Tel un métronome, le duo rennais de NIAGARA livre ici sa troisième livraison, à raison d'une tous les deux ans. Pour la première fois, la totalité des titres ici proposée est cosignée par Muriel et Daniel. Le premier album avait positionné la musique du groupe sur des données plutôt pop, quelques aspects rock avec une guitare parfois bien agressive, des claviers très mélodiques, souvent inspirés du travail de Manzarek des DOORS et de Greenfield des STRANGLERS. Cela dit, nous sommes très loin d'un groupe alternatif, c'est tout juste si quelques aspects synth de new wave sont présents. Ce qui est bien présent en revanche, c'est une politique marketing de l'espace, avec une utilisation maximale de la torride sex symbol Muriel Moreno, dans tous les sens, sous toutes les formes... Ouais il faut dire qu'à la place de Daniel, tout homme sain d'esprit aurait agit de la même manière.

Du coup, ce troisième opus contient les deux titres les plus classiques du répertoire de NIAGARA. Le premier à sortir est l'inoxydable « J'ai vu ». Attention, c'est majeur et immortel les mecs, qui n'a pas vu Muriel se trémousser telle une diablesse dans ses petites tenues SM ne connaît encore rien des femmes ! Le riff de gratte est dément, la rouquine déploie une énergie très sexuelle pour faire de ce titre un des grands classiques du rock français. Ouais, ouais, certes, Daniel fait semblant de jouer de la guitare, mais peu importe, le résultat est inespéré ! Quelques mois plus tard, c'est au tour de « Pendant que les champs brûlent », assorti de sa vidéo magnifique, dans laquelle Muriel tient tous les rôles de séductrices possibles et imaginables, en diablesse, en princesse, dans la boue, sa chevelure rouge se fond dans les décors ciel et végétal choisis par Daniel avec beaucoup de talent. La chanson, et notamment son refrain sont du tonnerre, c'est un deuxième classique !

Pourtant, les deux singles suivants, malgré des vidéos toujours très réussies et racoleuses, ne sont pas du même niveau. « Psychotrope » ne laissera que peu de souvenirs aux amateurs de musique de 1990, et à peine plus pour « La vie est peut-être belle », assortie à nouveau d'une vidéo très réussie. Alors, certes il y a du riff à foison, comme sur « Le ciel s'est déchiré », mais la compo ne mène pas à bon port. Quand à « Chien rouge », c'est carrément du hard rock, avec des grattes super agressives et une Mumu toute énervée, c'est tout juste si les cuivres sonnent, Daniel y disparaît sous des tonnes de métal en fusion. « Chemin de croix » propose peu après une guitare très blues, tout ceci est bien pêchu ! D'ailleurs le meilleur titre du lot est incontestablement « Pardon à mes ennemis » et son sublime riff de guitare bluesy. On se croirait ensuite avec AC/DC sur « Ma vie est un serpent au cœur froid », super sympa. Enfin, « L'âme des vandales » avec une gratte funky et un rythme groovy, outre des paroles super rigolotes, est un cocktail très judicieux.

En conclusion, le meilleur opus de NIAGARA. Les deux classiques, une bonne dose de rock, les arrangements pop de Daniel, la présence de Muriel. Une recette efficace. Aucun groupe en France n'a su reproduire cette performance en tous cas. Un 3,5 arrondi à la note supérieure.