoi NAS nous a habitués. Espérons que la tragique suite I Am... et Nastradamus ne se reforme pas une seconde fois dans la discographie du rappeur, et que ce Hip Hop Is Dead n'était qu'un simple coup de mou. On peut néanmoins souligner l'impact médiatique que l'album a suscité, entraînant quelques clans entre ceux qui sont d'accord et ceux qui vont le critiquer encore plus. On a beau être du même avis que le New Yorkais, son album reste moyen et décevant par rapport à son potentiel, espérons que le retour sera fracassant par la suite, à l'image d'un Stillmatic qui fut plus que réussi.