Vous allez certainement vous esclaffer à vous en taper le cul par terre et renverser votre Guinness, mais figurez-vous que, dans le lot très fourni des chroniques de groupes punk-rock celtique dont FP (ou plutôt votre serviteur) vous parle régulièrement, il n'y avait pas encore eu un seul groupe slovène ! Ah ! Ah ! Ah ! On se marre non ? En tout cas, si vous êtes d'humeur plutôt taciturne ou dépressive, vous pouvez d'ores et déjà stopper la lecture de cette chronique. Car en Slovénie, on sait manier le violon, l'accordéon et le banjo, et surtout susciter une bonne humeur et un bonheur des plus hédonistes.

HAPPY OL' McWEASEL, que nous abrégerons en HOW, puisque cela colle bien avec l'ambiance générale, nous arrive donc du pays d'adoption de la sprinteuse Merlene Ottey (et paf ! On continue dans la franche rigolade). Auteur de deux singles en 2009 et 2010, le groupe prend finalement le taureau par les cornes pour proposer cette année son premier album studio. Un album naturellement affilié aux ténors du genre, Flogging Molly, Dropkick Murphys ou Fiddler's Green, mais qui frappe suffisamment fort pour laisser espérer un avenir des plus radieux pour un groupe porteur d'une énergie débridée et communicative.

En 10 titres et un peu plus de 35 minutes, HOW fait preuve d'une maîtrise exceptionnelle d'un genre très exigeant malgré son apparente simplicité. Composé de six titres originaux et de quatre reprises de titres traditionnels, No Offence s'évertue à poser des bases électriques et mordantes sur lesquelles viennent se greffer banjo, violon et accordéon, pour une mixture des plus savoureuses. Tant et si bien que l'on peine à comprendre pourquoi le groupe s'est entêté à proposer quatre relectures de traditionnels jusqu'à la corde. Pourtant formidablement interprétés, « Irish rover », « Drunken sailor » « Foggy dew » et « Danny Boy » peinent à apporter une réelle plus-value à l'album. Très souvent repris ces dernières années, ces morceaux laissent l'impression amère qu'ils « volent » la place qu'auraient pu occuper d'autres compositions originales, tant ces dernières s'avèrent convaincantes.

Malgré son jeune âge, HOW bénéficie d'un savoir-faire enviable, et rivalise grâce à quelques morceaux seulement avec les ténors du genre. « No offence », avec sa rythmique punk et ses lignes de banjo dansantes, vient vite prouver que le groupe ne brasse pas que du vent et du houblon, mais est doté d'un véritable sens de la composition. Chant hargneux, chœurs virils, refrain entraînant et tempo rapide caractérisent ce titre à même de rendre jaloux l'ensemble des groupes cités plus haut.

Sans fausse note, le groupe déroule ensuite sa partition, assénant un « Sail away » plus rock que punk, un « Hairy grizzly » dantesque, un « Murphy's law » aux choeurs surgonflés ou un « Better times » valant bien une boîte de Prozac. Les sept membres du groupe se démènent comme des forcenés pour proposer une musique misant plus sur sa richesse intrinsèque que sur une véritable originalité.

Sans prévenir, la Slovénie nous apporte donc un jeune groupe talentueux dont le premier album risque de se placer dans le top 5 des sorties de l'année en matière de punk-rock celtique. Eut-il fait preuve de plus d'audace, en laissant de côté ces traditionnels usés jusqu'à la moelle, il est certain qu'il se serait hissé sans grande concurrence au sommet des classements. Un jeune groupe à découvrir et à soutenir !