Un tous les deux ans... On ne change pas une méthode qui marche. Voilà donc 2 ans après Religion, le quatrième et dernier album du duo rennais de NIAGARA. Pour le moment, toutefois, on n'en sait rien. Le précédent opus avait provoqué un vrai raz-de-marée suite à ses vidéos super bien foutues – ouais, comme la diablesse rouquine qui se trémousse dessus. Bien sûr, le temps passant, on se doute aussi que la brillante Muriel en a ras la touffe d'être prise pour une bimbo pastichée de Barbarella... Pourtant, le serre-tête de l'album présent évoque Wonder Woman. Le duo, malgré des relations plus chaotiques, joue encore la carte de la cohésion à l'attaque des années 90.

Trois singles vont être extraits de cette quatrième livraison. Nous sommes en 92, le grunge triomphe sur toutes les grandes chaînes musicales à la télé, on entend NIRVANA en boucle, la mode est clairement à une certaine agressivité primaire. Du coup, nous voici confrontés à leur album le plus violent. C'est pourtant avec « La Fin des étoiles », un titre presque ambient, que les hostilités démarrent. Le piano est calme, Muriel embraye dans une certaine douceur, c'est du NIAGARA dans le texte, mais on pourra toutefois déplorer un manque de mélodicité dans le refrain. Dommage, mais la vidéo est belle, comme toujours, Muriel y est sublime. Le suivant est « Un Million d'années », un pop rock d'obédience Lenny KRAVITZ... Parole, on se croirait en 73, entre un hammond léger, une gratte grésillante et des cuivres gras, on a même un solo d'orgue à la Stevie WONDER en plein milieu. Sympa certes, mais pas transcendant. Le dernier est signé de Daniel exclusivement, s'intitule « Le Minotaure »... Je ne sais pas qui l'a gardé en mémoire, mais ce n'est pas mon cas, un très mauvais choix de single, même si la vidéo surréaliste est réussie.

Pour l'instant, on en garde sous la pédale. Voyons donc ce que donnent les titres plus méchants. Il y en a une bonne tripotée, à commencer par celui qui introduit le skeud. « Je suis de retour » présente de nombreuses similarités avec son grand frère « J'ai vu », guitare et chant sont bâtis sur le même modèle, c'est bon, avec l'effet de surprise en moins. « Le prochain paiera pour les autres » – sympa ! – sonne presque comme du LED ZEPPELIN au niveau de la guitare, mais la voix de Mumu, toute agressive qu'elle soit, permet cependant au morceau de rester radio friendly. « De la victoire », sa basse bourdonnante, sa guitare hard... Tout ça oui, mais un certain manque de mélodie aussi. Enfin, sur « Aux Sœurs blessées », Muriel est carrément irritée, ça se sent... On approche de la rupture, dans une certaine qualité certes, mais il n'empêche.

D'ailleurs, c’est la même impression qui domine en écoutant « Plus belle qu'une femme », beaucoup plus pop, mais il semble clair que Muriel est toute énervée... A-t-elle l'impression d'avoir vendu son âme, ainsi qu'elle le chante ? Je garde en mémoire la jolie « Je n'oublierai jamais », qui conjugue les éléments les plus chouettes de la musique de NIAGARA au fil du temps : le chant éthéré de Muriel, les arrangements superbes de Daniel, qui peut compter à cette occasion sur un véritable orchestre. Le sommet de l'album. On signalera aussi le smooth de « Ma Dernière Pensée » et les aspects folky des « Sapins », qui clôturent la carrière du duo.

Miné par des rapports de plus en plus compliqués à gérer, le duo décide de mettre un point final à sa carrière peu après la sortie de ce quatrième album. Quatre opus qui leur permettent de truster les places enviables d'icônes du rock français avec quelques autres groupes. Ce n'est pas rien.
La mémoire collective reconnaît de nombreux titres dans leur répertoire, en très peu de temps, ils ont réussi à marquer l'histoire de la musique.

Bravo à eux ! Bisous Mu !