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ROCK PSYCHÉDÉLIQUE  |  STUDIO

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- Style : The Jimi Hendrix Experience , Jimi Hendrix , Taste, Rory Gallagher , Dust, Les Variations, Led Zeppelin, The Yardbirds
- Membre : The Baker Gurvitz Army , Hawkwind, Blind Faith, Eric Clapton

CREAM - Disraeli Gears (1967)
Par PINHEAD le 2 Mai 2011          Consultée 15961 fois

Envolé tout droit du poulailler des YARDBIRDS en laissant le leadership du groupe à un certain Jeff BECK, Eric CLAPTON est alors "SGF" : Sans Groupe Fixe. Son expérience le temps d'un album chez les BLUESBRAKERS de John MAYALL aura au moins permis de confirmer qu'en plus d'être un formidable guitariste, le jeune Eric CLAPTON possède un certain talent pour le blues qu'il cisèle à la perfection grâce à sa grande maîtrise technique. La renommée du guitariste va même jusqu'à lui attribuer un modeste surnom qu'on retrouve tagué un peu partout dans Londres en ces temps de British Blues Boom: "Clapton Is God".

Il semble donc naturel pour le nouveau virtuose de côtoyer les plus grand musiciens. CLAPTON se retrouve alors à jammer avec des artistes de plus en plus connus, et c'est sans surprise qu'il fonde avec deux d'entre eux CREAM : un groupe au nom évocateur qui rassemble la "crème" des musiciens londoniens. Le premier supergroupe est né. Dictionnaire?

Supergroupe: (1) Du latin Supergroupus, se veut d'une formation musicale, la plupart du temps éphémère, dont tous les membres ont déjà auparavant joui d'une certaine notoriété en solo, où en compagnie d'un autre groupe.
(2) Groupe, qui comme son nom l'indique, est super.

Focalisons nous donc sur la première définition avant de déterminer si la deuxième peut bien s'appliquer à CREAM. Si le guitariste n'est plus à présenter, je me permets d'introduire le bassiste et chanteur Jack BRUCE à la voix ample et élégante, et surtout au jeu de basse très technique. Derrière les futs se tient le rouquin Ginger BAKER, grand nom du jazz également reconnu pour son jeu complexe. Ces deux derniers larrons avaient brillamment fait leurs preuves chez BLUES INCORPORATED et n'attendaient qu'un succès commercial que seul CREAM pouvait offrir. Si le premier album Fresh Cream (1966) avait modestement effleuré les charts, il n'en va pas de même pour ce Disreali Gears qui marque un grand succès commercial pour le groupe.

Ce succès commercial est marqué tout d’abord par l'imparable single dont le riff à la limite du heavy résonne encore: "Sunshine Of Your Love" est un tube tout ce qu'il y a de plus conventionnel: un riff basique, des couplets linéaires, des refrains simples, un solo de guitare... Mais quel solo! Direct et efficace, sans fioriture. Peut-être le seul morceau culte que CREAM a laissé sur la surface de la Terre en guise d'héritage. CLAPTON, d'une facilité insolente, confirme son statut de premier guitar-hero anglais (attention cependant, Jeff BECK et Jimmy PAGE se profilent à l’horizon). En trouvant toujours l'espace pour caler ses petites envolées individuelles (comme sur l'excellent "Strange Brew", où on remarque par ailleurs une fantastique ligne de basse de la part de Jack BRUCE), le guitariste s'offre la part belle dans ce power-trio toutefois assez équilibré. Ce dernier a d'ailleurs recours sur la totalité des morceaux à la pédale wah-wah, non sans rappeler un autre guitariste outre atlantique, également en pleine expansion (je ne vous fais pas l'affront d'écrire son nom, je sais que vous l'avez deviné!). C'est grâce à cet ajout que le blues de CREAM se fait davantage psychédélique et sort quelque peu du lot de l'époque. Ce virage se ressent énormément sur le très bon "Tales Of Brave Ulysses" où CLAPTON use et abuse de sa pédale pour notre plus grand plaisir.

Une pépite des 60's? C'était sans compter le poids du temps. Sa pochette typée de l'époque vous le confirmera: Disraeli Gears a très mal vieilli. Sûrement la faute à ces ambiances psychés totalement feutrées et envahissantes. Très flagrante sur "World Of Pain", cette maladresse sonore met en avant le vide qui transparaît parfois sur les compositions du groupe. Le morceau juste cité se montre complètement incohérent, sans harmonie entre ses refrains et ses couplets, et ce n'est pas la guitare qui viendra tout rattraper cette fois. Pour citer les titres les plus douteux, "We're Going Wrong" s'avère assez fade, la voix dissonante de BRUCE sur le Blues déstructuré "World Of Pain" me donne des boutons, et "Dance The Night Away" est carrément innommable. Dommage que des titres aussi mauvais viennent pourrir cette galette pourtant amorcée sous de très bon auspices. J'en veux pour preuve le surprenant et néanmoins entêtant "Swalbr" qui se veut un tantinet agressif, où alors l'authentique blues antimilitariste "Take It Back" à l'harmonica qui fait enfin son apparition.

En soi un album assez inégal, Disraeli Gears montre qu'un groupe excellent sur le papier n'est pas forcément synonyme de chef-d’œuvre. Certes nous avons affaire à trois virtuoses, certes les lignes de basse et les soli de guitare sont d'une rare technicité, certes la batterie millimétrée exploite le maximum de ses possibilités... Mais la faiblesse de certaines compositions indique clairement qu'un bon technicien n'est pas nécessairement un bon compositeur. Histoire de s'enfoncer encore plus, le supergroupe clôture ce très court album par une espèce de comptine ignoble et hors-contexte. Un plaisanterie assez indigeste du nom de "Mother's Lament".
En fin de compte, même si cette crème est très lourde, on reste quand même sur sa faim.

3/5

Coup(s) de cœur: "Strange Brew", "Swalbr"

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- Ginger Baker (batterie, percussions)
- Jack Bruce (basse, chant, harmonica)
- Eric Clapton (guitares, chant)
- Felix Pappalardi (basse)
- Pete Brown (auteur)


1. Strange Brew
2. Sunshine Of Your Love
3. World Of Pain
4. Dance The Night Away
5. Blue Condition
6. Tales Of Brave Ulysses
7. Swlabr
8. We’re Going Wrong
9. Outside Woman Blues
10. Take It Back
11. Mother’s Lament



             



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