Après deux albums d'exception de la part des B-52's, à quoi pouvait-t-on s'attendre de ces derniers ? Un troisième album tout aussi bon, pardi ! Le quintette a réussi à montrer que bonne musique rime avec lui, et ne semble pas prêt d'arrêter dans cette voie. On ne peut que s'en réjouir... et constater par la même occasion que le groupe freine cependant son avancée après Wild Planet (1980). Pas de nouvel opus qui sort en 1981, seul un inutile EP de remixes (Party Mix) venant faire patienter les fans sort cette année-là. D'un autre côté, les B-52's tournent souvent et intensément, ce qui peut expliquer en partie leur absence en studio.

Mais ils finissent par revenir fin 1981, afin de donner un nouvel item pour la discographie. Les B-52's ne font pas les choses à moitié, puisqu'ils invitent un vieil ami à les produire. L'intérêt monte d'un cran quand on apprend qu'il s'agit de David Byrne. Le centre névralgique des Talking Heads accepte d'aider ses compères avec qui il a tourné quelques années plus tôt. L'enregistrement a lieu, mais il ne parvient pas à terme. En cause, des conflits artistiques entre les B-52's et Byrne, qui finit par les quitter. Le troisième album du groupe est donc avorté... ou du moins à moitié seulement. Car en effet, en janvier 1982, un nouveau disque estampillé The B-52's sort dans les bacs : l'EP Mesopotamia. Le quintette a tout de même réussi à enregistrer une bonne demi-heure de musique qu'il décide de publier quand même.

Alors, que donne cette réalisation à demi-effectuée ? En un mot : décevante. Ne voulant certainement pas stagner, les B-52's ont voulu changer de direction artistique, ce qui est tout à leur honneur tant qu'ils ne se plantent pas en chemin. Sur Mesopotamia, cela se traduit entre autres par plus de place accordée aux synthétiseurs et, David Byrne oblige, des cuivres. Les amateurs de post-punk risquent quand même d'être un peu déçus, et les plus ouverts d'entre eux ont le droit de se montrer sceptiques. Les B-52's restent les B-52's, avec leur énergie et leur gouaille, mais cette fois elles se ressentent moins. Certains morceaux se laissent écouter avec un certain intérêt au lieu d'une furieuse envie de taper du pied (au moins), mais sans plus. "Loveland" en est un exemple parlant, avec en plus une longueur excessive et un chant caricatural.

Mesopotamia n'est pas facile à défendre, mais n'est pas à jeter non plus. Ainsi, "Cake" remporte le prix du meilleur morceau de l'EP, avec des cuivres inventifs au refrain et un rythme qui marche. Dans l'absolu, il aurait toutefois gagné à perdre en longueur également. Et puis, pour un EP résultant de sessions prématurément finies, la production est vraiment remarquable, Byrne a effectué un solide travail. Ce n'est toutefois pas suffisant pour élever plus haut ce qu'on peut clairement appeler un album de transition, qui verra les B-52's continuer à avancer vers une new-wave de plus en plus kitsch, dans le mauvais sens du terme.