Dans la tradition militaire, les chants des écoles de l'armée ont une position particulière. Ils sont chantés par de très jeunes hommes. De futurs officiers qui doivent apprendre leur métier, qui, quoi qu'on en pense, n'est certainement pas le plus facile. C'est donc avec les chants qui vont suivre que ces hommes vont découvrir la cohésion et nourrir leur courage. Ils sont probablement plus "adolescents" que ceux des Para ou de la Légion. On n'est encore que des apprentis soldats, et le ton doit parfois être plus à la rigolade qu'au sacrifice... Mais pas toujours...

L'école de Saint Cyr est sans doute la plus traditionnelle. On retrouve : notamment ici pèle-mêle ses grands classiques : "Les casos", "La gloire", "La galette",ou "Saint-Cyr" l'instrumental au son duquel ils ouvrent le défilé du 14 juillet, "Les fines"... "Le pékin de bahut" qui narre les aventures de trois jeunes mecs qui vivent leur quille... Très drôle ! Mais le grand classique est incontestablement "Heureux ceux qui sont morts", tant d'un point de vue traditionnel que musical. Certes les paroles peuvent choquer, elle sont pourtant tirées des écrits de Charles Peguy, qui crée à l'occasion dans "Eve" certaines de ses plus belles strophes. Dans la naissance de l'esprit de corps, la pensée de la mort est évidemment la plus terrifiante qui soit. Ce chant ne fait pas l'apologie de la mort, mais bien celui du sacrifice pour la patrie "Parmi tout l'appareil des grandes funérailles". Il faut bien pouvoir se donner du cœur au moral, à l'heure de la vérité où l'on risque sa vie pour des causes souvent incompréhensibles. Il faut trouver le courage.

Pour l'Ecole Militaire interarmes, "Le chant de l'EMIA" se positionne comme héritier des fameux "Africains" chers à la tradition de l'armée française, et il est fort dynamique, la conviction y est omniprésente. Il est suivi par la fameuse "Prière" que l'on avant déjà entendu lors des chants des Paras. Le poème d'André Zirnheld est incontestablement un texte qui s'aligne sur le "Si" de Rudyard Kipling, on comprend dès lors l'importance qu'il revêt pour de tous jeunes officiers pour lesquels l'exemplarité est essentielle. Il est aussi dans la tradition de l'EMIA.

Les chants de l'Ecole Navale - La Baille - sont certainement les moins mémorables. "Le testament de la boulin", "Le chant du Borda", "Doudou" ou "Le borda" sont certes sympas à l'écoute mais ils n'atteignent aucunement le sublime que l'on trouve parfois dans les chants des régiments de combat, je pense à "La légion marche" ou "La marche du bataillon de choc". Ainsi un officier de marine est-il souvent vu comme un officier de salon par ses homologues de l'armée de terre... Cela se ressent un peu dans les chants.

Les chants des écoles sont donc parfois plus "enfantins" ou plus tournés vers la religion comme sur "La lettre d'Edith". Pour ceux qui sont passés par là, ils sont évidemment les plus beaux. Je retiens pour ma part le magnifique "Heureux ceux qui sont morts" qui rappellera plus l'ambiance d'un "Te deum", une vraie merveille. Pour le reste, je vous laisse juges, mais cette part de tradition est à nouveau fort respectable.