Le rap est amplement critiqué. Il y en a même qui osent dire à la télévision que c'est une sous-culture. Sauf que ces gens là, ils ont pas eu la même vie que Tupac SHAKUR. Ils ne connaissent rien des réalités du ghetto, évoluant dans les jupons de leur mère et pistonnés pour arriver là où ils en sont. Quand notre famille évolue dans les flingues, la drogue et la prison, on a différents choix d'évolutions, et peu paraissent bons. Même 2PAC, qui a accompli de grandes choses en devenant l’emblème numéro 1 du rap américain, a joué à ce qu'il aime appeler la « thug life ». En d'autres termes, une vie de voyou. Tupac est né dans un ghetto, et il mourra dans un ghetto.

All Eyez On Me est le cinquième album du New Yorkais. Quel parcours, jusqu'ici ! Que de classiques en si peu d'albums. Mais avec cette cinquième œuvre notre rappeur va sortir sa masterpiece, l'élément essentiel à sa discographie, un immanquable pour tout auditeur de musique. Très loin des discours sur la société pour lesquels on avait apprécié 2Pacalypse Now et son deuxième opus, il met en avant l'aspect « gangsta » dans ses textes.

Il est temps de parler des morceaux qui secouent la tête, qui bluffent et qui impressionnent. Difficile d'en sélectionner que certains sur ce double album qui ne comporte aucun faux-pas. Allez, on peut commencer avec « All About U ». Un morceau intemporel, qui donne l'impression d'être 100% naturel et logique, comme si ça devait se passer de la sorte. Comme si 2PAC devait rapper à la perfection sur cette instru qui lui sied à merveille, comme si l'intervention de Nate DOGG sur le refrain qui donne un côté festif parfait au morceau était logique. Claque.
On continue avec « 2 of Amerikaz Most Wanted », où l'invité d'honneur n'est autre que le grand et enfumé Snoop DOGG. Encore une fois, tout coule de source, avec tant de facilité. Le rap de 2PAC frise le génie. Deuxième claque.
Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? On passe par « Life Goes On », titre qui ferait chialer tout un régiment tant 2PAC sait transmettre l'émotion dans son rap. Troisième claque.
Comme si c'était fini... Le deuxième cd est loin d'être en reste, avec « Shorty Wanna Be a Thug », « Picture Me Rollin' » ou encore « All Eyez on Me » qui utilise la même instru que « Street Dreams » de NAS sorti la même année. Respectivement la quatrième, cinquième et sixième claque.

Après avoir reçu bon nombre de baffes tout au long de l'album, les joues rouges, on se rend compte que, outre ces titres qui sortent du lot par leur instru et leur ambiance unique, tous les autres titres révèlent leur lot de surprises. « Skandalouz » est presque intime, touchante avec son instru posée mais rythmée. On ne présente plus « California Love », ici présentée en remix, un poil moins intéressant que l'originale. Et puis merde, j'arrête de faire une liste des bons titres, vous achetez l'album, vous le mettez dans votre lecteur, vous écoutez tout en détail et vous adorez. Je ne vois pas d'autres schémas possible.

All Eyez On Me est incontestablement un des plus grands albums de rap. 2PAC a fait très fort. Il a été encensé par la critique et pour cause : il ne contient aucun défaut, même le format double album qui pourrait se révéler long ne l'est pas du tout. Aucun ennui. Juste un petit génie qui était fait pour être rappeur, et qui ferait aimer le rap à n'importe quel bougre qui se penche un peu sur le sujet.

Avec un album comme ça, on pourrait même se dire « Après ça je peux mourir en paix ». Et c'est ce que Tupac Shakur a fait. Sa vie de « thug » lui a joué des tours, pour sûr. On ne peut rien lui reprocher, il a eu la vie qu'il voulait. Et en plus il nous a sorti des albums géniaux. Respect à un gars qui a eu une vie pas comme les autres, bluffant. R.I.P...