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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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2000 Space Revolver
2001 The Rainmaker
2006 Paradox Hotel
2022 By Royal Decree
 

- Membre : Transatlantic
- Style + Membre : Kaipa

The FLOWER KINGS - Unfold The Future (2002)
Par KID66 le 16 Décembre 2013          Consultée 3003 fois

En 2002, la seule déception d’un homme sortant de 10 ans de cryogénie, avide de découvrir les évolutions du monde moderne, aurait été (pourvu qui qu’il soit amateur de bonne musique) de constater que le Rock Progressif n’avait aucune surprise à lui présenter dans son bilan de 10 longues années. Les courbes stagnent, le diaporama s’écourte, les applaudissements se tarissent… Dans une ombre envahissante, les Progueux continuent à faire leur petit bonhomme de chemin, l’esprit vide d’ambitions mises au coffre depuis bien longtemps.

SPOCK’S BEARD et surtout TRANSATLANTIC ont perdu leur papa, MARILLION semble quelque peu égaré, PENDRAGON est aux abonnés absents. Comme le dirait Théoden : « Est-ce tout de votre magie ? ». J’oublie cependant d’évoquer PORCUPINE TREE qui garde la tête haute. Sinon ça aurait été trop facile ! La horde de formations émergentes du genre ont alors les mêmes objectifs que leurs aînés et commettront les mêmes erreurs : vouloir raconter la Genèse, régner comme Crimson, dire oui à tout, faire la chasse au flamand rose, fumer des Camel… (j’avoue ne pas avoir trouvé de boutade nulle sur ELP et VAN DER GRAAF). Pourtant coupables des mêmes aspirations et procédés, les leaders du Metal Progressif n’ont jamais été aussi puissants qu’à l’aube de ce millénaire.

Personne ne mise alors un copec sur les FLOWER KINGS, poussés gentiment vers la sortie depuis Stardust We Are malgré une farouche résistance. Avec The Rainmaker, ils auront involontairement signé l’acte de reddition. Et pourtant, la formation suédoise a peut-être encore des choses à dire… La tradition n’est-elle pas de permettre au condamné de s’exprimer une dernière fois avant de laisser le couperet tomber ?

Unfold The Future s’oppose en tout point à son prédécesseur. Le format double et la pochette au ton contemporain sont de premiers éléments, mais le principal se révélera vite à l’auditeur : Roine Stolt innove, expérimente. Avec son œuvre de 2002, il pose un pied sur des terres jazzy encore inexplorées, tout en gardant l’autre sur les sentiers battus (un grand timide ce Roine). Il en résulte en album bien évidemment riche et surtout varié, ceci n’étant cette fois pas seulement dû à sa longueur, loin s’en faut.

Les trois grands représentants de cette nouvelle tendance sont « Christianopel », « Soul Vortex » et « The Devil’s Danceschool », et à leur sujet mon jugement sera sans appel : poubelle. Vous lisez ma déception dans ces lignes et je la lis dans vos yeux. Qu’on soit clair : le Rock Progressif a toujours lorgné vers le jazz ; étant la copie conforme de toutes ses idoles, il était évident qu’il en serait de même pour Stolt (et ses compères Jonas et Zoltan qui ne sont pas innocents), mais ce dernier n’a rien d’un jazzman. Ses trois improvisations, notamment la première (qui n’a subi aucune retouche), n’ont ni cohérence ni points d’accroche.

Ma façon d’introduire le disque n’était cependant pas un piège, car l’évolution des FLOWER KINGS ce sent également (et finalement avant tout) dans les titres plus conventionnels. La plupart d’entre eux sont un mélange de vieux et de neufs. Le groove délicieux de « Genie In A Bottle », l’envolée instrumentale de « Black And White » et nombre de séquences du superbe colosse « Devil’s Playground » sont du jamais vu pour le groupe et apportent une bouffée de jeunesse au style des suédois. Même les gentillets « Monkey Buisness » et « Man Overboard » semblent se détacher des titres Popisants de Stardust We Are ou Flower Power.

Les ballades restent cependant tout à fait classiques. Si la sucrée « Vox Humana » et « Solitary Shell » ne marquent pas outre mesure, j’apprécie la complainte solitaire de « The Navigator » et surtout la luxure du saxophone de « Grand Old World », un morceau tout à fait charmant (que Stolt avait hésité à enlever de l’album, heureusement qu’il ne l’a pas fait).

Tomas Bodin signe deux titres qui dénotent du reste du disque : « Rollin’ The Dice » et le très bon « Fast Lane ». Apportant encore de la variété à ce double album, ces compositions sont réellement bienvenues et l’auditeur ne manquera pas d’être séduit par leur feeling plus sombre qu’à l’accoutumée. Daniel Gildenlow chante sur ces deux morceaux, et n’est bien évidemment pas étranger à ce constat. Le grandiose « A Vampire View » n’est plus très loin !

Le morceau « gardien des traditions », pièce maîtresse et vitrine alléchante d’Unfold The Future est bien sûr « The Truth Will Set You Free », qui semble synthétiser en 30 minute l’ensemble de la carrière des FLOWER KINGS depuis l’album du même nom, en y ajoutant quelques éléments propres au disque ici présent. Bien que légèrement trop longue, il faut reconnaître que cette pièce tient remarquablement debout. On y retrouve l’ambiance paillette caractéristique de la musique du quintette, au travers notamment de lignes de chant naïves mais réellement accrocheuses. Instrumentalement, chacun semble donner le meilleur de lui-même, bien que l’on puisse déplorer la discrétion de Stolt en matière de soli. A mon sens, « The Truth Will Set You Free » est un brouillon déjà fort appréciable de l’excellent « Love Supreme » sur l’album suivant.



A une époque pas si lointaine, le diagnostic de cancer était si redouté que son annonce était systématiquement retardée au maximum, jusqu’à ce que l’état du malade soit devenu trop critique pour noyer le poisson. Unfold The Future correspond à ce stade, ce moment où l’optimisme semble avoir complètement décliné. Bien qu’animé d’une réelle envie d’impressionner, l’opus de 2002 pâtit terriblement de la maladie que se traînent les FLOWER KINGS depuis leurs débuts : l’inconsistance n’est pas encore à son apogée mais envoie déjà des métastases dans la grande majorité des titres du double album.

Expliquons le autrement : de The Flower King à Space Revolver, la musique des FLOWER KINGS a comblé les appétits de Progueux désespérés, a bercé, volontiers séduit mais n’a fait naître que peu de frissons. Le statut d’un disque comme Stardust We Are tient plus à son homogénéité en qualité qu’à sa capacité à dresser de poil ou faire frissonner la colonne vertébrale. La faute est là : le Rock Progressif des suédois manque et a toujours manqué de d’âme, de fond. Leur musique est agréable, on trouve de belles mélodies, mais finalement que vous évoque-t-elle ? Vous touche-t-elle ? Y retrouvez-vous le frisson de « The Musical Box », arrive-t-il au temps de se suspendre comme lorsque vous écoutez « Shine On You Crazy Diamond » ? La réponse sera bien souvent non.

Une exception a vu le jour : « Garden Of Dreams », où enfin la musique du groupe se colorait, remuait les tripes, ne rentrait pas par une oreille pour sortir par l’autre. On est ici bien loin de Flower Power, car depuis The Rainmaker et sur quasiment tous les suivants, l’abstraction gagnera du terrain, les couleurs se terniront et les passages à vides se multiplieront. Pour un morceau censé être accrocheur, « Monkey Buisness » est bien peu marquant ; « Black And White » décolle vite, mais pour aller où ? J’ai déjà oublié. « Rollin’ The Dice », « Solitary Shell » et d’autres encore sont loin d’avoir le même impact que « Different People » ou « Painter ». Connaisseurs des FLOWER KINGS, vous vous surprendrez à fredonner les seconds, pas les premiers… Les mélodies se font rares. Même au niveau des soli, il semblerait avec le recul que la plupart des meilleurs de Stolt aient vu le jour avant The Rainmaker. Vous avez compris.

Et Adam & Eve là-dedans ? Un faux espoir de rémission hélas. Mais ne partez pas en courant, l’état d’Unfold The Future vous laissera encore l’occasion de passer de bons moments avec lui. Le coma artificiel sera pour Paradox Hotel. J’évoque ici le meilleur titre du disque : « Silent Inferno », qui ravive une flamme autrefois porteuse d’espoir. Roine Stolt a crée un disque hétérogène sur tous les plans, et ceux qui sont du bon côté de la barrière méritent une oreille attentive ! Mais alors, comment se fait-il que les plus marquants soient les plus longs ? Bonne question, je n’ai pas la réponse…

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- Roine Stolt (chant, guitare)
- Tomas Bodin (claviers)
- Zoltan Csörsz (batterie)
- Hasse Fröberg (chant, guitare)
- Jonas Reingold (basse)


- disque 1
1. The Truth Will Set You Free
2. Monkey Buisness
3. Black And White
4. Christianopel
5. Silent Inferno
6. The Navigator
7. Vox Humana

- disque 2
1. Genie In A Bottle
2. Fast Lane
3. Grand Old World
4. Soul Vortex
5. Rollin' The Dice
6. The Devil's Danceschool
7. Man Overboard
8. Solitary Shell
9. Devil's Playground



             



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