La légende MOOB DEEP est lancée. Si le premier album Juvenile Hell avait été un échec commercial, le second album The Infamous a largement rattrapé la mise avec les bombes « Survival of The Fittest » et « Shook Ones pt2 » qui ont révolutionné le monde du rap et que l'on considère aujourd'hui comme deux des plus grands classiques du rap. C'est donc le cœur léger, dans le but de confirmer leur notoriété, qu'ils arrivent avec Hell On Earth.

Le titre de l'album est très sombre et négatif, et on va vite se rendre compte que ce sera à l'image du contenu. Rien de tel que le premier titre sur les albums pour se faire une idée de la physionomie globale de celui ci. Ici « Animal Instinct » nous montre que le groupe ne veut pas se défaire des raisons de leur réussite sur The Infamous, ils reprennent une recette qui fonctionne avec des beats très sombres et épurés, des paroles crûes et assez dures. Pour ce qui est des rappeurs, on retrouve également la même formule que sur les albums précédents : un HAVOC au flow perçant qui grince dans nos oreilles et dans lequel raisonne les problèmes de la société, et un PRODIGY au flow plus calme et posé. La combinaison des deux fait la magie de MOBB DEEP.

Le premier single « Drop a Gem on 'em » est à mon avis l'un des titres les plus transparents quand on regarde la globalité de l'album. À contrario, la bombe « Bloodsport » qui suit est sans conteste un moment fort de l'album qui repose sur un beat riche qui fait la patte du groupe.
Le groupe se paye même des invités de luxe. On trouve entre autres METHOD MAN, élément majeur du mouvement rap us, sur « Extortion » qui prend une tout autre forme avec le flow de l'invité si unique. Et on se permet aussi d'inviter NAS sur l'énorme « Give It Up Fast » dans lequel NAS rappe en entrée de jeu et nous offre une prestation tout simplement énorme.
Le reste des morceaux est un poil redondant et trop calibré, le seul thème – ou presque – qui est abordé est la merde dans la société, combien il est difficile de d'en sortir, de voir des mecs mourir à côté de soi. Là où MOBB DEEP tire sont éplingle du jeu, c'est donc dans des instrus diversifiées et profondément touchantes, des refrains accrocheurs comme ils savent les faire et des paroles qui touchent droit au cœur les plus sensibles de nous.

Si l'album marque par sa régularité et sa conformité, la plus grosse claque reviendra probablement au titre éponyme « Hell On Earth (Front Lines) » complètement gigantesque. Vous ne rêvez pas, ils nous ont bel et bien pondu un autre classique à la « Shook Ones » qui restera à tout jamais gravé dans les mémoires du hip hop old school. Une instru parfaite, un refrain entêtant au possible qui marque les esprits et des paroles profondes. On retrouve ici toute la magie de MOBB DEEP qui sait étonner et foutre des claques en quelques morceaux.

Sur l'ensemble, il est indéniable que Hell on Earth est un poil en dessous de son grand frère The Infamous. Mais en dessous du génie, ça donne quoi ? Un album qui frôle la perfection, sans aucune fausse note ni faux pas. Il n'est d'ailleurs pas rare que ce Hell On Earth soit considéré par certains fans du groupe comme leur meilleur album. Devoir de chroniqueur : relativisons et disons qu'avec cet album MOBB DEEP signe ni plus ni moins un deuxième classique. Un nouvel album qui marquera à jamais l'histoire du hip hop.