Modestes grattes-papier que nous sommes, nous rencontrons parfois quelques difficultés à trouver l'accroche adéquate, la formule la plus juste pour décrire un album. Un écueil fâcheux, d'autant plus lorsque l'album en question semble couler de source, sa gestation avoir fait l'objet d'une logique et d'une fluidité qui force l'admiration. Pourquoi se torturer la plume et l'esprit des heures durant, gratter des pages et se sentir responsable de la moitié de la déforestation de l'Amazonie, alors que les HAPPY OL' McWEASEL nous donnent l'impression d'avoir accouché de leur deuxième album avec une facilité déconcertante ? Preuve supplémentaire de l'amour inconditionnel qu'ils portent à leur art, les Slovènes distribuent gratuitement cette nouvelle offrande et proposent simplement aux âmes conquises que nous sommes de leurs laisser quelques euros en pourboire afin de leur permettre d'épancher leur soif de boissons houblonnées.

Pour autant, les Slovènes sont des bosseurs, qui proposent avec Heard Ya Say ! une œuvre aboutie et inspirée. Deux années passées à sillonner tout ce que l'Europe compte en festival punk et celtique ont permis au sextet de gagner une expérience qu'il met à profit sur cette nouvelle collection de morceaux. La nouvelle vague punk celtique, qui semble de plus en plus capable de détrôner une arrière-garde un poil dilettante se voit parfaitement incarnée par cet album qui mêle tradition et modernité dans un maelström d'ambiances furieuses ou délicates.

L'esprit punk reste toujours présent, même s'il ne constitue pas l'essence profonde de cet album. Les titres qui se font les plus légers et fédérateurs (« Badger and the Coon » et son accordéon virevoltant, « Join the Crew » porté par ses choeurs imposantes) sont aussi ceux qui se font le plus proches de l'univers des « patrons » Dropkick Murphys, et sont au final ceux qui se font le moins séduisants. Car pour le reste, les HOL évoluent dans des eaux entre rock et folk, proches de ceux que proposent d'autres jeunes pousses accomplies telles que les Paddy and The Rats ou les Stanfields. La maturité du groupe s'entend tout particulièrement sur ce sublime titre qu'est « On your own », qui voit les Slovènes proposer un mid-tempo moderne et très mélodique, qui frappe juste et fort. Grosses guitares, mandoline et accordéon se mêlent au service d'une ligne vocale enivrante, que l'on se surprend à reprendre très rapidement. Tout y est !

Il est vrai que, lorsque la guitare acoustique prend le pas sur la distorsion ou fait jeu égale avec elle, la musique de HOL se fait particulièrement savoureuse. « Not true », fausse ballade plombée, est sublime de maîtrise, tout comme la (vraie cette fois) ballade folk « Left behind » qui, si le contexte est favorable au groupe, pourrait devenir un emblème de ce folk celtisant « nouvelle génération » qui foisonne aux quatre coins de l'Europe et d'ailleurs. Si la fin de l'album peut sembler plus calme, le rageur « World to See » qui clôture l'album vous rappellera le Offspring des débuts, avant que les Américains n'édulcorent leur punk.

Bref, tout est-là. Album important dans la carrière des HOL, Heard Ya Say ! voit le groupe à une étape-charnière : les Slovènes vont-ils conserver leur facette punk, certes énergique mais finalement peu originale, ou continuer d'infuser sa musique et la brasser d'influences folk qui, mêlées aux guitares imposantes, offre une formule originale portée par des compositions très inspirées ? Si l'avenir nous le dira, c'est bien maintenant qu'il faut profiter de cet album très réussi, qui ne saurait décevoir les amateurs du genre et les autres.

Ecoutez « On Your Own » : http://www.youtube.com/watch?v=rid-lxeQAkg

Téléchargez l'album : http://www.happyolmcweasel.com/en/