"La grandeur de la France s’est faite dans le sang et le fracas des batailles", il faut garder cette maxime en tête à l’écoute de ce recueil de chant. On peut être totalement antimilitariste, abhorrer la guerre mais comprendre les idées qui sous-tendent la notion de défense de la patrie. Le tome 1 des chants des armées françaises est probablement celui qui me tient le plus à cœur, il traite des corps d’élite de l’armée : les parachutistes et les commandos, ceux qui ceignent les béret verts ou rouges. Devant les faits héroïques dont regorge l’histoire des hauts faits d’armes, il est naturel de se sentir ému. Cela est d’autant plus vrai lorsque les chants reflètent à la perfection cet état d’esprit.

Alors c’est un chant classique magnifique qui débute ce nouvel opus : en effet, "La marche du bataillon de choc" reflète à merveille la réalité des vies des commandos, la corde raide et le fil du rasoir sur lesquels ces hommes ont choisi de servir la nation. Une vie faîte d’aventures, de dangers, de souffrance souvent de sacrifice toujours, telles sont les mémoires du 11eme choc, des SAS ou du Commando Hubert. Un autre super classique est "La prière du parachutiste", véritable profession de foi écrite par le para SAS André Zirnheld, compagnon de la libération mort au combat à 29 ans lors de la campagne de Libye, il avait dans sa poche ce texte qui est devenu un des chants sacrés des unités de choc. Et pour cause, les paroles sont d’un autre temps, voire d’un autre monde, il était au dessus de mon lit lorsque j’étais ado à coté de "If" de Rudyard KIPLING. Entendre une compagnie de para entamer ce chant donnerait des frissons au plus antimilitariste des hommes. Oui, certaines choses sont parfois inexplicables. Nous retrouvons aussi "La cavalcade", qui se nommait "J’avais un camarade" à la légion. Au sein des sticks de commandos composés de quelques hommes, l’amitié est un élément essentiel, cette ode en est la preuve.

Tout le monde va reconnaître "La marche de la compagnie portée" et son sifflotement tout droit sorti du Pont de la rivière Kwaï, le résultat est tout à fait à la hauteur. "La marche du 1er commando de France"  exalte les habituelles valeurs prônées par les unités d’élite de l’armée française. On y parle de femmes, on peut y parler d’alcool , on y parle de sang dans un sentiment sacrificiel ultime. "Dans la brume la rocaille"  est dans la totale continuité, mais le chant est encore plus beau, damned on y condamne ceux qui ont les cheveux longs !! Ah bah tant pis ils risquent leur vie, ils peuvent bien dire ce qu’ils veulent tant que la moquerie est légère. "Loin de chez nous" reprend les thèmes coloniaux, stigmatise l’éloignement de la famille et de l’être aimé pour des notions telle que la gloire de la patrie… Aujourd'hui, l’idée n’est plus la même, mais ce sont les idées qui motivaient les troupes à l’époque. Rappelons à cette occasion que les bérets verts paras du 1er REP - ceux qui sont évoqués dans "en passant par la portière" non pas celle de la voiture - du Commandant de St Marc refuseront en 62 lors du Putsch de distribuer les armes aux civils, empêchant une guerre civile atroce. Ils assumeront leurs actes comme il se doit, mais on quitte le domaine de la musique. "Être et durer" ou le cri d’ordre des paras, leur devise. "Sous les pins de la BA" ou l’alerte, le quotidien n’est pour eux fait que de danger et de mort. On y retrouve des marches scandées par le tambour comme la magnifique "Ceux du Liban", pays ou tombèrent de nombreux soldats, où "Les hussards de Bercheny" très vieux chant Napoléonien, ou l’ambiance est certaine, on pense à la vieille garde, il y a pire comme image d’Épinal

Bref il n’y a dans cet opus que du bon, voire du classique. C’est d’ailleurs le plus recommandable parmi les chants dévolues à la tradition de l’armée française. Comme à l’accoutumée, je recommande une ouverture d’esprit large pour se faire, mais nul doute que la majorité des lecteurs sont susceptibles de faire le distinguo entre les chants de l’armée, qui oscillent entre la tradition et le thème du sacrifice, et la guerre elle-même indéfendable et hélas omniprésente dans notre monde.