Si notre ami 2PAC était déjà pas mal actif de son vivant, avec pas moins de 6 albums en 6 ans, c'est bel et bien après sa mort que son activité va prendre une ampleur digne de ce nom. Le ton ironique de ce début de chronique n'est étrangement pas si faux que cela, car en plus d'un Greatest Hits qui fut très bien foutu et nécessaire, on a le droit à 5 albums qui seront publiés après le décès du rappeur, avant d'accueillir Loyal To The Game.
Et pourquoi mon flair avisé de chroniqueur s'est attardé sur celui-ci plutôt que sur les autres en premier ? Parce que j'ai ouï dire que le rappeur mondialement connu EMINEM avait été ému par la vie du regretté Tupac SHAKUR et qu'il avait demandé personnellement à la mère du défunt s'il pouvait enregistrer un album posthume. Comme c'est touchant. Vous l'aurez donc deviné, le petit Slim Shady a flairé les thunes avec 2PAC, il a flairé le succès que pourrait connaître une production aussi importante, il a donc foncé.

Très honnêtement, pas besoin de voir écrit noir sur blanc qu'EMINEM a produit cet album. Dès la première note de la première chanson « Soldier Like Me », on croirait entendre une instru tout droit sortie d'un album de Marshall Mathers, elle ressemble comme deux gouttes d'eau à ce à quoi notre cher rappeur blanc nous a habitués. Et au niveau de la voix de 2PAC, rien de bien débordant, le flow est assez vide car complètement informatisé, on sent le copier coller pour bien coller dans les mesures. Néanmoins, le refrain assuré par EMINEM tient la route.

Bon, on retiendra quand même quelques titres qui dépouillent pas mal. Parce que même si 2PAC n'est en aucun cas intervenu sur cet album pour cause de décès 8 ans auparavant, l'informatique fait des merveilles. Donc soit on condamne le processus sans même l'écouter, pensant que la musique ne doit pas être faite de retouches mais de feeling et de personnalité. Ou alors on se dit qu'on a tellement aimé l'artiste durant son vivant qu'il serait dommage de faire l'impasse sur cet album, bien que les défauts soient présents avant même d'avoir ouvert la pochette. Je fais partie de cette deuxième catégorie d'optimistes.
Ceux-ci trouveront du talent dans un « Ghetto Gospel » au sample si pertinent d'Elton JOHN, pour un morceau qui propose un ambiance unique et qui est une franche réussite sous tous les points. Ils trouveront aussi leur compte dans « Thugs Get Lonely too » qui, comme tous les morceaux où Nate DOGG prête sa voix, est plein de pêche et de surprises. Ils s'attarderont aussi sur « N.I.G.G.A » dans lequel l'instru épurée va permettre à 2PAC (enfin, Eminem...) de pousser sa voix de façon agressive et crue. Enfin les optimistes seront rassurés par un « Crooked Nigga Too » qui est bien plus dans le style de 2PAC-vivant que le reste de l'album, agressif au moins dans la voix, l'instru ne suivant pas tellement le flow impressionnant du défunt.

Bon, après, on a beau être ultra optimiste et avoir tendance à trouver le bon là où il y a pleins de défauts, il faut pas abuser non plus. Cet album n'est pas un album de 2PAC, mais un album d'EMINEM. La voix de l'un sur la production de l'autre. Marshall Mathers ne s'est pas mit dans la tête de Tupac Shakur, il s'est contenté de faire sa soupe en utilisant la voix vendeuse du défunt. Une déception ? Oui, assurément. Le casting paraissait si bon sur le papier, mais on sent trop la retouche, et tellement peu le naturel sur cet énième album posthume. On se contentera de le réécouter très rarement pour les bons titres cités au dessus, mais rien de très mémorable comme on a pu trouver chez le rappeur quand il était en vie. En attendant, cela ne fait aucun doute que la position de number one dans les charts est due au fait que le casting soit alléchant plutôt que par la qualité de l'album.