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ROCK  |  STUDIO

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1969 The Stooges
 

- Membre : Iggy Pop
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The STOOGES - Raw Power (1973)
Par PINHEAD le 4 Septembre 2010          Consultée 11273 fois

La scène se déroule dans un grande enseigne de vente de disques dont le nom commence par F, termine par C et contient quatre lettres. Votre humble narrateur, alors âgé de treize ans tout au plus, accompagne son pôpa venu s’acheter un livre.

- Regarde papa le joli panneau !
- Hum… Quatre CD pour vingt euros, c’est intéressant ça ! T’as qu’à en choisir un pour toi, j’en ramènerai aussi un pour ton frère et ta mère.

Sympa le vieux ! Il ne me manque plus qu’à choisir un de ces milliers d’opus qui se dressent devant moi. Je vadrouille nonchalamment, pas vraiment intéressé par les propositions dans les grands bacs. Je viens juste de découvrir le rock, et mes connaissances dans le domaine sont encore très limitées. Peu des groupes présents devant moi m'évoquent quelque chose...

- Tiens regarde, L.A. Woman des DOORS, ça t’intéresse pas ? Me propose mon géniteur d'un air enjoué
- Beurk ! Les DOORS c’est un groupe de tapettes ! Et puis la pochette est moche en plus !

Mais en réalité, quelque chose d’autre avait attiré mon attention. Enthousiaste, je saisis le disque et le regarde de manière attentive. Un grand gaillard maigre, torse nu se dresse perché à son micro sur un fond noir. Ses cheveux qui lui tombent sur les épaules donnent l’impression de ne pas avoir été lavés depuis plusieurs semaines.
Conscient de vivre un moment solennel, je retourne le boitier pour avoir un peu plus d’informations sur ce que je tiens entre les mains. Il est écrit en blanc avec des lettres dégoulinantes : IGGY AND THE STOOGES – RAW POWER.
Quelques autres photos de ce mystérieux chanteur au dos de la pochette me persuadent de porter mon choix sur cet album. J’entends alors une voix qui me ramène à la réalité.

- Qu’est ce que tu as choisi alors ?

C’était mon père, qui tenait dans sa main un CD qui m’était alors inconnu : Harvest de NEIL YOUNG. J’en profite pour étaler devant mon inculte géniteur le peu de savoir que je possède déjà dans le domaine.

- Ca s’appelle IGGY AND THE STOOGES. C’est un groupe assez vieux, et le chanteur est un peu taré.
- Ouais je connais. Ils se sont reformés y’a pas si longtemps que ça…

Merde, Il m’a eu.
Une fois de retour dans mon humble demeure, je cours m’enfermer dans chambre afin de découvrir ce que contient la galette. Je place le cd dans ma vieille radio portable et... le choc ! Je me retrouve nez à nez avec la violence musicale incarnée. Le gratteux balance un riff d’acier, un petit solo d’intro et le chanteur semble maitriser tout cela d’un larynx de maitre ! J’entends discrètement les basses, écrasées derrière la batterie. Les morceaux se succèdent les uns après les autres et votre humble narrateur essuie de monstrueuses claques ! Que ce soit sur l’enragé "Search & Destroy" qui ouvre l’album, ou le venimeux "Gimme Danger" qui fait office de ballade avec ses vocaux sortis des rues sombres où les vieilles se font voler leurs sacs et les jeunes filles se font violer par des sadiques fétichistes de l’urine.
Les guitares ne ressemblent à rien de ce que j’avais entendu, tranchant l’auditeur telles des lames de rasoir. S’enchainent alors morceaux purement hard ("Your Pretty Face Is Going to Hell") aux riffs acérés, défouloirs de haine ("Death Trip") et des moments langoureux qui transpirent le sexe à travers les guitares incroyablement basses et les appels sexys du chanteur en manque.
Blues infernal et démoli ("I Need Somebody") croise hymne à la haine et à la violence (Raw power) dans un fracas supersonique hallucinant.

Je redescends dans le salon où ma mère se delectait de l'album de Marc Lavoine qui lui avait été offert queques minutes auparavant. J'avais de la haine dans les yeux, envie de tout casser, de gueuler contre la société. C'est ce jour là qui avait déterminé mon passage de l'enfance innocente à l'adolescence ingrate.

Le groupe, lui aussi, avait tourné une page de sa carrière. Désormais, THE STOOGES étaient devenus IGGY AND THE STOOGES, et les membres du groupe ne pouvaient mieux porter leur nom (stooges veut dire en français « faire-valoir »). Le chanteur avait sorti une arme secrète : le guitariste James Williamson qui avait donné au groupe une tournure complètement différente, reléguant ainsi le malheureux Ron Asheton à la basse. Après un ultime concert chaotique à Detroit en 1974 le groupe éclate et Iggy Pop entame une carrière solo, soutenu par le guitariste James Willamson avec qui il enregistrera son premier album Kill City.

Le mixage joue aussi un rôle très important dans la violence de l’album. Les bandes mixées par David Bowie en personne sont le canevas de la version vinyle. Guitares et voix au maximum de leur volume martèlent des mélodies si peu mélodieuses en rendant inaudibles la batterie et encore moins les basses.
Remixées en 1997 par Iggy Pop pour une écoute plus audible, c'est cette version là qu'on retrouve le plus souvent dans le commerce avant l'arrivée de la Legacy Edition en avril dernier qui propose en plus de l'album dans son mixage original par David Bowie, un live à Atlanta d'une heure.

De tout cela, on retient un album inégalable et inégalé en termes d’agressivité. Plus brut que tout ce que fera le hard, plus violent que tout ce que fera le punk, Raw Power est à la croisée des genres. Un hybride de haine et de frustration qui n’a toujours pas vieilli d’une ride, et seulement aujourd’hui reconnu comme l’un des albums les plus influents des 70's.

5/5

Coup(s) de coeur: Search and Destroy, Gimme Danger, Penetration

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- Iggy Pop (chant)
- James Williamson (guitares)
- Ron Asheton (basse)
- Scott Asheton (batterie)


1. Search And Destroy
2. Gimme Danger
3. Your Pretty Face Is Goin To Hell
4. Penetration
5. Raw Power
6. I Need Somebody
7. Shake Appeal
8. Death Trip



             



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