People Like Us est un argument de poids en faveur de la lecture attentive d'un contrat. En effet, ce disque dénote une vraie arnaque envers quatre anciens camarades. En 1971, cela fait déjà 3 ans que les Mamas & the Papas se sont séparés, ou plutôt déchirés. Le succès, déclinant mais persistant, n'y aura rien fait, il était impossible pour les chanteurs de continuer l'aventure. Chacun a fait son chemin en solo, y compris les époux Phillips qui ont fini par divorcer en 1970. D'ailleurs, c'est Cass Eliott qui s'en sort le mieux, avec déjà deux albums au compteur et un succès relatif.

Oui mais voilà, dans les locaux de Dunhill, absorbée par ABC Records, voilà qu'un bonhomme découvre que les Mamas & the Papas devaient encore un album studio à leur maison de disques. Une aubaine, du point de vue des dirigeants qui vont forcer le groupe à se reformer. Les ex-compères se voient ainsi obligés, le couteau sous la gorge, de se retrouver en studio, sous peine de poursuites judiciaires. Michelle Philipps dira d'ailleurs que l'album sonne véritablement comme celui de quatre personnes qui voulaient en finir le plus vite possible, ou plutôt trois et demi, Cass Eliott ayant été en retrait pour cause de soucis personnels. Cela donne déjà un avant-goût de ce qui attend l'auditeur.

Ô surprise, People Like Us n'est pas bon. Mais alors pas du tout. Les Mamas and the Papas ne sont plus qu'une illusion, une filouterie banale et bancale, sans aucune saveur. Déjà, il faut oublier la folk pop de l'âge d'or. Ici, c'est de la pop US pure et dure qui débarque, voire une sorte de soft rock périmé avant même d'être gravé sur vinyle. Les temps changent, certes, mais l'idéal c'est quand ils changent méliorativement. Ce n'est pas le cas ici. People Like Us n'est qu'un tas de chansons presque toutes plus laides les unes que les autres. À l'indigence du morceau-titre (et ses choeurs sirupeux) s'enchaînent le ridicule "European Blueboy", l'inutile "Lady Genevieve" (dédié à la nouvelle femme de John Philipps), et bien d'autres encore... De ce marasme ambiant, tout ce qui peut être sauvé, c'est "Pearl", chanson-hommage à Janis Joplin, et qui renvoie aux heures de gloires des Mamas & Papas sur le plan musical stricto sensu. C'est très maigre, trop même pour espérer sauver l'album entier.

Aussitôt enregistré, aussitôt oublié : sans doute soulagés d'en avoir fini avec leur contrat commun, les quatre chanteurs s'en vont de nouveau chacun de leur côté continuer leur carrière. Voilà donc le point final de l'un des plus grands groupes de pop des années 60, qui sera resté dans la postérité grâce à un tube intemporel, sans compter quatre albums globalement exceptionnels – mais pas le cinquième, un homme doit quand même avoir un minimum de respect niveau goût.