En préambule, un petit mot d'excuse de votre chroniqueur dont la culture gé sur les chasseurs alpins est de l'ordre du néant. Mais le dernier tome des chants des armées leur est dévolu. Dont acte. Alors bien sûr, ce chapitre sera fort différent de ceux des autres armes. Chez les chasseurs, on ne défile pas lentement, comme dans la légion... Bah non, on marche dans la neige, on se les gèle alors on court, les cors fusent de partout comme dans une partie de chasse, ça urge ! Et puis parfois, il est dangereux de chanter, soit on risque une avalanche, soit les défilés montagneux répercutent trop loin et trahissent la position, alors tout ceci est bien particulier. Let's go !

Il s'agit donc souvent de musique instrumentale - que les chasseurs appellent "fanfare" - et non de chant, On ne joue pas, on sonne. La situation de nos chasseurs les empêche parfois d'exalter leur sentiment aventureux car il fait bien froid là-haut, et cela devient tout bonnement impossible. Voyez donc la "Marche de la 72e brigade" où on se rue vers les baraquements pour se réchauffer. On à même l'impression que les clairons veulent devancer les soldats dans l'OS. C'est un peu la^même analyse pour "Les échos du Schimberg" dont la gaieté ne vous échappera pas.

Et plein de fanfare de défilés : le "Bleu cerise" - Qui signifie rouge en jargon chasseur - rapide et entraînant comme pour une veille de week-end, ou comme comme dans "Le tram", autant d'airs que nous sommes habitués à entendre lors des défilés du 14 juillet. Vu son nom : "L'Hartmnillerskopf" revêt une tradition plus germanique, à nouveau dans l'élan dynamique du défilé. Nous avons même du cor solo comme dans les appels quotidiens du volume des appelés, ici le "Refrain des bataillons".

Mais il y a aussi et surtout quelques jolis chants traditionnels. Ainsi "Bataillons bleus" stigmatise le courage des porteurs de Tarte - le grand béret qu'ils portent traditionnellement, ancêtre des couvre-chefs de toute l'armée française, certes rapide mais dont les paroles sont belles et honorables. L'analyse est la même sur le joli "Chant des glières". Et comme ils le chantent au garde à vous dans "La protestation", ils "courent au feu", c'est le cas de le dire, dans ce réquisitoire pour garder intact leur corps d'armée.

"Le chasseur de Vincennes" chanté dans un superbe canon, narre la vie d'un chasseur lambda, dans toute sa superbe. Une des belles réussites de cet opus. Nous avons aussi le joli "Les allobroges" et le superbe "O saint hubert". "Le chasseur de chamois" sonne sensible et plus lent, comme un chant sous la voûte étoilée dans des paysages hallucinants. on y entend même évoquer une avalanche, la perte, "la montagne est perfide". Le chant probablement le plus symbolique des difficultés rencontrées par cette arme d'élite. Je vous engage aussi vivement à écouter "La montagne", un hymne pas moins.

Ce n'est donc pas le volume des chants d'armées que je conseille pour débuter. Il manque certainement des classiques pour marquer les esprits. Il est probablement le plus fermé, le moins romantique des 6. Mais il s'agit d'un élément culturel évident à découvrir et à approfondir d'autant que certains titres comme "Le chasseur de chamois" attirent l'attention.